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Blog-Notes Robert Grossmann

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jeudi, 29 septembre 2016

Mon dernier livre en librairie: Malraux tel que je l'ai connu

Il y a quarante ans, le 23 novembre 1976, disparaissait André Malraux,  écrivain, philosophe de l’art, combattant dans les brigades internationales contre Franco, résistant à la tête de la Brigade Alsace Lorraine, ministre de la culture…« le plus noble aventurier de ce siècle » comme l’avait appelé son ami alsacien, le père Bockel.

Le temps emporte sa part d’oubli et je me demande si les jeunes qui fréquentent aujourd’hui la Médiathèque Malraux à Strasbourg, les Centre Culturels Malraux dans l’ensemble de la France, savent qui était cette immense personnalité, quelle était son œuvre.

Le rappeler, évoquer son action et ses écrits me semble nécessaire. Plus qu’un devoir de mémoire il s’agit d’un acte dynamisant pour notre vie intellectuelle, politique et culturelle.

Redécouvrir Malraux c’est renouer avec son intemporalité, par delà les modes, et donc de son actualité

Redécouvrir Malraux est d’autant plus exaltant pour nous que les liens réels et forts qui l’unissent à l’Alsace ne constituent pas le moindre paradoxe de ce personnage hors normes. Il s’agit aussi de son aspect le moins connu.

dimanche, 4 janvier 2015

Dans le journal l'Alsace ce 4/1/205

LIVRELa Robertsau rêvée de Robert Grossmann

Aujourd'hui 05:00 par Y. B. Vu 16 fois
Robert  Grossmann, Grossmann à Strasbourg. Photo  L’Alsace/
Robert Grossmann, Grossmann à Strasbourg. Photo  L’Alsace/

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Robert Grossmann n’est pas né à la Robertsau, mais à Bischheim. Il a choisi d’habiter ce quartier qui faisait partie alors de la circonscription du centre de Strasbourg. Mais l’ancien président des jeunes gaullistes (*),qui a exercé tous les mandats, n’a jamais été député. La Robertsau, qui l’a élu en 1982 et réélu jusqu’en 2001, a cependant adopté ce « Hargelofene ».

Président de la Cus quand Fabienne Keller était maire, Robert Grossmann, 74 ans, s’est imposé dans les différentes assemblées par son action en faveur de la culture, et plus particulièrement de l’art contemporain. C’est aussi un amoureux de la littérature, qui a écrit plusieurs ouvrages, dont le dernier est consacré à ce quartier qu’il traversait, enfant, quand son père l’emmenait à vélo, pour faire des parties de pêche dans le Rhin, « fleuve mythique ». Dans Ma Robertsau , il ressuscite l’ambiance villageoise qu’il a connue encore au milieu des années 1970. Il évoque ceux qui comptaient alors, figures souvent disparues, et d’autres attachés au « Läuch » (comme l’auteure de cet article).

On sent de la nostalgie dans ces pages consacrées à la mutation d’un quartier maraîcher et ouvrier, proche des institutions européennes. Sa sociologie fut transformée en profondeur par l’urbanisation qui a fait disparaître les anciens jardins, livrés aux promoteurs, sans vision d’ensemble. L’adjoint s’est souvent trouvé en porte-à-faux avec l’équipe dont il faisait partie. Robert Grossmann rappelle son combat en faveur du château de Pourtalès, sauvé de la démolition. Lieu de promenade, le parc, racheté par la ville, abrite des sculptures d’artistes contemporains mis en place, sous sa houlette, comme président du Centre européen d’art contemporain. C’est l’occasion, dans une des séquences, de faire revivre à nouveau la belle Mélanie de Pourtalès, à qui l’élu a consacré un livre, et ses dernières recherches sur cette amie des Metternich, restée fidèle à sa Robertsau…

(*) Sur le blog de la Robertsau, on peut réécouter l’émission « Radioscopie » de Jacques Chancel avec Robert Grossmann, en 1975.

LIRE Ma Robertsau , éd. La Nuée Bleue, 160 pages, 17 €.

lundi, 22 décembre 2014

Lettre inédite de Mélanie de Pourtalès, contribution à l'Histoire

Auprès de l’Impératrice en exil en Angleterre.

