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Blog-Notes Robert Grossmann

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lundi, 15 juin 2015

"l'UMP-Les Républicains", Rot un Wiss et les Solstices


Un chuchotement des DNA de ce lundi 15 juin 2015 évoque la proposition du secrétaire départemental adjoint chargé de la communication de « l’UMP-les Républicains, Bas Rhin» de fêter le solstice d’été, le 21 juin, en brandissant des drapeaux Rot un Wiss:

“Au nom du collectif Touche pas à l’Alsace, Stéphane Bourhis lance l’opération « Pas de fêtes en Alsace sans rot un wiss ». Il souhaite que les associations pavoisent les bûchers de Saint-Jean et Solstice mais aussi l’ensemble des fêtes de l’été du « drapeau historique de la région ».

 Je me souviens des débats du Conseil Régional lorsque, que présentant les orientations culturelles en ma qualité de vice président en charge de la culture, le même homme politique, siégeant alors en sa qualité d’élu du FN (puis d’Alsace d’Abord ?) évoquait la même proposition consistant à renouer avec les fêtes du soleil, solstice et autres cérémonies de jadis, en guise de projets culturels.

 On sait quelle mouvance, au cours des périodes historiques récentes et de sinistre mémoire, vouait des cultes et des festivités de ce type, même s'ils remontent à la nuit des temps

 La proposition de ce responsable « UMP-Les Républicains » de pavoiser avec les drapeaux Rot un Wiss m’incite à citer le professeur Bischoff qui dans son remarquable ouvrage « Pour en finir avec l’histoire de l’Alsace » met les choses au point à propos des blasons et drapeaux de l’Alsace.

«  Quoi qu’il en soit les couleurs historiques de l’Alsace sont le rouge, le jaune et le blanc, et non « gueule et argent » sauf, peut-être au sens figuré. Ce que l’on présente parfois comme « le drapeau alsacien » « rot un wiss » est l’emblème de l’Alsace Lorraine adopté suite à la constitution de 1911 : il a perdu toute légitimité pour avoir été celui des autonomistes ralliés aux nazis en 1940 et ne mérite guère que l’oubli. » Pages 83/84. 

 Je laisse le lecteur se faire son opinion sur les projets et valeurs de l’actuelle « UMP-Les Républicains », parti qui se veut toujours héritier du gaullisme.

vendredi, 12 juin 2015

anniversaire, il y a cinquante ans 13 juin 1965 fondation de l'UJP


13 JUIN 1965
« L’assemblée générale de fondation de UJP a eu lieu le 13 juin 1965, au musée Social, rue Las-Cases, en présence de Jacques Baumel secrétaire général de l’UNR-UDT.
La grande idée de l’UJP était d’unifier l’ensemble des mouvements de jeunes qui se réclamaient du gaullisme et qui étaient éparpillés. Son objectif : faire rayonner le message gaulliste dans tous les milieux jeunes, lycées, universités, entreprises où, jusque là il était relativement inaudible. Notre foi était inébranlable.
L’AG dura toute une journée. Ce fut une réunion difficile, houleuse, ponctuée d’incidents tout au long de son déroulement. Certains ne désespéraient pas de parvenir à contrarier le projet pour maintenir leurs chapelles. Ils déployèrent toute leur capacité de nuisance dans ce seul but en multipliant les manœuvres et les chausse-trappes. En dépit de ce harcèlement continuel, le vote final ne laissa aucune équivoque. Sur 69 votants, 61 se prononcèrent en faveur de la création de l’UJP.
La discussion sur les statuts qui suivit, se révéla tout aussi fastidieuse et rude. Pour les étudiants en droit de l’AEG-Paris, elle relevait d’un combat d’arrière garde dénué d’efficacité et plutôt d’ordre esthétique. Son caractère pénible ne nous fut pas épargné. Chaque article était disputé. Egalement adoptés à une forte majorité, les statuts furent déposés par la suite à la préfecture de Paris et l’UJP s’installa dans les dépendances du 7 bis de la Place du palais Bourbon.
Une grande et belle aventure allait commencer dont le point d’orgue fut, quatre ans plus tard, la réunion des assises nationales de Strasbourg, avril 1969. »
Personne n’a jamais oublié cette immense salle du Wacken emplie d’une ferveur inouïe. Nous étions plus de cinq mille à vibrer aux discours d’André Malraux et Georges Pompidou.
La défaite du référendum quelques jours plus tard puis le départ plein de panache du général de Gaulle nous marqua d’une infinie tristesse. Notre génération voulait perpétuer « le seul combat qui vaille, le combat pour l’homme ».
Des milliers de jeunes ont été formés et ont milité au sein de l'UJP.
C’était il y a un demi siècle. Fidélité !
 
