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Blog-Notes Robert Grossmann

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samedi, 18 juin 2016

Foyer Saint Louis, nous ne lâcherons rien!

Plus je regarde la façade du Foyer Saint Louis moins je trouve qu'elle est banale, indigne d'intéret.

Quant à la salle elle a un véritable cachet, elle est belle et le tout mérite effectivement d'être conservé et rénové. 

Et là je fais abstraction de sa réelle utilité sociale qui est incontestable.

Peut-être est ce le plan de l'horreur architecturale que l'on projetait d'y substituer qui met d'avantage en valeur la qualité du Foyer. 

Aussi allons nous nous battre jusqu'au bout pour sa préservation qui est d''interet général.

Au cours des années écoulées il était question de démolir le chateau de Pourtalès, le Coq blanc, la Vignette, l'ancienne gendarmerie 119 rue Boecklin. Nous nous sommes tous moblisé et nous avons réussi à les sauvegarder. Nous avions eu toujours à faire à des maires soucieux de respecter l'avis des habitants, Pierre Pflimlin (pour le château) Marcel Rudloff le Coq Blanc, le 119), Catherine Trautmann (la Vignette).

Roland Ries ne peut pas s'inscrire dans la ligne des iconoclastes adulateurs du tout béton aussi voulons nous avoir confiance, pour le moment.

En tout état de cause nous ne lâcherons rien.


mardi, 15 mars 2016

Dé-fusionner l'ALCA pour retrouver la région Alsace

 

Les élections passées les questions demeurent

L’élection de Philippe Richert à la tête de la nouvelle région a été triomphale à la suite de l’euphorique second tour du scrutin régional.

Ce dimanche soir 13 décembre il y eut comme une marée puissante qui semblait emporter toute discussion, tout repère, toute mémoire ; plus question de débattre du périmètre de l’ALCA, ni de compétences, ni d’économies d’échelle, ni d’autres sujets qui fâchent…

Pourtant, inéluctablement, le temps de la victoire digéré, la marée va refluer  pour céder la place à des « faits têtus » et aux questions qu’ils imposent.

 

Au premier chef reste posée la question de la cohérence de l’ALCA alors que le refus généralisé de ce découpage absurde est toujours présent dans tous les esprits en Champagne Ardennes tout comme en Lorraine ou en Alsace.

La Bretagne ou la Corse ont été si souvent citées en exemple aux alsaciens qu’ils ne comprennent pas pourquoi, contrairement à elles, l’Alsace n’a pu garder sa personnalité et sa gestion propre.

L’enjeu du second tour était de battre le FN et non plus d’adhérer à l’absurde ALCA. Les alsaciens ont donc massivement voté contre le FN.

(notons tout de même près de 50% d’abstention) Pour autant ils n’ont pas plébiscité la dilution de leur région, considérée comme désastreuse. Force est de reconnaître qu’ils portent eux même de lourdes responsabilités lorsqu’ils ont démontré leur incapacité à s’unir lors du référendum perdu de Philippe Richert en avril 2013.

Une victoire de l’Alsace unie aurait dissuadé quiconque de porter atteinte à son intégrité territoriale

Le refus de « l'événement le plus grave, pour l'Alsace, depuis la fin de la guerre »

Depuis le triste épisode du référendum perdu, la résistance s’était pourtant manifestée de manière déterminée face à cette ACAL hétéroclite.

Dès l’été 2014 et tout au long de l’année 2015 une très grande majorité d’élus s’y est opposée. Les parlementaires de l’UMP unanimes l’ont exprimé sans équivoque en allant jusqu’à saisir le Conseil Constitutionnel en décembre 2014. Certains parlaient même de rejouer le référendum…

Des milliers de manifestants sont descendus dans la rue et les sondages ont exprimé de manière spectaculaire le refus de cette fusion : 85% des alsaciens (65% dans les trois régions concernées) 

En juin 2014 Philippe Richert  a tenté une opération sauvetage de meubles de dernière minute en proposant un élargissement limité à la Lorraine. Ce fut son « sommet de Wingen sur Moder » avec le président Masseret. L’Alsace-Lorraine n’était pas inacceptable et le maire de Strasbourg PS y était favorable mais à le PS de Paris rien ne prit rien en considération.

Le 17 décembre 2014 Philippe Richert, désespéré, a lâché dans le Figaro : «La fusion avec la Lorraine et Champagne-Ardenne, c'est l'événement le plus grave, pour l'Alsace, depuis la fin de la guerre (…) dorénavant, l'Alsace n'aura plus d'institution politique pour la représenter».

Enfin, ultime initiative, Daniel Hoeffel et le Professeur Herzog ont déposé un recours au Conseil d’État en septembre 2015. Il fut hélas rejeté.

Une fois le micmac réalisé l’économiste Jean-Alain Héraud a livré son analyse dans un excellent supplément des DNA (collector) de décembre 2015. Il démontre clairement que dans cette ACAL il y a « trois mondes séparés » et que « les régions composites comme l’ACAL n’auront pas l’identité et le pouvoir politique pour s’opposer à Paris et donc l’Ètat central gagne un peu de temps » Bref une mauvaise affaire sur le plan économique autant que politique.

Résistance et capitulation.

La résistance aurait du se développer et se renforcer à la fin de l’été 2015, or elle s’est éteinte. Pourquoi  ceux des partis majoritaires en Alsace qui résistaient au printemps ont-ils capitulé à l’automne ? On peut se demander s’ils n’ont pas été victimes d’une de leurs qualités emblématiques, de celles que Paris aime chez les alsaciens depuis toujours : le sens de la discipline qui les met au garde à vous à la moindre injonction du pouvoir central.

Imaginons que, forts du soutien populaire, les grands élus aient opposé un refus à Paris. Imaginons qu’ils aient refusé les élections imposées de Paris en organisant un scrutin spécifique au Conseil Régional d’Alsace… Que se serait-il passé ? Valls aurait fait donner la troupe ?