Après la défaite de 1870 l’Empereur et l’impératrice sont exilés en Angleterre, à Chiselhurst.

Quelques pages du chapitre III de « Comtesse de Pourtalès » relatent les conditions précaires de cet exil et la fidélité de Pauline et Mélanie envers l’empereur déchu. J’y raconte comment Mélanie est allée solliciter Thiers, le premier président de la IIIème République, afin de récupérer des objets personnels de l’empereur, conservés aux Tuileries, Elle les lui porta en Angleterre.

Le 28 janvier 1873 Mélanie écrit au Prince de Metternich :

« Mon bon ami, (…) J’allais quitter l’Angleterre sans avoir causé intimement avec l’Impératrice, lorsque le jour même où j’allais dîner chez Prince Alfred (?) je recevais un télégramme de Chiselhurst : « Venez tout de suite me voir » . Je n’eus que le temps d’arracher ma robe, d’en mettre une montante et un chapeau et de prendre le train (…)

J’étais dans le petit salon péniblement éclairé par une petite lampe et je tenais cette chère, malheureuse et belle créature dans mes bras


La suite dans "Ma Robertsau" éditions Nuée Bleue

vendredi, 19 décembre 2014

La médiathèque Nord, à Schiltigheim, une urgence culturelle. texte publié dans DNA du 19/12/2014

Président de la Communauté Urbaine de Strasbourg et maire délégué de Strasbourg en charge, notamment, de la culture de 2001 à 2008, j’ai décidé d’accorder une importance primordiale à la lecture publique. Permettre au plus grand nombre de fréquenter les livres, de se confronter à la littérature et aux nouveaux médias me semblait une nécessité d’autant plus importante qu’en 2001 notre agglomération accusait du retard en cette matière par rapport à d’autres villes.

En accord avec les maires et les élus de la CUS j’ai mis en œuvre un plan ambitieux : une médiathèque centrale à la presqu’ile Malraux, trois médiathèques réparties aux points cardinaux de l’agglomération.

C’est ainsi qu’il y eut la médiathèque sud située à Illkirch-Graffenstaden, une pour l’ouest à Lingolsheim, et le projet nord à Schiltigheim. Ces équipements culturels étaient destinés non pas aux seules villes d’implantation mais à des bassins de vie, le centre et toutes le communes concernées, de l’ouest, du sud, du nord.

Une ambitieuse politique en faveur du livre

Ces équipements étaient accompagnés et dynamisés par une politique non moins ambitieuse, matérialisée par le pass-bibliothèque mutualisant les possibilités et les offres d’une médiathèque à l’autre, y compris les bibliothèques communales.

Des initiatives littéraires accompagnaient les médiathèques, tels le Parlement des philosophes, le prix Goncourt de la nouvelle installé à Strasbourg, les Conversations à Strasbourg qui a débouché sur Bibliothèque Idéale. Des grands écrivains rencontrèrent ainsi un nombreux public, à titre d’exemple, Le Clézio, Ricoeur, D’Ormesson, Fumaroli et tant d’autres.

Bref à l’appui d’une cohérente politique d’équipements et d’animation culturels

notre ambition était de faire de l’agglomération strasbourgeoise une capitale des lettres et de la littérature dans la ligne de Gutenberg. Le succès a été fulgurant et le nombre de lecteurs nouveaux inscrits dans nos médiathèques, titulaires du pass bibliothèque, s’est accru de manière spectaculaire.

Des retards préjudiciables

La médiathèque nord restait à réaliser. Deux villes avaient postulées pour son implantation et se sont mises en concurrence, Schiltigheim et Bischheim. De nombreuses réunions eurent lieu pour les départager et le député de cette circonscription qui était aussi mon vice président, décida de prendre les choses en main afin de trouver une solution. Au bout d’une année de négociations il me fit part de l’impossibilité de trouver un accord amiable. La balle était dans mon camp, j’ai été contraint de prendre mes responsabilités, de décider et de proposer au conseil de CUS l’une des deux villes pour accueillir la médiathèque nord. Je rappelle que le maire de Bischheim, André Kleinmosser, était de ma famille politique, le maire de Schiltigheim était proche du PS.