L’aventure de l’UJP est relatée dans « l’Appel du gaullisme », éditions du Rocher, mars 2008

 

 

 

lundi, 11 mai 2015

Le professeur Waline, Antigone et l’ALCA


Le charismatique professeur Jean Waline qui a formé (et bien formé) des générations de juristes administratifs, vient de livrer ses conclusions sur la réforme régionale sous forme d'exercice de défense et illustration de Philippe Richert. (DNA du 2 mai 2015) À cet effet il tient à rompre une lance avec les tenants de la pétition « Alsace, retrouve ta voix » et je partage bien des points de son analyse, notamment la dénonciation du «contretemps de la pétition ».

Comme lui j’étais partisan du Oui au référendum de Philippe Richert et j’ai déploré le comportement des quelques élus qui ont l’ont saboté de manière sournoise ou délibérée.

On mettra au crédit du président de la région d'être allé au bout de son idée et d'avoir organisé ce référendum qui était une occasion unique pour l'Alsace de donner le ton au pouvoir central et aux autres régions de France. Sans nul doute son succès aurait handicapé le gouvernement dans son intention de procéder à sa néfaste et insoutenable réforme.

Rappelons pour la vérité historique qu’en 1993 Daniel Hoeffel fut l'un des premiers à souhaiter une Alsace unie mais, contrairement à Philippe Richert, il n'a pas mis son projet à exécution.

Une page honteuse de l'Alsace

Le résultat du référendum restera une des pages honteuses de l'Alsace qui, qu'on le veuille ou non, a couvert nos élites politique du discrédit que certaines d'entre elles ont généré. Il en est resté le pénible sentiment que l'Alsace ne réussissait décidément pas à s'entendre et à s'unir.
Le gouvernement PS a donc dégainé en imposant son redécoupage comme une insulte à la logique et au bon sens.

Dès lors, au cours de cette phase un peu surréaliste, Philippe Richert, avec un solide sens de la stratégie, manifesta son accord pour une fusion Alsace-Lorraine à l'occasion de l'historique "sommet de Wingen sur Moder" en juin 2014. Cette solution n'était d’ailleurs pas complètement inacceptable. Puis, face à la résistance des parlementaires UMP il rejoignit le camp de la région Alsace autonome. On se souviendra de l'importante manifestation du 11 octobre 2014 qui regroupa, place de Bordeaux, des alsaciens venus de toutes les gares de la région.

L'ALCA un salmigondis indigeste
Rien n’y fit et, fermé à toute vraie concertation, le pouvoir socialiste central fit passer l'incohérent salmigondis Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes. Au demeurant cette ALCA n'a pas fini de faire émerger les fruits de son absurdité, le proche avenir nous en fournira quelques avatars, la bataille des capitales ne fait que commencer.
On se résigna pourtant en l'acceptant, les élites politiques locales dociles ont fini par courber l'échine comme trop souvent.
De manière juridiquement argumentée Jean Waline approuve aujourd'hui cette résignation que je ne veux pas péjorer en la qualifiant d'abdication. Au point où nous en sommes il n’a pas tort - mais fallait-il en arriver là ?- et c'est bien là que sa démonstration m'a mobilisé. Je le cite " Ce n’est que dans le théâtre antique qu’Antigone peut se révolter contre les lois humaines »

Le NON d'Antigone

Le gaulliste impénitent que je persiste à être se souvient que De Gaulle s'est soulevé contre les lois d'une certaine époque tragique et, au cœur du gaullisme rayonne ce Non anthologique a la fatalité. André Malraux rattacha cette rébellion à celle, mythologique, d'Antigone « D’Antigone au 18 juin disait-il… »

Certes le découpage régional ne peut être comparé à 1940 encore qu’il porte atteinte à l’intégrité d’une région au cœur de l’Europe chargée d’une histoire lourde.