On objectera que cela est pure utopie ? Admettons…

Au secours l’Allemagne ! La France nous laisse mourir 

Malheureusement le parti autonomiste Unser Land, groupusculaire jusque là, fut soudainement dynamisé et bénéficia d’une crédibilité nouvelle en incarnant, seul, la résistance. Ses scores furent plus qu’honorables alors qu’il ne faut pas oublier que des autonomistes restent des autonomistes avec tous leurs excès. En effet, comment ne pas être consterné par la démarche de sa présidente, Andrée Munchenbach qui adressa en aout 2014 une lettre ouverte au président de la République fédérale allemande, Joachim Gauck, où l’on peut lire en se pinçant le bras

« Comme par le passé, l’Alsace est traitée comme une colonie. […] Nos enfants n’ont pas le droit de connaître l’histoire de leur peuple. Au lieu de cela, on leur casse les oreilles avec la Seconde Guerre mondiale […] Monsieur Gauck, s’il vous plaît, ne nous laissez pas mourir ! En tant que représentant du “grand frère” d’outre-Rhin, vous n’avez pas le droit de laisser disparaître l’Alsace. Nous attendons de vous que vous interveniez pour protéger l’Alsace »

Aucune solution raisonnable ne peut passer par cet autonomisme là.

Une région plus grande que certains États

Comme s’il leur fallait définitivement rompre avec les résistances d’avant l’élection les nouveaux élus régionaux proclament maintenant qu’ils sont à la tête d’une région deux fois plus grande que la Belgique, qu’ils président en quelque sorte aux destinées d’un État. Vertige…De quoi faire tourner les têtes et se crisper à leur nouveau pouvoir.

Le futur Président de la République doit dé-fusionner l’absurde ALCA.

Si un boycott de l’élection était pure utopie, il reste constant que la très grande majorité de notre population attendait sans aucun doute qu’une fois élus dans des conditions si particulières les conseillers régionaux alsaciens annoncent leur intention de demander la défusion dès l’arrivée d’un nouveau président de la République en 2017.

L’ALCA, même rebaptisée « Rhin-Champagne ou Grand Est », demeure absurde et incohérente. Ça ne marchera pas – ou très mal - et les effets de l’aberrance se manifesteront tôt ou tard.

Voir l’Alsace diluée dans une région aussi grande qu’un état ne peut effacer l’insulte au bon sens ni éteindre les légitimes frustrations. Les autonomistes seuls bénéficieraient de l’accommodation à l’ALCA dans l’abdication.

Dès lors serait-il illusoire de penser que l’on pourrait revenir à la raison ? Pour y atteindre le président Richert et nos parlementaires ont toutes les cartes en main. Dores et déjà le député Laurent Furst a interpellé le premier ministre à ce sujet.

De plus, l’absurdité du découpage socialiste ne concerne pas que l’ALCA. La plupart des nouvelles régions sont insatisfaites.

Fort de sa prestigieuse présidence de l’Association des Régions de France Philippe Richert a désormais des pouvoirs puissants pour intercéder auprès du futur président de la République.

Prenons date…

 

 Relire sur  www.robert-grossmann.com/blognotes  mon papier du 11 mai 2015

 

 

 

dimanche, 6 mars 2016

Ne pas commettre l’irréparable au cœur de la Robertsau

 

Le quartier de la Robertsau mérite d’être traité – doit être –traité - comme tous les autres quartiers de Strasbourg. C’est une question d’équité et, disons le, de justice urbaine et sociale.

Les élus en charge de notre ville ont toujours accordé une grande et légitime importance à ses places, à ses espaces de convivialité et de rencontre.

De manière non exhaustive et à titre d’exemple on peut citer les heureux traitements qui ont été réservés à la place Saint Thomas,  place Saint Maurice, Place du Château, Place de l’hôpital, Place du vieil hôpital, Place du marché à Neudorf,…

Ces places rénovées ont contribué à embellir notre ville et, surtout, à créer une agréable convivialité pour tous.

Au cours des dernières années la Robertsau n’a pas bénéficié de tels traitements, disons que l’occasion ne s’est pas présentée.

Il se trouve que son centre, le cœur du quartier, n’est pas très lisible. Il est symbolisé par la place du corps de garde où se tient son marché et qui jouxte de manière immédiate un haut lieu de rencontres connu de nombreux strasbourgeois qui s’y sont réunis pour des occasions festives, familiales, religieuses, culturelles, politiques, c’est le Foyer Saint Louis. Depuis près d’un siècle ce foyer et ses multiples salles jouent un rôle majeur dans la vie sociale du quartier. Or ce foyer (s’Vereinshuss) ainsi que le terrain libre attenant est propriété de la paroisse catholique alors que dans l’imaginaire collectif il est considéré comme un bien public.

À la stupéfaction générale le conseil de fabrique de l’église, dans la plus grande discrétion, a décidé de le détruire et de vendre son terrain à un promoteur qui construirait une cinquantaine d’appartements. Il s’agit d’une grosse affaire immobilière et financière.

Le prétexte en est que la paroisse ne veut plus de son foyer et a décidé d’en construire un nouveau, en tous points semblable à celui construit par la paroisse protestante.

Son projet devrait se situer sur le jardin à coté de l’église, si caractéristique de l’identité robertsauvienne.

En conséquence si la ville décidait de suivre la paroisse les effets funestes seraient triples – d’une pierre trois mauvais coups -

1.     Destruction d’un bâtiment parfaitement sain et qui ne demande qu’à remplir ses fonctions sociales

2.     Densification urbaine avec son cortège d’effets néfastes sur la circulation et le stationnement. Congestion par bétonification !

3.     Destruction d’un jardin emblématique.

Tout cela s’est concocté au sein du conseil de fabrique de la paroisse en présence d’un représentant de la ville qui y siège et qui, à aucun moment, n’a fait valoir l’impact sur le cœur du quartier. La population n’en a pas été informée. Aucune concertation n’a eu lieu !

Il aura fallu la vigilance de certaines associations et de citoyens attentifs pour soulever le lièvre. Un collectif « Un cœur pour la Robertsau » s’est constitué et grâce à son engagement et à ses alertes le maire a décidé de différer la délibération du conseil municipal indispensable au projet.

Des réunions ont eu lieu dont on peut dire qu’elles n’ont eu pour seul but que de temporiser pour, in fine, laisser faire la paroisse et le promoteur. Certes le premier adjoint qu’il convient de remercier pour son engagement, a affirmé que « ce projet ne pourrait pas être le même à l‘issue de ces rencontres que celui présenté initialement par la paroisse »

Toutefois le maire a, quant à lui, affirmé que la ville ne s’engagerait en aucun cas financièrement dans cette affaire…contrairement à ce qu’elle a fait dans les autres quartiers de Strasbourg.