Inspiré par la volonté de servir au mieux les populations du nord, j’ai arbitré en faveur du lieu qui me semblait le plus central, à l’accès le plus commode. J’ai proposé Schiltigheim, la friche Adelshoffen, route de Bischwiller.

Au cours d’une réunion de travail dans mon bureau Alfred Muller accompagné par son directeur général nous a soumis un plan d’implantation que nous avons validé.

Le dossier était bouclé, la décision était prise, la médiathèque allait pouvoir sortir de terre. Il suffisait de démarrer les travaux.

Le retard accumulé dans cette opération nous conduisit aux élections municipales et Schiltigheim se dota d’un nouveau maire, Raphaël Nisand. Celui ci remit en cause le projet de son prédécesseur et modifia le lieu d’implantation de la médiathèque.

À l’issue de son mandat rien ne fut réalisé.

En clair la médiathèque Nord a pris quelques dix années de retard. Je n’irais pas jusqu’à nourrir des regrets en songeant que si j’avais choisi Bischheim la médiathèque nord fonctionnerait aujourd’hui. On ne refait pas l’histoire.

Ne plus tergiverser

Si j’en crois les informations relatées par les DNA du 17/12/2014, un nouveau changement de lieu pourrait affecter ce projet.

Je tiens à rappeler que la médiathèque nord ne devait pas être un équipement destiné à la seule ville de Schiltigheim mais bien à toutes les communes du nord de la CUS. Sa situation devait être centrale et facile d’accès.

Cumuler retard sur retard a été et reste préjudiciable au regard des besoins culturels.

La CUS, je n’en doute pas, veut poursuivre la facilitation de l’accès à la lecture publique pour le plus grand nombre et c’est cette seule préoccupation qui doit la guider.

Certes on évoque le budget à ce sujet ce qui me permet de rappeler un précepte qui m’a toujours guidé : La culture, en l’espèce la médiathèque, a un cout mais l’absence de culture coute bien plus cher.

Initiateur de cette politique je veux faire confiance au président de la CUS et au maire de Schiltigheim pour la mettre en œuvre rapidement.

vendredi, 12 décembre 2014

Mes écrivains et mes oeuvres préférées

Proust À la recherche du temps perdu – intégrale

Flaubert Madame Bovary, L’éducation sentimentale

Flaubert, Correspondance

Cioran : œuvres complètes

Saint John Perse : Exils, Amer, Vents

Georges Steiner : Réelles présences

Malraux : Anti mémoires, Les chênes qu’on abat, L’homme précaire et la littérature, Discours et Oraisons funèbres

Charles de Gaulle : Le fil de l’épée, Les mémoires de guerre

Bossuet : Sermons et oraisons

Gombrich : Histoire de l’art

Saint Exupéry : Citadelle, Vol de nuit, Le petit Prince

Molière : le Misanthrope

Racine : Iphigénie, Phèdre

Jean d’Ormesson : Une autre histoire de la littérature française

Machiavel : le Prince

Baltasar Gracian : Traités politiques, esthétiques, éthiques

François Cheng : Le vide et le plein, Le dit de Tianyl, Cinq méditations sur la mort

dimanche, 30 novembre 2014

Mon dernier livre "Ma Robertsau" lu par Claude Keiflin. Voir son blog

Robert Grossmann, « l’indien rebelle » de la Robertsau

 

Robert Grossmann, Ma Robertsau, séquences d'histoire d'un quartier strasbourgeois, La Nuée Bleue, 175 pages, 17 €

Robert Grossmann, Ma Robertsau, séquences d'histoire d'un quartier strasbourgeois, La Nuée Bleue, 175 pages, 17 €

La Robertsau, le Läuch, immense quartier maraîcher aux confins de Strasbourg il y a un siècle encore, n'existe plus. La spéculation immobilière et les arguments sonnants et trébuchants des promoteurs auxquels les derniers maraîchers n'ont pas su, ou pas voulu, résister, ont eu raison de ces milliers de hectares, vierges d'immeubles collectifs, opportunément rendus constructibles par des municipalités peu sensibilisées, à l'époque, à la protection du patrimoine et à la préservation de l'environnement. Robert Grossmann raconte ce combat perdu dans son dernier livre, « Ma Robertsau ».