Mais je suis dans l'idéalisme, loin du réalisme régional socialiste, et je ne puis m'empêcher de me poser une question: "Que se serait-il passé si Philippe Richert en tête, toute l'Alsace et ses représentants politiques solidaires, avaient opposé une résistance de type "Antigone" à l'absurde réforme ALCA?   
Jean Waline qui fut si souvent dans la rébellion me pardonnera cet accès de sublimation du « Non » et de magnificence de mon rêve alsacien. 

PS. L’esprit d’Antigone aurait-il soufflé en Corse ?

 

vendredi, 24 avril 2015

Le prix Goncourt de la Nouvelle recentralisé à Paris. Lettre ouverte à Bernard Pivot. Voir DNA 25/04/2015

 

Le président de l’académie Goncourt vient d’écrire au maire de Strasbourg pour lui annoncer que la remise du prix Goncourt de la nouvelle n’aura plus lieu à Strasbourg. (DNA du 24 avril 2015)

J'écris à Bernard Pivot, président.

 Cher Bernard Pivot,

 L’admiration que je voue depuis toujours au talentueux passeur de littérature que vous êtes – je n’ai loupé aucun épisode d’Apostrophe - ne me dissuadera pas de vous morigéner. Votre dernier fait d’arme contre Strasbourg s’apparente à un caprice égotique de star parigo-parisienne.

Une décision scélérate ?

Ainsi donc vous voulez centraliser vos distributions de prix à Paris en amplifiant le jacobinisme culturel de la France. De ce fait vous arrachez le Goncourt de la nouvelle à Strasbourg l’européenne que vous affaiblissez alors que vous restez à Nancy.

Si je me laissais aller je n’hésiterais pas à dire que c’est là une décision scélérate, j’ai des raisons particulières d’en être affecté.

En 2001, en ma qualité de maire délégué chargé de la culture, j’ai décidé de rencontrer, François Nourissier alors président de votre académie, en présence du maire Fabienne Keller. Notre objectif était de le convaincre d’installer ce prix à Strasbourg que nous avions la volonté d’ériger en capitale des lettres et de la littérature. Nous avons notamment lancé un ambitieux « Plan médiathèques », installé le Prix européen de littérature, créé les « Conversations à Strasbourg », le « Parlement des philosophes » en invitant un grand nombre d’écrivains  et d’intellectuels de renom à dialoguer avec nos publics. L’initiative s’est métamorphosée en « Bibliothèque idéale » avec un succès toujours grandissant. Je me souviens de votre bonheur (non feint) sous le chapiteau de la place de la cathédrale en 2007, commentant devant un millier de passionnés, une anthologie de vos interviews à Apostrophe. Un succès absolu!

Une faute culturelle au nom du jacobinisme

François Nourissier, convaincu par notre argumentation avait alors décidé d’installer le Goncourt de la nouvelle à Strasbourg. Sa volonté de décentraliser la culture n’y était pas étrangère et c’est ainsi que la ville de Gutenberg a accueilli avec bonheur et honneur les académiciens et leurs lauréats.

Les déjeuners au Crocodile semblaient à la hauteur de vos attentes et au diapason de certaines tables parisiennes, les hôtels étaient appréciés, les rencontres littéraires chaleureuses. Bref l’engagement de la ville de Strasbourg qui sait recevoir des hôtes de marque était digne de ses prestigieux invités.

Cela aura duré 14 années, nos successeurs ayant perpétué l’initiative en 2008.

Or voici qu’avec le prétexte le plus désolant, le plus superficiel, le plus artificiel, le manque d’ampleur de la médiatisation, vous voulez quitter notre ville. Avez vous conscience qu’avec cette centralisation parisienne on pourrait vous prêter l’idée de ravaler Strasbourg à un rang de ville de province digne seulement d’organiser des comices culturels comme les comices agricoles de madame Bovary. Selon vous n’y aurait-il que Paris et le désert culturel français ?