Je ne veux pas croire que dans son esprit la Robertsau serait un quartier laissé pour compte et je fais à nouveau appel à son sens de l’intérêt général et de l’équité entre quartiers. Il peut trouver dans ce dossier une belle occasion de valoriser son action municipale.

En effet cette malheureuse affaire a une vertu : poser clairement la question du centre du quartier. Elle serait l’occasion de redessiner le cœur du Läusch et de créer un espace de convivialité agréable et digne du quartier européen. J’avais suggéré un « atelier urbain » dont l’objectif aurait été de laisser libre cours à l’imagination et à la création urbanistique et architecturale. Il n’y eut jusqu’à présent qu’un groupe de discussion.

Pour nous il importe que le cœur de notre quartier ne soit pas irrémédiablement et définitivement gâché mais, au contraire, valorisé.

Terminons par cette belle phrase attribuée à Saint Exupéry, que l’on peut transposer à notre foyer Saint Louis :

« Nous n'héritons pas de la terre de nos parents, nous l'empruntons à nos enfants."

N'est ce pas? Nous n'héritons pas le Foyer Saint Louis de nos prédécesseurs, nous l'empruntons à nos successeurs.

 

lundi, 8 février 2016

Madame Merckel et l'Ancienne Douane à Strasbourg -(presque vrai)

Avant d’aller dîner avec François Hollande dans l’excellente Winstub « Au pont du corbeau » Madame Merckel souhaitait visiter une exposition d’art à l’Ancienne Douane, comme dans le temps quand elle venait à Strasbourg en touriste anonyme. L’endroit avait de la réputation et l’on y avait toujours montré des œuvres de haut niveau. Elle en avait gardé le souvenir.

Avec ses accompagnateurs et un cortège d’officiels elle a franchi le pont non sans avoir lu les inscriptions qui rappelaient son histoire, « Schinbrücke », lieu de tortures et de peines infligées aux condamnés. « Voilà un quartier qui a une histoire dense, c’est un élément éloquent du cœur de notre Europe…Allons maintenant à l’Ancienne Douane »

Stupéfaction ! Elle s’est heurtée à une banale supérette. Fermée, de surcroit, on est dimanche.

Déçue elle a contemplé le Musée historique rénové.

Puis elle a longé le trottoir du quai  St. Nicolas, s’est arrêtée longuement devant le musée alsacien, « Un bijou », s’exclama-t-elle en jetant un rapide coup d’œil dans la cour au charme envoutant.

« Au fond, le sacrifice de l’ancienne douane sur l’hôtel de l’épicerie a privé Strasbourg d’un « carré culturel » unique : la Cour du Corbeau, le musée alsacien, le musée historique…la salle de l’ancienne douane. Dommage »

 

vendredi, 29 janvier 2016

Lettre ouverte au maire de Strasbourg sur l’état de la forêt du Rhin

 Monsieur le Maire,

Je souhaite attirer votre attention sur l’état de la forêt de la Robertsau.

Je tiens à saluer tout d’abord la remise en eau et la résurrection du Canal de Français qui était attendue par tous les Robertsauviens et tous les promeneurs du Parc de Pourtalès. Pour l’instant l’eau s’approche de l’ancien étang derrière le château et l’on aimerait savoir si cet étang sera lui aussi restitué. Voilà une première question.

 

Mais c’est l’ensemble de cette forêt que je voudrais évoquer. Nous avons la chance d’avoir des forêts de proximités qui constituent notre poumon vert et un formidable capital loisir et santé pour tous nos concitoyens. La forêt de la Robertsau s’étend sur493ha, et on attend toujours son classement en réserve naturelle. Sur le site internet de la ville on peut lire aussi : « Pour le massif de la Robertsau, un plan d'aménagement demande à être réalisé. L'objectif est de garantir, sur le long terme, un fonctionnement de l'écosystème en équilibre dynamique avec son environnement, capable d'évoluer et de s'adapter naturellement. » Très bien, mais où en est-on au juste ?

 Lorsqu’on s‘y promène on ne peut manquer d’être frappé par une sorte de déshérence, un vrai laisser aller. Tout au long des chemins et des sentiers de troncs jonchent le sol et pourrissent.

Ètat de déshérence

Il semble n’y avoir aucun entretien.

Du temps du maire Rudloff, en 1984, la ville avait développé une belle politique de valorisation de nos forêts avec introduction de chevaux de traits pour le nettoyage et aussi un plan de remise en eaux vives des bras morts du Rhin. Les effets furent spectaculaires pour la revivification de la forêt avec une satisfaction immense de tous les promeneurs amoureux de la forêt.

Aujourd’hui on a le sentiment que nettoyer les bois et curer tous ces canaux à eaux stagnantes entrelacés dans la forêt n’est plus à l’ordre du jour. Je me demande si ce laisser aller est volontaire et si la méthode actuelle de gestion de la forêt ne consiste pas, pour la municipalité, à la laisser pourrir sur pieds. Pourtant cet aspect n’est pas constitutif d’un modèle originel de la forêt que pourraient souhaiter des fanatiques du retour à la préhistoire, mais plutôt d’un incroyable désordre peu engageant. Une forêt, à plus forte raison forêt de loisir, doit être entretenue.

Cet état de fait est particulièrement visible le long de cette belle promenade qui part près du gros blockhaus après le Fuchs am Buckel, par le Bunker Straessel puis le long du Steingiessen et de ses berges jusqu’au pont de la grande digue.

Je vous invite à vous y balader, à contempler l’état de la rivière. Je suis certain que comme moi vous serez frappé par la saleté et le laisser aller qui impactent ces sites.

Au minimum pourrait-on se débarrasser des détritus et ordures qui s’y accumulent.

Parcours sportif à l’abandon

J’en profite pour évoquer aussi l’état d’abandon dans lequel se trouve, à proximité, « le parcours sportif» de la Robertsau, le premier installé à Strasbourg. Il est dans un état d’abandon décourageant. Non seulement son environnement est constitué de tronc d’arbres pourrissant à même le sol, par des traces d’anciens bras morts du Rhin où stagnent des mares d’eau croupissante, surtout, les installations sont, pour un bon tiers, hors d’usage ou carrément détruites. Je  pense notamment aux agrès 6/8/10/14/16.