Dans ses souvenirs d'enfants, la Roberstau n'est que ce quartier de petites ruelles et de forêts traversées à vélo en compagnie de son père pour aller pêcher au bord du Rhin où, hasard des rencontres, il croisa un jour le grand Churchill en train de peindre... Mais c'est là, dans ces terres presque vierges que le jeune Robert forgea son caractère de rebelle, d'indien proche de la nature toujours prêt à bander son arc en direction de l'homme blanc massacreur et à lui décocher des flèches empoisonnées qui souvent, par la suite, dans les enceintes politiques, atteignaient leur but. Enfant de Bischheim, Robert Grossmann ne s'est installé définitivement à la Robertsau qu'en 1978, quatre ans avant son élection comme conseiller général du canton, après une première tentative maladroite et avortée face au socialiste Marc Brunschweiler.

150 maraîchers au début du XXe siècle, un seul aujourd'hui

Comme tous les Hergelofene, ces immigrés de l'intérieur ou de l'extérieur qui deviennent plus indigènes que les indigènes, Robert Grossmann se prit de passion pour un quartier qui restera toujours pour lui un village. Il eut la chance, comme élu, président d'association ou simple arpenteur de rue, de croiser des figures haut en couleurs, gens du peuple, forts en gueule, bénévoles corvéables à merci, la plupart disparus, qu'il croque avec gourmandise, grand respect et immense affection. Sous ses dehors parfois bourrus, Grossmann est un sentimental, on le savait déjà, ce livre le confirme.

Et il n'est nul besoin d'être un Roberstauvien authentique et militant, comme mon amie Yolande Baldeweck, pour apprécier ces portraits de personnages qui constituent le cœur de l'ouvrage. Au détour des pages, on en rencontre quelques-uns, plus connus, comme le Dr Henri Ulrich, naturaliste et écrivain, Christian Albecker, président de l'Union des Églises protestantes d'Alsace, Pierre Karli, neurophysiologiste, l'actrice Véronique Genest et bien d'autres, dont on ne savait pas, ou dont on avait oublié, qu'ils sont originaires de la Robertsau.

Mélanie est de retour

L'indien rebelle, Winnetou Grossmann, raconte aussi les combats menés et gagnés parfois, contre des projets de démolition qui, s'ils avaient abouti, auraient défiguré la Robertsau encore bien davantage qu'elle ne l'est déjà : les restaurants Le Coq Blanc, La Vignette, le château de Pourtalès lui-même et son magnifique parc ont failli disparaître sous les morsures des pelleteuses. Robert Grossmann revient aussi sur son histoire d'amour avec Mélanie. Il n'avait pas épuisé dans son premier ouvrage, publié en 1995, les anecdotes sur la délicieuse comtesse qu'il imagine à sa table de travail, écrivant avec cet « érotisme de la plume caressant le papier, qu'aujourd'hui les doigts glissants sur un clavier ne peuvent remplacer ». Il y ajoute deux autres pages d'histoire sur les Bock-Boecklin et leur château du XIIe siècle et sur le général Ducrot et ses intuitions gaulliennes sur la guerre de mouvement... à la veille du conflit de 1870.

« Ma Robertsau » est un livre rempli de nostalgie mais qui ne saurait être assimilé à un repli sur un passé fantasmé. C'était - peut-être – mieux avant, mais l'ancien président de la CUS sait mieux que quiconque qu'il faut évoluer avec son temps. En essayant de parer ses effets trop destructeurs et en se délectant, de temps en temps, de la petite musique des souvenirs.