Rompre avec la décentralisation serait un forfait, une faute culturelle, une régression française.

Consensus en faveur du Goncourt de la nouvelle à Strasbourg

Si je me livrais à de la basse politique je pourrais ferrailler avec la municipalité socialiste et me gausser d’elle : « Nous avons installé le Goncourt de la nouvelle à Strasbourg, vous, vous le perdez », mais je ne veux pas douter que nos successeurs aient mis en œuvre tous les moyens pour préserver notre acquis

Or il y a des causes qui nécessitent le consensus et celle ci en est une, éminente.

Je suis donc solidaire du premier adjoint chargé de la culture et je soutiens sa proposition.

Cher Bernard Pivot, quitte à créer une « synergie », selon votre expression, quitte à vouloir regrouper, ne vous dispersez donc pas à Paris, ne participez pas à sa congestion culturelle,  donnez vous de l’air, regroupez vous à Strasbourg !

Votre prétexte, la trop faible médiatisation, ne tient pas car il y a des solutions : pourquoi ne pas provoquer une réunion de travail avec la municipalité pour amplifier les moyens de communication, pourquoi ne pas mettre votre incomparable notoriété au service de la décentralisation culturelle en France ?

Vous voulez plus de médiatisation nationale ? Avec les moyens adaptés, Strasbourg pourrait vous offrir une médiatisation internationale.

Cher Bernard Pivot reprenez votre lettre de rupture, ne soyez pas un maitre jacobin de la culture, restez à Strasbourg où vous et vos confrères avez toujours été les bienvenus.

 

lundi, 16 mars 2015

élections à la Robertsau, ma déclaration à la presse

« Je n’ai aucune consigne de vote à donner »,

 Alors que je n’ai fait aucune déclaration politique mon nom a été largement cité au cours de cette campagne électorale.

Pour ne donner prise à aucune interprétation je tiens à m’exprimer moi même au sujet de ces élections.

 En premier lieu je veux rappeler une évidence qui pourrait être oubliée: il s’agit d’élections départementales donc de proximité.

Voter « national » en suivant les étiquettes et les directives des états major parisiens serait une erreur car nous avons à choisir pour six ans une femme et un homme capables de gérer le département du Bas Rhin en même temps que de défendre et promouvoir notre quartier.

Il ne s’agit pas de se prononcer pour ou contre M.Sarkozy, pour ou contre M.Hollande, qui, quel que soit le résultat de ces élections à la Robertsau, continueront à exercer leurs actions à Paris.

Les défis qui se posent à La Robertsau sont nombreux : urbanisme galopant, zones SEVESO, géothermie, circulation, stationnement, dynamisme de la vie culturelle et sportive, préservation des espaces verts et de la forêt, sauvegarde du foyer Saint Louis, valorisation du cœur de la Robertsau.

Il s’agit donc avant tout de ne pas s’abstenir et de voter pour l’équipe qui présente les meilleures garanties d’énergie, d’efficacité et de compétence.

En ce sens je n’ai aucune consigne de vote à donner et je fais confiance à mes concitoyens pour effectuer le bon choix après avoir analysé le profil, les qualités, le bilan et les projets des candidats.

Je souhaite enfin rappeler que mon livre, « Ma Robertsau » est aussi une profession de foi en faveur d’un quartier pour lequel j’ai beaucoup œuvré et dont la fidélité ne m’a jamais manqué.