Bref, ce parcours sportif est à l’abandon…ce qui est indigne de notre ville.

 

 Je vous remercie de prêter attention à mon courrier et je me permets de vous inviter à rendre cette forêt à nouveau attractive et à rénover le parcours sportif.

 

Bien cordialement à vous

vendredi, 18 décembre 2015

la langue corse vue par un Corse éminent

Au moment où l'assemblée territoriale corse est dirigée par des indépendantistes et alors que l'on y fait des discours en corse je veux me souvenir d'un édito cinglant paru dans le Nouvel Obs en 2000. C'était l'objet de mon billet de 2006. Le voici :

, question linguistique...à propos de la Corse en juillet 2000

En juillet 2000 le gouvernement de l’époque et son premier ministre Lionel Jospin négocièrent avec une délégation de l’assemblée territoriale de Corse. Ce furent « les accords de Matignon » après de sanglants événements. Angelo Rinaldi, écrivain, critique littéraire et membre de l’académie française, publia dans le Nouvel Observateur N°1866 du 10 août 2000 une tribune remarquable où il évoque notamment la question de la langue. J'aime ce texte, au style brillant, que je relis de temps en temps...

 

« Lionel JOSPIN a cru désarmer les indépendantistes corses…

Ils ne le lâcheront pas !

Notre critique littéraire, né en Corse, n’avait jamais voulu parler de son île. Après les concessions qui viennent d’être accordées aux nationalistes, il a décidé de le faire pour la première fois. Avec colère.

Tueurs à gages, plastiqueurs et hommes politiques continuant leur ouvrage, profitons en pour faire le point sur les accords conclu en juillet, à Matignon, entre le gouvernement et une délégation de l’Assemblée territoriale de Corse, où l’aigle est surtout un motif de décoration napoléonien dans la tapisserie. L’encre en est à peine sèche. De même que le sang de M. Erignac, homme de devoir, abattu de plusieurs balles.

Il y a toujours dans un marché un contrat, une clause qui en indique les limites et les faiblesses. Dans ce cas, c’est l’enseignement du corse qui signale et la légèreté et le burlesque de l’entreprise. On veut rendre son enseignement obligatoire à l’école. Passons sur le mauvais coup porté à la langue française ; pas un intellectuel, pas un artiste ne saurait y être insensible, à quelque bord qu’il appartienne. Passons pour se demander ce que diable on va apprendre aux enfants.

Une langue se fonde sur des chefs-d’œuvre, une grammaire, un dictionnaire, une orthographe, et un minimum de compréhension mutuelle à l’intérieur d’une communauté. Or un paysan du cap Corse, au nord, a besoin qu’on lui traduise les propos d’un citoyen de Bonifacio, à l’extrême sud. Nous sommes devant une mosaïque de dialectes aux accents divers que leur sonorité apparente, dans l’ensemble, à celle d’un dialecte toscan qui n’aurait pas évolué depuis le Moyen Age. Coupé depuis deux siècles de l’aire italophone qui l’eût peut-être vivifié, sous aucune forme cet idiome, qui parvient tout juste à exprimer les sentiments de l’ordinaire des jours, n’a donné naissance à un ouvrage digne d’être retenu. Et pour cause : dans un pays de bergers, une île où les lois et la civilisation arrivèrent toujours par la mer, tout s’en allait par la bouche. L’oralité régnait.

D’un bout à l’autre d’un département moins peuplé que le 15e arrondissement de Paris, on n’a guère en commun qu’une certaine façon de siffler les chèvres – je la connais encore - pour que les bêtes, à ce signal, le soir, regagnent leur enclos. Du point de vue du langage, c’est un peu court pour affronter le XXIe siècle ou utiliser un ordinateur. Et comme on ne fera pas naître par décret ministériel un Mistral corse qui écrirait une « Mireille » en dialecte pour décrocher le Nobel – et même Mistral a échoué à ressusciter le provençal -, l’Education nationale s’apprête à financer une mutilation de l’intellect des élèves, un grand saut en arrière. On attendrait que passéisme, réaction et régression se brisent au contact de la réalité si le reste n’avait pas été décidé à partir des mêmes critères et aux dépens de l’unité de la République.

Un pays de bergers, disions-nous aux lecteurs continentaux. Donc une société de type sylvo-pastoral. Donc une division de celle-ci en clans. Devant la précarité de l’existence, la difficulté d’obtenir individuellement justice dans l’anarchie générale, on faisait allégeance à un chef qui en retour – en « parrain » doublé d’une sorte de nourrice - assurait protection et passe-droit. Peu importait qu’à Paris il se classât à droite ou à gauche. Dans certaines familles, on détient, de fils en neveux ou cousins, une écharpe de parlementaire depuis Charles X… Rien n’a beaucoup changé, et seuls les communistes issus de la Résistance au fascisme durant la guerre sont parvenus, dans leurs municipalités, à introduire la notion de bien public, et la pratique de la solidarité à l’égard de chacun.

Il n’est que de voir la photo des négociateurs reçus à Matignon : on se croirait dans l’arrière-salle d’un cabaret de New York, lorsque, las de la guérilla fratricide, les chefs de bande, sous la houlette d’un arbitre, se serrent autour de la table pour ménager une place à des cadets turbulents auxquels, par un redécoupage de la ville en zones d’influence, un quartier vient d’être concédé. Ainsi un clan s’est-il ajouté aux précédents qui, prenant acte de la défaillance du pouvoir central, ont composé avec lui dans l’intérêt de la survie de leur clientèle. Et les nouveaux ont obtenu un brevet d’honorabilité et un quitus pour des méthodes en tout point analogues à celles des squadristi de Mussolini, qui, meurtres et gourdins à l’appui, vinrent à bout de la fragile démocratie parlementaire dans la Péninsule. Le Duce, d’ailleurs, n’a-t-il pas arrosé de subsides le mouvement autonomiste corse avant la guerre, comme Hitler, un moment, a misé sur les séparatistes bretons ?

