Le charismatique professeur Jean Waline qui a formé (et bien formé) des générations de juristes administratifs, vient de livrer ses conclusions sur la réforme régionale sous forme d'exercice de défense et illustration de Philippe Richert. (DNA du 2 mai 2015) À cet effet il tient à rompre une lance avec les tenants de la pétition « Alsace, retrouve ta voix » et je partage bien des points de son analyse, notamment la dénonciation du «contretemps de la pétition ».

Comme lui j’étais partisan du Oui au référendum de Philippe Richert et j’ai déploré le comportement des quelques élus qui ont l’ont saboté de manière sournoise ou délibérée.

On mettra au crédit du président de la région d'être allé au bout de son idée et d'avoir organisé ce référendum qui était une occasion unique pour l'Alsace de donner le ton au pouvoir central et aux autres régions de France. Sans nul doute son succès aurait handicapé le gouvernement dans son intention de procéder à sa néfaste et insoutenable réforme.

Rappelons pour la vérité historique qu’en 1993 Daniel Hoeffel fut l'un des premiers à souhaiter une Alsace unie mais, contrairement à Philippe Richert, il n'a pas mis son projet à exécution.

Une page honteuse de l'Alsace

Le résultat du référendum restera une des pages honteuses de l'Alsace qui, qu'on le veuille ou non, a couvert nos élites politique du discrédit que certaines d'entre elles ont généré. Il en est resté le pénible sentiment que l'Alsace ne réussissait décidément pas à s'entendre et à s'unir.
Le gouvernement PS a donc dégainé en imposant son redécoupage comme une insulte à la logique et au bon sens.

Dès lors, au cours de cette phase un peu surréaliste, Philippe Richert, avec un solide sens de la stratégie, manifesta son accord pour une fusion Alsace-Lorraine à l'occasion de l'historique "sommet de Wingen sur Moder" en juin 2014. Cette solution n'était d’ailleurs pas complètement inacceptable. Puis, face à la résistance des parlementaires UMP il rejoignit le camp de la région Alsace autonome. On se souviendra de l'importante manifestation du 11 octobre 2014 qui regroupa, place de Bordeaux, des alsaciens venus de toutes les gares de la région.

L'ALCA un salmigondis indigeste
Rien n’y fit et, fermé à toute vraie concertation, le pouvoir socialiste central fit passer l'incohérent salmigondis Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes. Au demeurant cette ALCA n'a pas fini de faire émerger les fruits de son absurdité, le proche avenir nous en fournira quelques avatars, la bataille des capitales ne fait que commencer.
On se résigna pourtant en l'acceptant, les élites politiques locales dociles ont fini par courber l'échine comme trop souvent.
De manière juridiquement argumentée Jean Waline approuve aujourd'hui cette résignation que je ne veux pas péjorer en la qualifiant d'abdication. Au point où nous en sommes il n’a pas tort - mais fallait-il en arriver là ?- et c'est bien là que sa démonstration m'a mobilisé. Je le cite " Ce n’est que dans le théâtre antique qu’Antigone peut se révolter contre les lois humaines »

Le NON d'Antigone

Le gaulliste impénitent que je persiste à être se souvient que De Gaulle s'est soulevé contre les lois d'une certaine époque tragique et, au cœur du gaullisme rayonne ce Non anthologique a la fatalité. André Malraux rattacha cette rébellion à celle, mythologique, d'Antigone « D’Antigone au 18 juin disait-il… »

Certes le découpage régional ne peut être comparé à 1940 encore qu’il porte atteinte à l’intégrité d’une région au cœur de l’Europe chargée d’une histoire lourde.

Mais je suis dans l'idéalisme, loin du réalisme régional socialiste, et je ne puis m'empêcher de me poser une question: "Que se serait-il passé si Philippe Richert en tête, toute l'Alsace et ses représentants politiques solidaires, avaient opposé une résistance de type "Antigone" à l'absurde réforme ALCA?   
Jean Waline qui fut si souvent dans la rébellion me pardonnera cet accès de sublimation du « Non » et de magnificence de mon rêve alsacien. 

PS. L’esprit d’Antigone aurait-il soufflé en Corse ?