MESSAGE DE ROBERT GROSSMANN, PRESIDENT FONDATEUR DE L’U.J.P.

 

Cher Rudolf GRANIER,

 L’annonce de votre engagement et de votre volonté de faire revivre l’UJP m’a ému et rempli d’espoir.

 Ce mouvement de jeunes unique dans les annales de la Cinquième République avait rassemblé des milliers de jeunes qui adhéraient au message du Général De Gaulle et se reconnaissaient en lui.

 Il a constitué et constitue pour moi la part la plus belle de ma vie publique.

 Le voici donc qui renaît.

L’UJP demeure indissolublement lié à toutes mes pensées.

 Si elle a été une remarquable école de formation et d’action, elle a été aussi une exceptionnelle aventure de l’amitié au sens le plus beau et le plus pur de ce mot. Au cours des 45 ans qui l’ont vu évoluer parfois de manière glorieuse et quasi historique, parfois en une sympathique discrétion, j’ai toujours pu rencontrer, dans chaque région de France, dans chaque ville, des amis de l’UJP qui, avec la plus profonde émotion, me rappelaient «notre mai 68», nos Assises de Strasbourg en avril 1969, le discours d’André Malraux, la douloureuse transition du départ du général puis de la mort du général...

 René CAPITANT, Jacques CHABAN DELMAS, Maurice COUVE DE MURVILLE, André MALRAUX, François MAURIAC, Pierre MESSMER, Edmond MICHELET, Alain PEYREFITTE, Georges POMPIDOU et tant d’autres hautes figures du gaullisme avaient aimé cette jeune garde qu’était l’UJP.

 Et nous, conscients que nous n’appartenions pas à la génération des héros de la résistance, ni à celle des fondateurs de la cinquième République, nous jouions notre rôle avec une triste certitude : de Gaulle nous quitterait et nous aurions à perpétuer le gaullisme sans de Gaulle.

 « L’après gaullisme sera toujours le gaullisme » proclamions nous.

 Fidèles à l’énergie bouillonnante de nos vingt ans nous allions souvent nous montrer anticonformistes, jusqu’à en agacer certains… mais jamais le Général.

 Nous annoncions que nous serions l’aiguillon de la majorité et nous l’avons été.

 Ce fut à nos risques et périls, avec de justes convictions, mais la carrière des «aiguillonneurs» n’en a guère été favorisée.

 Il est vrai que rester de sages et dociles jeunes politiciens n’était pas dans nos gènes et ne constituait pas notre ambition.  N’avions nous pas édité et placardé une superbe affiche en mai 68 : «Les jeunes assument la révolution avec de Gaulle». Nous étions tellement séduits et fascinés par cet aspect de de Gaulle qui avait lancé «Et moi, je ne suis pas gêné (…) d’être un révolutionnaire, comme je l’ai été si souvent» et qui confia à MALRAUX au soir de sa vie «La Révolution ? Le seul révolutionnaire, c'était moi !»

 Pour nous le gaullisme a été et demeure une philosophie, le service de la Res Publica, un corps d’idées, une authentique générosité.

 Si la Participation dont le général m’avait confié en 1967 «qu’elle consistait à mettre les gens dans le coup» demeure un objectif plus brulant d’actualité que jamais au moment où d’autres récitent tels des automates : «démocratie participative…», il s’agit pour nous de l’adapter à la modernité du XXIième siècle. Tâche exaltante pour un mouvement de jeunes !

 Le gaullisme pour notre génération UJP n’a jamais été un cénotaphe, ni un mausolée mais toujours une pensée vivante : «Savoir épouser son siècle» nous avait encore légué de Gaulle. Le siècle a changé, de profonds bouleversements géopolitiques sont intervenus depuis quatre décennies mais les principes du gaullisme demeurent.

 Il me semble que c’est bien dans cette voie de la fidélité que vous souhaitez inscrire votre démarche de modernité de l’UJP et aujourd’hui il y a un besoin d’UJP !

 Je vous souhaite bonne chance !

 Quant à moi, quoi qu’il m’en coute, je ne suis pas aujourd’hui parmi vous, au Sénat. J’ai fondé l’UJP en juin 1965 (le 13…) entouré d’une équipe d’amis chers et fidèles qui, avec moi ont eu à surmonter un contexte compliqué. Paul AURELLI, l’incarnation de la fidélité, en a toujours été la cheville ouvrière, Yves DENIAUD est resté, dans ses éminentes fonctions de député, un UJP attaché à l’idéal de progrès qui nous a tous lié, mais il y en a tant d’autres aux hautes fonctions….

 Je vais citer certains d’entre eux : Gérard LARCHER, ancien ministre, actuel Président du Sénat, Patrick OLLIER, député-maire de Rueil-Malmaison, ancien Président de l’Assemblée nationale, Michel BARNIER, ancien ministre des Affaires Etrangères, actuel Commissaire Européen, Hervé GAYMARD, député , ancien ministre de l’Agriculture, Alain CARIGNON, ancien ministre de l’environnement, parmi les Sénateurs Jacques LEGENDRE, Pierre ANDRE et Bernard FOURNIER, à l’Assemblée nationale Alain COUSIN, Jean-Yves COUSIN, André SCHNEIDER, Patrice MARTIN-LALANDE, Jean-Pierre GRAND, Jean-Michel FERRAND et beaucoup d’autres, Hugues MARTIN qui après avoir été le suppléant de Jacques CHABAN-DELMAS, fût député-maire de Bordeaux, Michel HANNOUN, Brigitte LE BRETHON, Evelyne GUILHEM…

 Des plus récentes générations Georges TRON, député-maire de Draveil devenu Secrétaire d’Etat, Philippe JUVIN, maire de la Garenne-Colombes, député au Parlement Européen. Tous ceux que je ne cite pas sont aussi gravés dans mon cœur et ma mémoire.

 Je demeure attaché à jamais à l’UJP, mais j’ai conscience que l’on ne peut pas être et avoir été, sauf au fond de son cœur où nous avons inscrits depuis longtemps que «lorsqu’on est gaulliste on a toujours vingt ans».

 Je suis victime aussi, et je demande votre indulgence à tous, d’une incapacité à jouer les figures muséales.

 Longue vie à l’UJP !