On se refuse ici à utiliser le mot « nationaliste » car ce serait déjà admettre ce qui n’existe pas plus que la nation solognote ou auvergnate. A moins d’assimiler à un peuple un groupe de petits Blancs dont l’idéologie raciste est tout à l’opposé de la tradition insulaire faite d’hospitalité. Comptant désarmer une minorité qui s’exclut du champ de la démocratie et refuse le verdict des urnes, M. Jospin muselle la majorité d’un électorat qui, déjà, n’en mène pas large sous le poids de l’omertà. Tout à son ambition, qui est de rejoindre dans les annales les titans que furent Paul Deschanel, Emile Loubet et René Coty, le conseiller général de Cintegabelle a voulu obtenir la tranquillité qui plait aux électeurs. Mais de quelle République serait-il président si demain Savoyards, Alsaciens, Bretons réclamaient la même chose que les tontons macoutes de Corté, c’est-à-dire l’indépendance à terme ?

Futur roi de Bourges, M. Jospin appartient à la lignée des SFIO à la Guy Mollet, ce président du Conseil qui à Alger, sous le jet des tomates lancées par des manifestants, changea de politique sur-le-champ, aggravant l’horreur d’une guerre. Encore Guy Mollet était-il aux prises avec l’un des phénomènes importants du siècle : la décolonisation. M. Jospin aurait-il assez de nerfs pour soutenir un conflit avec Monaco si d’aventure l’aimable prince lâchait sur la France, depuis son Rocher, la garde à plumets veillant aux portes de son palais ? On n’est est pas certain.

Dans ces colonnes, Jacques Julliard notait avec raison qu’il a fallu un François Mitterrand pour liquider le socialisme. Le successeur au PS du satrape cartomancien qui semblait descendre des Valois par les astrologues risque d’attacher son nom à la braderie d’autres valeurs. L’homme d’Etat sait d’instinct que l’Histoire, si réduit qu’en soit le théâtre, est toujours tragique. Le politicien modèle Edgar Faure finasse et nomme une commission, persuadé que, d’un coup de raquette, il va renvoyer la grenade dégoupillée dans le camp adverse.

Dans son vol de bourdon vers l’Elysée, les indépendantistes ne lâcheront pas Jospin ; ils sauront, en individus déterminés qu’ils sont, lui arracher les ailes et les pattes, l’une après l’autre, comme les gamins pervers le font avec des mouches dont ils observent ensuite l’agonie avec jubilation. On dit que les protestants lisent beaucoup la Bible et les Evangiles. L’actuel Premier ministre en a sans doute perdu l’habitude dans sa jeunesse trotskiste. Dans Matthieu (XI,12), il eût utilement trouvé un avertissement : « Le royaume des cieux se prend par la violence et ce sont les violents qui l’emportent ».

Quant à M.. Chevènement, nous aurait-il joué Valmy en « intermittent » du spectacle ? Le Montagnard, serait-ce pour lui un emploi en CDD ? Si quelque républicain le rattrape sur une plage, qu’il veuille bien lui chuchoter à l’oreille : brève est la vie, mais cependant assez vaste, même en Corse où elle ne vaut plus un clou de cercueil, pour contenir et Verdun et Montoire. 

A.R.

mercredi, 16 décembre 2015

Publicité européenne ratée, pollution visuelle réussie.

 Les responsables publics, poussés par leurs concitoyens, ont entrepris une lutte efficace contre la pollution visuelle invasive. Des panneaux publicitaires installés n’importe où dans nos villes ou villages ont été enlevés pour éviter de trop dénaturer la qualité du paysage urbain.

Le décret n° 2012-118 du 31 janvier 2012 pris en application de la loi "Grenelle II" fixe les règles en la matière. C’est ainsi que la publicité est interdite, notamment, sur les monuments naturels, les plantations, etc…

Or voici, à contre courant un exemple étonnant d’agression visuelle imposée par la ville elle même.

En effet, notre municipalité si attentive à la qualité de vie, adepte d’une ville écologique, soucieuse de ne porter atteinte à la moindre herbe folle sur nos trottoirs, pollue elle même de manière grossière la vision de l’entrée de l’« ex quartier vert de Strasbourg », La Robertsau.

À l’entrée du quartier se situe la villa Kayserguet. C’est l’endroit malencontreusement choisi par le maire pour tenter de magnifier l’Europe de Strasbourg. Jouant « petits bras » il l’a choisi et imposé contre l’avis de bien des représentants associatifs et des élus.

En effet pour incarner l’Europe à Strasbourg cette maison est à la fois sous dimensionnée et excentrée par rapport aux Parlement Européen.

Voilà donc la villa Kaysersguet transformée en « lieu d’Europe ». On peut noter que le mot « lieu », indéfini et vague, est à lui seul une déclaration d’intention. Il n’est fréquenté par quasiment personne au point d’être souvent déserté, les journées portes ouvertes du P.E. le 2 mai 2015 en ont été une cruelle illustration, 20.000 visiteurs au P.E., pas un chat au lieu d’Europe.

Or la villa Kaysersguet dispose d’un superbe parc.

Il est emblématique de cette entrée du quartier au point que nous avions décidé, au moment où notre équipe était aux responsabilités, d’abattre les murs qui le cachaient afin que chacun puisse en profiter.

À travers les grilles le parc, de beaux arbres et une vue sur la villa, s’offraient ainsi aux passants, une trace de cette nature qui caractérisait jadis la Robertsau…

Hélas ce « lieu d’Europe » est si mal adapté à sa fonction qu’il ne dispose en son sein d’aucun espace suffisant pour installer des expositions ou des animations. Or créer des animations attractives pour faire voir et faire vivre l’Europe devait être une des fonctions premières d’un Eurodôme ou d’une Maison de l’Europe digne de ce nom alors que Bruxelles, ambitieuse, a créé un grand Musée de l’Europe, tout près de son parlement.

Notre « lieu » est étriqué, charmant certes, puisqu’il s’agit d’une de ces anciennes campagnes qu’affectionnaient les bourgeois fortunés de la ville, mais certainement pas destiné à accueillir les centaines de visiteurs qui se pressent quotidiennement devant l’immeuble du parlement qui leur est désespérément fermé alors qu’ils aimeraient en savoir plus sur l’Europe de Strasbourg.