C.K.


jeudi, 30 octobre 2014

Ma préface au livre de Ronald Hirlé "Qui êtes vous monsieur Germain Muller"

 

Germain le thaumaturge

 

Ronald Hirlé nous propose un nouvel éclairage sur l’homme qui aura le mieux incarné l’Alsace de son temps, avec ses contradictions, ses malaises, ses espoirs, son art de vivre, son humour.

Comédien, dramaturge, écrivain, grand élu de la Ville et de la Région, Germain Muller était l’enfant d’une époque blessée.

Par son immense talent, par son charisme, par son humour il en a accompagné la convalescence, il en est devenu le guérisseur et le thaumaturge.

Son Barabli était une extraordinaire aventure de cabaret unique en France, plébiscitée pour sa capacité à faire rire. Mais au delà de la distraction il était aussi un immense et populaire cabinet de psychiatre où l’on venait décharger ses complexes.

Alsacien jusqu’à la dernière de ses fibres Germain Muller avait porté en lui les grands et les petits drames de sa région déchirée. Il en a exorcisé les démons en tentant de réconcilier les alsaciens avec eux même aux lendemains de l’occupation allemande.

Dans la foulée, jusque dans les années 1980,  il a brocardé la scène politique avec un humour décapant pour le plus grand plaisir de ses nombreux publics.

 

On a beaucoup écrit sur ce personnage hors normes, on croit tout savoir de lui mais le connaissait-on vraiment?

Chacun de ses contemporains a, bien sûr, saisi une facette de sa personnalité, les comédiens et les artistes qu’il dirigeait et qui jouaient à ses cotés, les élus qui l’ont fréquenté dans les allées du pouvoir régional, les amis du soir. Aucun pourtant n’a appréhendé le personnage dans sa complexité et pour chacun il conservait une part insaisissable.

Il n’était pas que l’homme du Barabli, il était plus que le dramaturge de « Enfin redde m’r nemi devon », il était aussi le grand élu en charge de la culture à Strasbourg et en Alsace, le fin négociateur qui a réussi l’exploit de mettre d’accord le Haut Rhin et le Bas Rhin (!) pour créer l’Opéra du Rhin. Il était le chef d’entreprise qui animait ses sociétés de spectacle, son restaurant, le Champi et celui de l’historique SNS. Il était le compagnon facétieux et inventif des soirées entre amis. Il était devenu l’ami intime de Pierre Pflimlin, ce maire emblématique de Strasbourg, ancien président du Parlement Européen, plusieurs fois ministre.

Mais qui était réellement Germain Muller ?

C’est à cette question que souhaite répondre Ronald Hirlé en nous livrant les documents de son incomparable fonds d’archives privées.

À l’appui de citations, de lettres et de photos souvent inédites la stature de Germain reprend vie et s’enrichit.

 

Nous redécouvrons aussi l’indispensable complice de cette aventure, Mario Hirlé qui maniait les notes avec la même virtuosité que Germain ciselait ses phrases. Ces deux là étaient artistiquement indispensables l’un à l’autre, ils étaient indissociables.

L’un de leurs chefs d’œuvre - il y en a tellement – est l’inoubliable chanson « D’Letschde ». Ils sont peu nombreux ceux qui ont écouté cet hymne à notre langue sans surprendre des larmes leur monter aux yeux.

Les paroles sont d’une irrésistible nostalgie, d’une infinie tristesse mais elles sont aussi le chant du sursaut. Pourtant que seraient ces paroles sans cet envoutant rythme de ballade triste ? Ronald Hirlé nous raconte l’histoire de cette chanson emblématique, elle est instructive à ce sujet.

 

Germain survivra-t-il à Germain

Aux cotés de son père, le talentueux musicien Mario Hirlé, Ronald a vécu bien des épisodes de l’exceptionnelle saga. Il nous les restitue dans cet ouvrage vivant qui nous donne l’envie de revoir Germain.

En nous relatant son parcours riche d’anecdotes, Ronald Hirlé pose une question essentielle : Vingt ans après sa mort alors que les officiels de la Ville cherchent à faire vivre une année Germain Muller à Strasbourg, Germain survivra-t-il à Germain ?