 

lundi, 9 mars 2015

À ce stade de la campagne électorale à Strasbourg alors que mon nom est souvent cité je tiens à rappeler ma profession de foi publiée en février 2006, il y a 9 ans

Gaulliste impénitent, militant de la culture, je suis avant tout un farouche partisan de la République

D'abord une profession de foi:  je suis gaulliste...de gauche? de droite?
Ces notions n'ont à mes yeux aucun sens. Il y a des imbéciles à gauche et des généreux à droite et réciproquement, et vice versa... Mais surtout les notions de gauche et de droite me semblent surannées. Elles n'ont de valeur que pour ceux qui cherchent la polémique en enfermant les gens dans des petites boites et des cases pour la commodité de leur placement à eux. "La France c'est tous les Français. Ce n'est pas la gauche, la France. Ce n'est pas la droite, la France." disait de Gaulle et je me reconnais là. Par une fidélité que l'on peut maintenant qualifier d'historique je reste membre de l'UMP...où donc pourrais-je aller ailleurs? (1) Je suis donc avant tout un farouche partisan de l'idée de République aussi bien que de son incarnation. Ce qui m'inquiète et qui fixe le sens de mes engagements c'est qu'elle puisse devenir minoritaire, la République, et que les communautarismes de tout acabits prennent le dessus. Ce qui compte c'est l'homme dans son intégrité. Le danger ce sont bien les intégrismes, les fondamentalismes, les sectes, les communautés refermées sur elles même, bref ce qui est repli identitaire, fanatisme et aveuglement.

Impossible de ne pas préciser encore que je nourris une authentique passion pour Strasbourg, ma ville, celle où je suis né où j'ai presque tout vécu, qui n'a pas toujours été clémente avec moi mais dont je suis définitivement le permanent amoureux."

(1) une seule modification à cette profession de foi, en 2012 je me suis déclaré publiquement UMP-LIBRE puis devant la dégradation inouïe de ce parti (élections internes truquées, Buissonisation, Bygmalion etc), j’en ai claqué la porte en 2014

 

jeudi, 5 mars 2015

Le maire, Roland Ries, lors de la cérémonie de remise des archives de Mélanie de Pourtalès

 

(...)

Je voudrais avant tout vous souhaiter très chaleureusement la bienvenue dans notre maison commune. Vous êtes ici chez vous,  à l’Hôtel de Ville de Strasbourg, cet ancien hôtel de la famille Hanau-Lichtenberg, magnifique édifice du début du xviiie siècle, une époque qui voit fleurir dans notre ville, de très nombreux hôtels particuliers témoignant du goût français pour les bâtiments à facture classique et qui voit également s’ériger le chef-d’œuvre qu’est le Palais Rohan. C’est d’ailleurs de cette même période (1750), que date le Château de Pourtalès lové dans son magnifique parc, château que vous avez (on peut le dire) sauvé des griffes des promoteurs et qui compte encore aujourd’hui, grâce à vous, au nombre de nos trésors patrimoniaux.

A lire l’ouvrage que nous avons tous à l’esprit en ce moment, La comtesse de Pourtalès, cher Robert Grossmann, l’on se surprend à se demander si vous n’auriez pas été le plus heureux des hommes dans les turbulences de ce xixe siècle si mouvementé (deux empires, trois monarchies, deux républiques, trois révolutions !) car vous en faites une restitution historique si fidèle, que nombre d’experts pourraient en pâlir de jalousie.

De plus, vous ajoutez à la précision historique de ces petites séquences d’histoire (comme vous les qualifiez vous-même), les repères de la Grande Histoire, le piment des aventures romanesques, ainsi que la maîtrise de l’écriture et du récit. Et ainsi, avec cette vraie disposition littéraire, vous emportez le lecteur dans les tumultes d’un siècle de transformations politiques et sociales profondes

On ne le sait sans doute pas assez, mais derrière l’homme politique, le tribun, le bretteur, le gouailleur parfois, avec lequel j’ai eu tant de plaisir à manier l’art de la disputatio, dans l’enceinte du conseil municipal, il y a un homme de culture, un homme de lettres, sensible à l’art et au mouvement des idées, un homme sensible tout court, et donc poète à ses heures.

Ainsi, vous avez non seulement succombé aux charmes de la belle Mélanie, sur « le berceau  (de laquelle) les fées et les muses se penchèrent, dispensant bonheur et grâces à ce nouvel astre de la famille Renouard de Bussières » (je vous cite), mais vous avez d’abord commencé par tomber amoureux d’un lieu.