Coincée et prise à son propre piège, la municipalité n’a donc rien trouvé de plus intelligent que d’installer des expositions à l’extérieur, sur les grilles du parc. Affiches publicitaires ! Sans mettre en cause la qualité de ce qui est ainsi montré l’effet est trois fois désastreux ! 

1)   Pratiquement personne, au grand jamais, ne s’arrête pour les consulter ou les lire.

2)   Le parc est masqué, soustrait à la vue de nos concitoyens par une accumulation de panneaux blancs. La nature est dissimulée.

3)   De ce fait une criante pollution visuelle agresse chacun, de près comme de loin.

N’importe quelle firme privée se verrait immédiatement interdire ce genre d’exaction quasi délictuelle au regard des dispositions législatives.

Ce « lieu » d’Europe » réalisé à coup de gros budgets est donc un leurre, une erreur, une faute.

Détail que tout cela, dira-t-on, il y a des problèmes plus importants dans une grande ville. Mais le diable est dans le détail et celui là est révélateur, il est significatif à la fois de la force de la volonté d’Europe de la municipalité et de sa conception de la ville.

J’ai toujours pensé qu’il fallait être amoureux de sa ville pour l’embellir et la faire fonctionner.

jeudi, 3 décembre 2015

Jean Batigne vient de mourir, la culture est en deuil

Le choc est rude, l’émotion vive. On connaissait son immense culture musicale, son talent de musicien incomparable, on savait le rôle qu’il a joué à Strasbourg en créant les Percussions de Strasbourg puis Alsace Percussion. Je veux pour ma part évoquer l’homme de cœur, l’organisateur culturel débordant de manière permanente d’un enthousiasme rayonnant et communicatif. Je me souviens de « La fête au château » que nous avons organisé ensemble à Pourtalès en 1985 puis en 1989. 

Avec lui nous avions créé l'association Art Fondation Mélanie pour créer des événements culturels dans le parc de Pourtalès et à la Robertsau qu'il habitait alors. Que de riches souvenirs dont la soirée percussion qu'il anima au centre sportif de la Robertsau à l'occasion d'une manifestation Art et Sport.

 Avec sa disparition la culture est en deuil. C’était mon ami et je le pleure

mardi, 13 octobre 2015

STRASSBURG versus STROSSBURI

 

L’Alsace n’en finit pas avec sa psychanalyse. Pour son malheur ses remords et ses remèdes sont souvent à retardement. Après minuit docteur Schweitzer.

Sa langue semble être l’un de ses grands problèmes. On aura beau se gausser et affirmer qu’à coté des questions sociales et économiques celle de la langue est totalement subalterne. Que nenni ! Car tout ce qui est de l’ordre du symbole est souvent essentiel.

Petit retour en arrière, n’en déplaise à ceux qui voudraient gommer l’histoire au nom de la fuite en avant, regarder devant soi ne signifie pas occulter le passé.

Donc pendant l’annexion nazie, de 1940 à 1945, parler français pouvait conduire au camp. L’oppression était absolue.

Après la Libération, terme qu’avec le snobisme de l'ingratitude on a tendance à ne plus utiliser, (c’est une si vieille histoire ce serment de Kouffra et tutti quanti…). Après la Libération donc c’est avec délices et vigueur que chacun cultiva le français qui fleurait si bon la liberté. N’oublions pas un détail utilisé de manière constante par les pleureurs de la langue perdue : Ce n’était pas le « colonisateur » parisien qui a inventé et propagé le slogan « c’est chic de parler français », ce sont des « éclaireurs France » bien de chez nous, fiers de rendre ce culte au libérateur et à sa langue. Chacun d’ailleurs voulait alors se défaire de la langue des nazis

Au quotidien, en famille, avec les amis, dans la rue, l’immense majorité pourtant continuait à parler sa langue maternelle, l’alsacien.

Hélas sa pratique s’amenuisa au fil des décennies et lorsque Germain le chanta nous pensions que nous n’avions plus que nos larmes, mais de vraies larmes, pour pleurer.

Dès lors ce fut le sursaut. Nous ne voulions pas être « d’Letschde ».

Les élus furent montrés du doigt et sommés de mettre en œuvre une politique de sauvetage de l’alsacien forte et efficace. L’école fut sollicitée et là, gros malaise : peut on enseigner l’alsacien à l’école, celle langue « du plaisir », de l’intimité, de la familiarité ?

On expliqua qu’à juste titre la forme écrite de l’alsacien c’était l’allemand qui lui n’avait jamais été pratiqué au quotidien. Et hop il faut donc enseigner l’allemand à haute dose.

Sans entrer dans des détails trop fastidieux on peut constater que pour toutes les générations d’après guerre, et ça en fait un sacré nombre, l’allemand est aujourd’hui la langue de notre voisin, outre Rhin. Aucun de ceux qui sont nés en 1950, 60, jusqu’aux années 2000 et suivantes n’a jamais vécu l’allemand comme sa propre langue, contrairement à ceux qui étaient nés, comme René Schickelé, Albert Schweitzer et leurs contemporains, entre 1870 et 1914 alors que l’Alsace était allemande.

La seule mesure qu’avec bonheur les élus ont pu mettre en œuvre pour honorer l’alsacien était d’apposer des panneaux à l’entrée de leurs villes ou villages, de mettre les noms de leurs rues en alsacien. Il ne serait venu à l’esprit d’aucun de les transcrire en Hochdeutsch. 

C’est ainsi qu’avec beaucoup de plaisir on peut lire :

Mulhouse : Mìlhüsa et non pas Mülhausen. Mais aussi, à titre d’exemple,

Pfulgriesheim : Fülgriese, Masevaux : Màsmìnschter, Sainte-Marie-aux-Mines : Màrkìrich, Ernolsheim : Arelse, Duttlennheim : Dìttle, Kaysersberg : Kaisersbari

 

À Strasbourg aussi les panneaux des rues ont été doublés avec leur appellation traditionnelle en alsacien. Il est vrai que quelques farouches partisans d’une Alsace bilingue dans l’esprit de 1870 à 1914 (je n’évoque pas 1940 à 45…) militent avec ténacité et vigueur pour un bilinguisme allemand.