L’oubli est un compagnon de route trop efficace et les années qui s’amoncèlent jettent le voile de leur fatalité sur les hommes et les événements. Les jeunes générations ne connaissent sans doute pas grand chose de ce monstre sacré et de son aventure artistique.

Germain est de ceux qui ne doivent pas être effacés des mémoires parce que son œuvre riche de pédagogie dépasse son temps.

« Igor Raskorowitz » est intemporel tout autant que « la Chambre Civique » ou d’autres morceaux d’anthologie, au même titre et, toutes proportions gardées, que des scènes du Misanthrope ou de l’Avare.

Certes ils ont été écrits et interprétés dans un contexte historique précis et pourraient sembler datés mais ils touchent à  des traits permanents de la personnalité et du destin de l’Alsace.

 

Le livre de Ronald Hirlé était nécessaire et vient à un moment où l’oubli pourrait gagner la partie.

En ce sens il est un appel à faire revivre Germain…sur scène et, pourquoi pas, en un lieu qui serait dédié à son aventure culturelle. Tomi Ungerer a son musée, Germain pourrait avoir sa maison mémorielle.

Tous ceux, nombreux, qui plaident pour la vitalité de notre langue, l’alsacien, pour « l’alsacianité » tout court, auraient alors une source régénérante que Ronald Hirlé suggère dans cette vivante biographie.

Je forme le vœu qu’il soit entendu.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

jeudi, 2 janvier 2014

Sur le bog de Claude Keiflin (http://claudekeiflin.blog.lemonde.fr/) : Un livre de Grossmann...Liliane

 

Coutumes et légendes d'Alsace, Le Noël de la petite géante, éd. du Signe, 14,80 €.

Coutumes et légendes d'Alsace, Le Noël de la petite géante, éd. du Signe, 14,80 €.

Une fois n'est pas coutume, un livre signé Grossmann n'est pas de Robert, auteur prolixe malgré de prenantes occupations politiques. Mais de Liliane, son épouse, qui a longuement mûri ce petit ouvrage au contact des enfants qu'elle a fréquentés pendant ses années d'enseignante dans un des quartiers dits sensibles de Strasbourg. Publié aux éditions du Signe, il est magnifiquement illustré par Cécile Guinement.

"Le Noël de la petite géante" raconte une journée particulière d'une fillette géante qui habite au sommet du Hohneck et qui découvre, au matin du 24 décembre, qu'en raison d'un hiver rude et précoce, ses parents n'ont plus aucune provision pour assurer leur subsistance et celle de leurs sept filles. Comme il se doit, ils ont tous un appétit d'ogres. La veillée de Noël, avant la messe de minuit, sera bien triste sans Wiehnachstbredele. Alors la petite géante se met en route pour essayer de rassembler tous les ingrédients nécessaires pour fabriquer des bredele. Sa quête la mènera jusqu'au marché de Noël à Strasbourg. Sans bottes de sept lieues mais à pas de géant.

Elle fait bien sûr tout un tas de rencontres, inspirées des "coutumes et légendes d'Alsace", ces histoires racontées par les grand-mères alsaciennes à l'époque où les veillées n'avaient pas été détrônées par la télévision. Elle croise d'abord une mémé qui grelotte dans sa maison sans chauffage, à laquelle elle apporte une bonne provision de bois, puis des oiseaux dont le garde-manger est recouvert d'une grosse couche de neige, une vache tombée dans un précipice, un apiculteur courant après son essaim, une fermière dont les poules sont victimes d'un vilain renard, une cigogne qui ne sait pas où déposer le balluchon avec son nouveau-né, un meunier dont le moulin est envahi par des souris voraces, etc.

Quand elle rentre à la maison, son panier est rempli de tous les présents que lui ont offert les personnes et les animaux qu'elle a secourus. Un Dannebaum, des guirlandes et des produits inépuisables pour fabriquer et cuire des kilos de bredele, et même une recette de Springerle… Liliane Grossmann saupoudre son récit de mots et expressions alsaciennes, dûment traduites et expliquées en marge. La bibliographie d'une trentaine d'ouvrages sur les contes, légendes, traditions et recettes d'Alsace témoigne de la très sérieuse documentation qui authentifie le périple de la petite géante. Qu'on se rassure toutefois, ce n'est pas un austère livre à prétention universitaire. L'écriture est fluide, à la portée des petits et … des grands, de ceux du moins qui n'ont pas honte d'avouer qu'ils prennent plaisir à lire des histoires pour enfants joliment troussées.