Ce château qui émerge au cœur d’un magnifique parc à l’anglaise vous a littéralement fasciné dès votre plus jeune âge,  au point que vous lui accordez une qualité rare, celle de  « Génie du lieu », du nom de l’une des sculptures que nous avez contribué à y faire installer, ces sculptures qui se fondent de façon si insolite à la nature, parfois aux racines et aux arbres mêmes de ce parc, que vous percevez comme de « véritables œuvres d’art ».Cette véritable passion vous a guidé sur les traces des occupants du château et sur celles de Mélanie de Pourtalès, et chemin faisant, vous avez été amené à acquérir (sur vos deniers privés) un ensemble de lettres adressées à la Comtesse de Pourtalès, alors que vous faisiez des recherches pour l’ouvrage éponyme que vous avez fait paraître en 1995.

Ces lettres particulièrement précieuses, signées des noms les plus célèbres, parmi lesquels ceux du Prince Napoléon, de la Reine Eléonore de Bulgarie ou encore du Comte de Paris, sont les témoignages vivants d’une époque où l’aristocratie européenne ne connaît pas de frontières, est à son aise tant en Autriche, en Allemagne, en Italie ou en France, préfigurant une sorte de culture européenne avant l’heure. La comtesse Mélanie appartient à ce gotha. Elle possède à la fois un hôtel particulier, rue Tronchet à Paris, fréquente les bals que l’Impératrice Eugénie donne aux Tuileries, et illumine la Cour de sa beauté : « Un tableau de Greuze », s’écriera l’impératrice au premier regard qu’elle pose sur elle. Elle est plaisante, aimable, se pique de littérature et de musique, fait connaître le grand Wagner. Mais elle est aussi une extraordinaire ambassadrice de notre région, car elle fait venir dans son château de la Robertsau les grands de ce monde : les Metternich, le prince de Reuss, la duchesse de Bade, le prince Napoléon, le Duc d’Edimbourg…  Cependant, vous nous en prévenez d’emblée, il ne s’agissait pas seulement d’une jolie personne, car elle a certainement été l’une des rares à pressentir le drame de 1870 et en alerter l’Empereur en personne… qui n’en fit rien hélas !

Aussi, les mots de remerciements que je souhaite vous adresser aujourd’hui au nom des Archives de la Ville de Strasbourg, au nom des Strasbourgeois, et en mon nom personnel, pour le don que vous nous faites ; ces mots, cher Robert Grossmann, s’adressent avant tout à l’historien, à la plume et au poète.

Car en sauvant ces témoignages et en les confiant aux bons soins des Archives,  vous permettez à notre ville de conserver aussi les traces d’un temps disparu où les plaisirs épistolaires (ou ceux de la correspondance), se nourrissaient encore, je vous cite, de « l’érotisme de la plume, caressant son papier ».

Et pour vous dire toute notre reconnaissance, à vous, comme d’ailleurs à Mélanie de Pourtalès, j’ai le grand plaisir de vous annoncer que nous avons décidé de proposer à notre conseil municipal de baptiser la bibliothèque de la Robertsau, du nom de « Médiathèque Mélanie de Pourtalès ».

(…)

mercredi, 4 mars 2015

La lettre de l'au delà que m'adresse Mélanie de Pourtalès. Émouvant!

 Mon cher Monsieur Grossmann,

C’était par une belle journée de mai 1914.

Ma famille, mes enfants et mes proches étaient tous présents pour m’accompagner sur le chemin qui menait de Paris à Strasbourg. Tous savaient combien je me réjouissais à chaque fois de retrouver ma chère plaine d’Alsace.
Mais cette fois, c’était le dernier voyage.

J’allais reposer auprès des miens au cimetière de la Robertsau, non loin de cette demeure que je chérissais tant, le château de Pourtalès, et la forêt où j’aimais tant chasser.

J’espérais  secrètement qu’il resterait une trace de mon passage dans ces lieux, peut-être le portrait peint par Winterhalter ou bien quelques photographies  qui perpétueraient le souvenir des jours heureux passés avec nos amis musiciens, écrivains, barons et duchesses de la cour.