J’ai vécu un de ces épisodes éloquent, le 24 octobre 2013, au sein de la commission de dénomination des rues mise en place depuis des décennies par le maire de Strasbourg. On nous proposa une longue liste de rues et nous devions proposer, après débat, une appellation en alsacien.

L’un des membres alors récemment introduit par le maire souhaitait que tout soit en hochdeutsch. Exemple Place Kléber, Kleberplatz ! Place Gutenberg, Gutenbergplatz, route de Brumath, Brumather Stross

Pour chaque alsacien Kléber c’est et ça a toujours été Klewer, Gutenberg, Guteberri, Brumath, Brumth. Donc Klewerplatz, Gueteberriplatz, Brumtherstross. Évidemment il y faut la prononciation. À une très grande majorité c’est la dénomination alsacienne qui fut adoptée. Un débat annexe eut lieu où certains évoquèrent le nom de Strasbourg. Strossburi obtint la majorité.

En effet quel autre but veut-on atteindre avec ces plaques de rues bilingues sinon renouer avec la tradition du passé des strasbourgeois, célébrer leur langue.

La question pour Strasbourg est de savoir si ce qui s’applique pour les rues est valable pour le panneau indicateur de la capitale de l’Europe. Au regard de l’objectif à atteindre et pour rester dans la tradition, il faudrait inscrire Strossburi.

Si le maire a un autre objectif c’est son affaire. Mais que penseraient tous ceux venant vers notre ville s’ils voyaient Strassburg ? À n’en pas douter ils se croiraient en Allemagne comme beaucoup le formulent déjà.

Après tout ne vaudrait-il pas mieux laisser le panneau Strasbourg en l'état?

mercredi, 30 septembre 2015

Mon interview dans Or Norme: il faut remuscler la République. Il faut des intellectuels agissant

Pascal Boniface, déclarait il y a deux ans, à l'occasion de la parution de son ouvrage « Les Intellectuels intègres » : « Auparavant, les responsables politiques lisaient les œuvres des intellectuels. Aujourd'hui, ils lisent la quatrième de couverture et regardent la téléréalité pour se sentir plus proches de leur base et il y a une perte d'influence des milieux intellectuels intègres par rapport à la classe politique, plus sensible aux arguments marketing des intellectuels faussaires ». Partagez-vous cette observation ?

 

Le jugement de Pascal Boniface est sévère. Dans ses écrits il ne dénonce pas seulement les « responsables politiques » mais effectue son propre tri entre les intellectuels. Pour lui certains sont des « faussaires », voilà qui est péremptoire et peut-être trop partial. Cela dit sa démonstration globale reste valable.

Il a raison, les « responsable politiques » ne lisent pas de livres, peut-être même pas les quatrièmes de couv…Il ne vont quasiment jamais dans un musée contempler une œuvre d’art, ils vont rarement aux concerts, sont trop rarement en contact avec les artistes, les créateurs qui sont les visionnaires de notre société.

On ne peut pas affirmer pour autant qu’ils sont fascinés par la téléréalité. Cette méchante affirmation est cruelle autant pour « leur base » c’est à dire le peuple que pour eux même. Sans doute a-t-il voulu dire que les élus veulent ressembler à leurs électeurs pour capter leurs suffrages. Dès lors ceux la les éliraient et auraient donc les élus qu’ils méritent. En effet, globalement, ce n’est pas glorieux.

 

N'est-ce pas là, d'une certaine façon une dérive du politique ? J'entends par là qu'à force de vouloir répondre à l'immédiateté, à l'émotion publique, ou à l'enjeu électoral à court terme, les politiques en oublient ou s'interdisent toute vision politique et/ou sociétal à moyen ou long terme ?

 

Oui ! C’est le système qui produit ces dérives. Les politiques ont les yeux rivés sur les sondages avec une seule préoccupation pour ne pas dire une obsession : leur élection ou leur réélection. Ils ne sont plus que dans l’immédiateté et le court terme. On n’observe guère de vision à long terme. Un président de la république sous le quinquennat est quasiment en campagne électorale permanente.

 

Ce point est particulièrement intéressant en ce sens que l'émotion publique ne répond pas à une réflexion de fond et écarte de fait de la sphère d'intervention ou d'action politique les intellectuels eux-mêmes. Depuis plusieurs années déjà, une intervention armée, pour ne prendre que cet exemple, ne se décide plus tant par souci de vision à long terme et de défense d'intérêts nationaux ou collectifs vitaux qu'en réaction à une émotion populaire réelle ou construite par quelques spin doctors afin de préserver, au mieux, quelques intérêts privés à court terme... Je pense notamment ici à l'Irak ou à l'Afghanistan, en ce qui concerne les Etats-Unis, mais je pourrais également citer la Libye en ce qui concerne la France. Autant d'échecs patents de l'intervention occidentale, faute d'avoir associé au renversement des régimes en place une vision et des moyens à long terme susceptibles d'aider à la refondation réelle de ces Etats.

 

C’est parfaitement exact et vos exemples sont d’une totale pertinence. J’ajouterais que l’influence des spin doctors est en effet très prégnante. À titre d’exemple, en suivant BHL, Sarkozy s’est sans nul doute cru préservé du coté des intellectuels. Il y a là comme une fascination du bling bling intellectuel.

Pourtant on ne peut pas dénier à nos grands élus une réelle intelligence et par conséquent rien ne les empêcherait de réfléchir par eux même et de s’inscrire dans le long terme.

 

Sur l'exemple libyen, comme dans d'autres par le passé, l'intervention militaire française s'est notamment appuyée sur l'interventionnisme médiatique et politique de Bernard Henri-Levy, que de nombreuses personnes considèrent encore comme un intellectuel. Mais lorsque l'on échange avec des militaires, ceux-ci ne cachent guère que le principal objectif de cette intervention était d'exposer les progrès de l'armement militaire français afin d'en relancer les ventes. Le tout sous couvert, si l'on reprend le discours du gouvernement de l'époque, de volonté de rétablir la démocratie dans ce pays, avec les résultats que l'on connaît aujourd'hui faute de vision à moyen/long terme et de « service après-vente »... Sans verser dans le cynisme absolu, n'y a-t-il pas, au moins sur ce dossier, une triste convergence d'intérêts particuliers entre ces différentes parties ? L'intellectuel s'octroie une importance médiatique sur le moment et justifie, par ricochet, une influence politique de façade – tout ou presque ce que Boniface associe à « l'intellectuel faussaire » ; le politique gagne en respect et soutien auprès de l'opinion publique, ce qui n'est pas négligeable d'un point de vue électoral ; et l'industrie de l'armement se relance sur le plan financier, avec – pour le politique – la perspective d'ajouter au PIB quelques résultats économiques prometteurs en cours de mandat...

