«Après 32 années passées auprès de moi, j’ai pris la difficile décision de me séparer de ces lettres, convaincu que le meilleur sort qui pouvait leur être réservé était de les confier, pour l’Histoire et pour l’éternité, à ma Ville, qui saurait les conserver et… les faire vivre », a dit Robert Grossmann lundi soir, lors d’une cérémonie officielle organisée par la municipalité pour marquer l’événement. Des documents bientôt numérisés Quelques missives ont été exposées, dont un télégramme signé de l’impératrice reine et qui pourrait bien être de la main de Sissi, signalait Laurence Perry, directrice des archives municipales : « Il va falloir enquêter pour en être sûr. » Un album photo dans lequel figure Mélanie de Pourtalès était également exposé, apporté par Agathe BischoffMorales, de la bibliothèque André-Malraux. C’était une belle cérémonie, entre parties musicales, avec le pianiste Rémi Tournier, et une lecture de lettres, par le comédien Martin Adamiec. On imagine que Mélanie de Pourtalès, familière de la vie de cour, aurait goûté à l’atmosphè- re feutré des salons de l’hôtel de ville. Une lettre « écrite » par Mélanie de Pourtalès en 1914, exprimant à Robert Grossmann sa gratitude, lui a été lue, façon pour la municipalité de le remercier de son geste. Il est vrai que Mélanie de Pourtalès doit à Robert Grossmann de ne pas avoir sombré dans l’oubli. Cette donation est exceptionnelle, au moins parce que les archives ne détenaient jusque-là qu’un tout petit fonds sur Pourtalès, qui porte essentiellement sur le château lui-même, a expliqué Laurence Perry. Dans le corpus dont se sépare Robert Grossmann, « il n’y a pas que tous les grands de ce monde mais aussi des choses plus intimes », a-t-elle fait valoir. Par la voix de Martin Adamiec, on a ainsi pu entendre une lettre assez imagée de Jacques, le fils de Mélanie et Edmond de Pourtalès, à ses parents. Dans un autre genre, une lettre d’amour anonyme, signée Ave Dea, a également été lue. L’ensemble est en cours d’expertise. Un inventaire va être réalisé, de même qu’un travail d’authentification. Les documents, fragiles, seront par ailleurs numérisés. R M. A.-S. Q Lire aussi en page Région. Mélanie de Pourtalès (1836-1914), en « chasseresse », dans les années 1860. Cette photo tranche avec le joli portrait académique qu’on lui connaît, de 1857, signé Franz-Xavier Winterhalter, le peintre « officiel » des célébrités européennes. PHOTO CHARLES WINTER