Le quartier de la Robertsau mérite d’être traité – doit être –traité - comme tous les autres quartiers de Strasbourg. C’est une question d’équité et, disons le, de justice urbaine et sociale.

Les élus en charge de notre ville ont toujours accordé une grande et légitime importance à ses places, à ses espaces de convivialité et de rencontre.

De manière non exhaustive et à titre d’exemple on peut citer les heureux traitements qui ont été réservés à la place Saint Thomas,  place Saint Maurice, Place du Château, Place de l’hôpital, Place du vieil hôpital, Place du marché à Neudorf,…

Ces places rénovées ont contribué à embellir notre ville et, surtout, à créer une agréable convivialité pour tous.

Au cours des dernières années la Robertsau n’a pas bénéficié de tels traitements, disons que l’occasion ne s’est pas présentée.

Il se trouve que son centre, le cœur du quartier, n’est pas très lisible. Il est symbolisé par la place du corps de garde où se tient son marché et qui jouxte de manière immédiate un haut lieu de rencontres connu de nombreux strasbourgeois qui s’y sont réunis pour des occasions festives, familiales, religieuses, culturelles, politiques, c’est le Foyer Saint Louis. Depuis près d’un siècle ce foyer et ses multiples salles jouent un rôle majeur dans la vie sociale du quartier. Or ce foyer (s’Vereinshuss) ainsi que le terrain libre attenant est propriété de la paroisse catholique alors que dans l’imaginaire collectif il est considéré comme un bien public.

À la stupéfaction générale le conseil de fabrique de l’église, dans la plus grande discrétion, a décidé de le détruire et de vendre son terrain à un promoteur qui construirait une cinquantaine d’appartements. Il s’agit d’une grosse affaire immobilière et financière.

Le prétexte en est que la paroisse ne veut plus de son foyer et a décidé d’en construire un nouveau, en tous points semblable à celui construit par la paroisse protestante.

Son projet devrait se situer sur le jardin à coté de l’église, si caractéristique de l’identité robertsauvienne.

En conséquence si la ville décidait de suivre la paroisse les effets funestes seraient triples – d’une pierre trois mauvais coups -

1.     Destruction d’un bâtiment parfaitement sain et qui ne demande qu’à remplir ses fonctions sociales

2.     Densification urbaine avec son cortège d’effets néfastes sur la circulation et le stationnement. Congestion par bétonification !

3.     Destruction d’un jardin emblématique.

Tout cela s’est concocté au sein du conseil de fabrique de la paroisse en présence d’un représentant de la ville qui y siège et qui, à aucun moment, n’a fait valoir l’impact sur le cœur du quartier. La population n’en a pas été informée. Aucune concertation n’a eu lieu !

Il aura fallu la vigilance de certaines associations et de citoyens attentifs pour soulever le lièvre. Un collectif « Un cœur pour la Robertsau » s’est constitué et grâce à son engagement et à ses alertes le maire a décidé de différer la délibération du conseil municipal indispensable au projet.

Des réunions ont eu lieu dont on peut dire qu’elles n’ont eu pour seul but que de temporiser pour, in fine, laisser faire la paroisse et le promoteur. Certes le premier adjoint qu’il convient de remercier pour son engagement, a affirmé que « ce projet ne pourrait pas être le même à l‘issue de ces rencontres que celui présenté initialement par la paroisse »

Toutefois le maire a, quant à lui, affirmé que la ville ne s’engagerait en aucun cas financièrement dans cette affaire…contrairement à ce qu’elle a fait dans les autres quartiers de Strasbourg.

Je ne veux pas croire que dans son esprit la Robertsau serait un quartier laissé pour compte et je fais à nouveau appel à son sens de l’intérêt général et de l’équité entre quartiers. Il peut trouver dans ce dossier une belle occasion de valoriser son action municipale.

En effet cette malheureuse affaire a une vertu : poser clairement la question du centre du quartier. Elle serait l’occasion de redessiner le cœur du Läusch et de créer un espace de convivialité agréable et digne du quartier européen. J’avais suggéré un « atelier urbain » dont l’objectif aurait été de laisser libre cours à l’imagination et à la création urbanistique et architecturale. Il n’y eut jusqu’à présent qu’un groupe de discussion.

Pour nous il importe que le cœur de notre quartier ne soit pas irrémédiablement et définitivement gâché mais, au contraire, valorisé.

Terminons par cette belle phrase attribuée à Saint Exupéry, que l’on peut transposer à notre foyer Saint Louis :

« Nous n'héritons pas de la terre de nos parents, nous l'empruntons à nos enfants."

N'est ce pas? Nous n'héritons pas le Foyer Saint Louis de nos prédécesseurs, nous l'empruntons à nos successeurs.