Je songeais à cette description qu’avait faite de moi le comte Boni de Castellane, ce charmeur plus dandy qu’homme politique : « La comtesse Edmond de Pourtalès, d'une durable beauté, une des femmes les plus brillantes de son temps, régnait véritablement sur Paris. Elle avait été très en vue sous l'Empire. Son intimité avec la princesse de Metternich reste légendaire. Personne n'était plus bienveillant. Le nom de Mélanie évoquait pour tous la poudre de riz, l'élégance et le parfum de la violette. Les fantaisies de sa vie dégageaient une atmosphère d'affection qui s'ajoutait à l'admiration qu'elle inspirait. Les rois et les empereurs, les milliardaires et les hommes d'État, les artistes et les savants, formaient autour d'elle un cénacle où l'on se taisait pour l'entendre raconter avec esprit d'aimables histoires. »

Et je dois avouer qu’en dépit du compliment, je ressentais une certaine tristesse.

Se trouverait-il quelqu’un pour dire un jour toute la vérité ?

Les femmes de goût étaient-elles condamnées à ne plaire que pour leur mise et non pour leur esprit ?

A l’heure de quitter ce monde, seule la sérénité vous habite, elle vous enveloppe de sa tendre confiance et vous dévoile les mystères du temps. Rien ne presse plus.

Je savais qu’un jour viendrait… La patience des disparus est infinie.

Le temps est passé ; prés d’un siècle ; et j’apprends aujourd’hui qu’un amoureux de la Robertsau, familier de ma chère demeure,  a sauvé non seulement cette bâtisse dans laquelle j’ai laissé tant de souvenirs, mais a revisité toute mon histoire. J’ai donc décidé de prendre la plume une ultime fois.

 

Cher Robert Grossmann, que l’on connaît historien, écrivain, amoureux des arts et accessoirement, homme politique : comment vous remercier ?

Vous avez acquis cet ensemble de lettres que tant de chers parents et amis m’ont fait le bonheur de m’écrire, vous les avez faites revivre et vous avez même réussi à susciter l’intérêt de la municipalité et de son jeune premier adjoint en charge de la Culture et du patrimoine, qui les verse ce jour aux Archives de la Ville.  Et surtout, vous avez dévoilé les vérités que j’espérais voir un jour  rétablies.

Vous le dites enfin : ma vie n’a pas été que fêtes futiles, toilettes élégantes, bijoux et promenades dans les parcs, elle a été aussi un vrai combat politique visionnaire pour l’Europe et pour la cause européenne.

Je ne vous pourrai jamais vous remercier assez de rappeler combien j’ai  été attachée à cette mission essentielle, tout comme j’ai tenté de prévenir certains désastres.

Merci infiniment à vous.

Ma reconnaissance vous est désormais éternelle.

Adieu donc,

Votre bien affectionnée

Mélanie de Pourtalès.

 