C.K.


dimanche, 28 octobre 2012

Un pavé pour Zeller

la biographie d'Adrien Zeller, éditions du Signe

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mardi, 2 octobre 2012

Häschen, ou la dictature de l’écran, dernier opus de Huguette Dreikaus,


J’ai lu d’une traite le dernier livre de Huguette Dreikaus.

Comment le définir ? Une étrange et incroyable histoire d’amour ? Car c’est bien l’amour qui y mène une danse haletante sur écran dévorant.

 

S’agit-il d’une tranche de vie réelle dans le monde virtuel, d’un élément de passion autobiographique où la sorcellerie N.T. déroule ses sortilèges ?

En entrant dans les confessions de la première page j’ai su que je ne lâcherai plus ce beau livre inclassable, improbable, envoutant, mais surtout actuel, totalement contemporain qui conte une histoire éternelle.

Une question le traverse pour en constituer la trame, comment peut on devenir follement amoureux d’un concept, pour être plus précis, d’un être conceptuel.

Si un amour passionné lie le personnage qui s’exprime à la première personne, à un personnage virtuel, il dépasse l’auteur pour nous concerner tous. On aimerait croire que Huguette a inventé Huguette et son histoire pour nous captiver, nous distraire, nous instruire, mais il y a trop d’elle même dans cette passion et un mot qui revient souvent nous interdit de nous projeter dans une pure fiction : âme. Elle nous livre son âme !

Huguette nous entraine dans un rêve d’amour fou, sublimé, irrésistible, beau et triste comme seules les vraies amours savent en susciter. On en sort le regard vague, fixé sur l’horizon des songes, avec un peu de mal à renouer avec la « vraie vie ».

Pourtant c’est de la vraie vie que nous parle cette histoire purement virtuelle.

Il y a du suspense dans ces pages que l’on tourne avec fièvre… envie de savoir comment ça tourne, comment ça va finir. Envie de connaître le dénouement… qui nous laisse sur notre faim, qui ne se révèle pas dans la dernière page.

L’aventure est-elle achevée, définitivement ?

On ne peut manquer d’être « bluffé », je veux dire impressionné, par la construction de ce livre bien rythmé. Le style, les métaphores, la drôlerie qui noie la tristesse - à moins que ce ne soit l’inverse - ne laissent pas indifférents.

On le savait, Häschen le confirme, Huguette a un vrai talent d’écriture. Elle n’est pas simplement une comédienne de talent, elle est écrivain.

 

Sa culture et son érudition se développent dans ce livre avec finesse, humour, profondeur alors même que l’histoire est aérienne, en lévitation, voguant sur les nuages.

Naturellement, ne pas y rencontrer l’âme de l’Alsace, sa langue et les subtilités de cette terre singulière, aurait été très étonnant. Elles sont bien là, berçant cette élégie.

Au cœur de ce texte se situe, bien évidemment, la narratrice et son incroyable « grand amour », mais le personnage central, celui par qui les sortilèges se produisent, pourrait bien être l’écran ! Celui des envahissants et incontournables, PC, Smartphone  et autres tablettes, ainsi que Facebook et les SMS qui s’offrent en direct sur le papier de ces pages.

Ce livre est donc un livre jeune pour les jeunes…qui  seront étonnés que la narratrice insiste pour rappeler qu’elle est sexagénaire. Dès lors ils seront étonnés aussi d’apprendre que les grandes passions n’ont pas d’âge.

 

Qu’ils s’en souviennent, l’amour fou pourra les saisir et les emporter à tout instant, à tout moment de leur existence.

Facebook  peut en être un accélérateur. Méfiance!

NB Ah, une question demeure, vous l’aurez compris en fermant ce livre, Salinier est-il, était il un imposteur ?

 

 

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