Mélanie dans l’intimité, par Myriam Ait-Sidhoun DNA du 4 mars 2015

 «Après 32 années passées auprès de moi, j’ai pris la difficile décision de me séparer de ces lettres, convaincu que le meilleur sort qui pouvait leur être réservé était de les confier, pour l’Histoire et pour l’éternité, à ma Ville, qui saurait les conserver et… les faire vivre », a dit Robert Grossmann lundi soir, lors d’une cérémonie officielle organisée par la municipalité pour marquer l’événement. Des documents bientôt numérisés Quelques missives ont été exposées, dont un télégramme signé de l’impératrice reine et qui pourrait bien être de la main de Sissi, signalait Laurence Perry, directrice des archives municipales : « Il va falloir enquêter pour en être sûr. » Un album photo dans lequel figure Mélanie de Pourtalès était également exposé, apporté par Agathe BischoffMorales, de la bibliothèque André-Malraux. C’était une belle cérémonie, entre parties musicales, avec le pianiste Rémi Tournier, et une lecture de lettres, par le comédien Martin Adamiec. On imagine que Mélanie de Pourtalès, familière de la vie de cour, aurait goûté à l’atmosphè- re feutré des salons de l’hôtel de ville. Une lettre « écrite » par Mélanie de Pourtalès en 1914, exprimant à Robert Grossmann sa gratitude, lui a été lue, façon pour la municipalité de le remercier de son geste. Il est vrai que Mélanie de Pourtalès doit à Robert Grossmann de ne pas avoir sombré dans l’oubli. Cette donation est exceptionnelle, au moins parce que les archives ne détenaient jusque-là qu’un tout petit fonds sur Pourtalès, qui porte essentiellement sur le château lui-même, a expliqué Laurence Perry. Dans le corpus dont se sépare Robert Grossmann, « il n’y a pas que tous les grands de ce monde mais aussi des choses plus intimes », a-t-elle fait valoir. Par la voix de Martin Adamiec, on a ainsi pu entendre une lettre assez imagée de Jacques, le fils de Mélanie et Edmond de Pourtalès, à ses parents. Dans un autre genre, une lettre d’amour anonyme, signée Ave Dea, a également été lue. L’ensemble est en cours d’expertise. Un inventaire va être réalisé, de même qu’un travail d’authentification. Les documents, fragiles, seront par ailleurs numérisés. R M. A.-S. Q Lire aussi en page Région. Mélanie de Pourtalès (1836-1914), en « chasseresse », dans les années 1860. Cette photo tranche avec le joli portrait académique qu’on lui connaît, de 1857, signé Franz-Xavier Winterhalter, le peintre « officiel » des célébrités européennes. PHOTO CHARLES WINTER

Mélanie dans l’intimité DNA du 4 mars 2015

 «Après 32 années passées auprès de moi, j’ai pris la difficile décision de me séparer de ces lettres, convaincu que le meilleur sort qui pouvait leur être réservé était de les confier, pour l’Histoire et pour l’éternité, à ma Ville, qui saurait les conserver et… les faire vivre », a dit Robert Grossmann lundi soir, lors d’une cérémonie officielle organisée par la municipalité pour marquer l’événement. Des documents bientôt numérisés Quelques missives ont été exposées, dont un télégramme signé de l’impératrice reine et qui pourrait bien être de la main de Sissi, signalait Laurence Perry, directrice des archives municipales : « Il va falloir enquêter pour en être sûr. » Un album photo dans lequel figure Mélanie de Pourtalès était également exposé, apporté par Agathe BischoffMorales, de la bibliothèque André-Malraux. C’était une belle cérémonie, entre parties musicales, avec le pianiste Rémi Tournier, et une lecture de lettres, par le comédien Martin Adamiec. On imagine que Mélanie de Pourtalès, familière de la vie de cour, aurait goûté à l’atmosphè- re feutré des salons de l’hôtel de ville. Une lettre « écrite » par Mélanie de Pourtalès en 1914, exprimant à Robert Grossmann sa gratitude, lui a été lue, façon pour la municipalité de le remercier de son geste. Il est vrai que Mélanie de Pourtalès doit à Robert Grossmann de ne pas avoir sombré dans l’oubli. Cette donation est exceptionnelle, au moins parce que les archives ne détenaient jusque-là qu’un tout petit fonds sur Pourtalès, qui porte essentiellement sur le château lui-même, a expliqué Laurence Perry. Dans le corpus dont se sépare Robert Grossmann, « il n’y a pas que tous les grands de ce monde mais aussi des choses plus intimes », a-t-elle fait valoir. Par la voix de Martin Adamiec, on a ainsi pu entendre une lettre assez imagée de Jacques, le fils de Mélanie et Edmond de Pourtalès, à ses parents. Dans un autre genre, une lettre d’amour anonyme, signée Ave Dea, a également été lue. L’ensemble est en cours d’expertise. Un inventaire va être réalisé, de même qu’un travail d’authentification. Les documents, fragiles, seront par ailleurs numérisés. R M. A.-S. Q Lire aussi en page Région. Mélanie de Pourtalès (1836-1914), en « chasseresse », dans les années 1860. Cette photo tranche avec le joli portrait académique qu’on lui connaît, de 1857, signé Franz-Xavier Winterhalter, le peintre « officiel » des célébrités européennes. PHOTO CHARLES WINTER

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