 

Disons en raccourci que la triste affaire de la Lybie tout comme celle de l’Irak pour les États Unis illustre parfaitement une absence de projet durable doublé d’un manque de hauteur de vue. Alors ? Inconscience ou cynisme absolu ? Les résultats sont catastrophiques et l’arroseur est déjà partiellement arrosé.

 

Sur un autre dossier, plus franco-français, celui de la laïcité. Certaines voix comme celle d'Elisabeth Badinter se font entendre, mais celles-ci se font relativement rares dans un contexte, non seulement de radicalisation religieuse – dont chrétienne, comme l'a montré le débat du mariage pour tous – mais peut-être plus encore au regard d'une communautarisation croissante de notre société. Comment expliquez-vous ce silence et cette incapacité chronique des politiques à s'entourer ou, du moins à consulter et écouter, de véritables experts de ces questions en amont de leurs prises de décisions ? Le simple principe de laïcité – dont se réclame la France – n'a, à titre d'exemple, même pas d'existence juridique, ce dont nul ne semble s'émouvoir alors que cette définition devrait, en toute logique, être la pierre angulaire de la réflexion intellectuelle et politique... Et pourtant, rien. On commente, on fait des lois, mais nul, dans le champ politique, ne s'étonne de la fragilité des fondations de cette laïcité dont se réclame la France...

 

Il est un fait, et je le dis avec tristesse, la République ne réussit pas à prendre le pas sur les communautarismes, à s’imposer avec ses principes et ses lois face à eux. Ce constat est plutôt récent. « Liberté Égalité Fraternité » proclame la primauté du citoyen, de l’individu sur les communautés de quelque nature qu’ils soient. Il ne devrait y avoir qu’une seule communauté en France, qu’un seul peuple, le peuple de France. Or on observe comme un éclatement de la République en de nombreuses communautés, religieuses, ethniques, régionalistes. Quand j’entends d’ailleurs les journalistes ou les hommes politiques parler de « peuple de gauche ou de peuple de droite, » cela m’afflige. Ces appellations suscitent l’affrontement. De même pour « peuple de Corse ou peuple d’Alsace ». Quelle serait donc la définition d’un virtuel peuple d’Alsace ? Qui ferait partie de ce peuple là, qui en serait exclu ? Le paroxysme se manifeste dans les communautarismes religieux dont certains confinent à l’intégrisme porteur de violences. En ce début du XXIème siècle la République est faible et je ne sais pas si la phrase que l’on prête à Malraux « Le XXIième siècle sera religieux » emportait ce genre de prédiction maléfique. Pour beaucoup la laïcité est un concept abstrait et mal défini voire hostile. Certains la considèrent comme un concept inamical alors qu’elle est tout le contraire, la base même d’un vivre ensemble fraternel. Il y aurait en effet un travail urgent à faire consistant à faire valoir les acquis et les valeurs positives de la laïcité.

 

Autre point particulièrement tabou, cette fois, tant sur la scène intellectuelle, politique que médiatique, et toujours en rapport avec la laïcité et les valeurs de la république, la radicalisation religieuse a pour conséquence qu'un nombre, certes encore minoritaire mais croissant, de pratiquants religieux placent les lois spirituelles au-dessus des lois nationales. Or, taire cette réalité risque d'avoir deux effets dévastateurs : la rupture du sentiment d'appartenance et d'unité nationale d'une part, et le risque que l'extrême droite ne finisse, par absence de débat ouvert et transparent sur cette question, par s'emparer seule de ce thème mais à des fins toutes autres que celles de la défense du vivre ensemble... Politiquement, le silence politique des intellectuels sur cette question n'est-elle pas quelque part coupable et potentiellement dangereuse ?

 

Comme je le suggère dans mes précédentes réponses, la République doit recouvrer sa primauté dans tous les domaines, surtout le religieux. Il ne peut y avoir qu’un seul corps de lois, celles de la République. Aucune « loi », aucune règle ne peut s’imposer aux lois de la République. Les partis traditionnels, dits de gouvernement, semblent trop timides sur ce terrain, préoccupés par des considérations électoralistes, donc démagogiques. Peut-être est-ce le courage qui fait le plus défaut. Pour reprendre votre expression « le silence politique des intellectuels » est en effet réel ; il faut des intellectuels agissants. Dans ce domaine crucial de la « remusculation » de la République il est nécessaire d’avoir l’éclairage de la pensée, donc des intellectuels, mais il y faut surtout une action efficace, inspirée par la pensée, donc une volonté politique forte. On a donc le droit de rêver à une synergie républicaine conduite par des intellectuels politiques et des politiques intellectuels. À mes yeux elle est urgente.

 

Sur un plan plus local, enfin, Strasbourg a accueilli par le passé le Parlement des écrivains, celui des philosophes, puis les Bibliothèques idéales. Strasbourg dispose également d'un réseau d'enseignants-chercheurs parmi les plus réputé d'Europe, mais, au-delà de ces manifestations publiques, la présence de ces compétences paraît très largement sous-évaluée dans la définition quotidienne des politiques locales. En tant qu'ancien Président de la CUS, et homme attaché à la défense du monde culturel,  comment expliquez-vous cela ? Cette richesse intellectuelle ne serait-elle finalement qu'une vitrine médiatique de la ville sans en être autorisée à être un acteur à part entière, au moins dans l'aide à la définition des politiques publiques ? Et, en ce cas, avec quelles conséquences à moyen ou long terme ?

 

Un maire peut-il échapper à l’électoralisme, à la démagogie, à la tentation de « vouloir faire plaisir », donc à se situer dans l’immédiateté ?

Avec le Parlement des philosophes, Bibliothèques idéales, le Goncourt de la nouvelle, la création des médiathèques et leur navire amiral, « la Malraux », nous avons voulu installer Strasbourg comme capitale du livre, dans la tradition de Gutenberg ; en faire un foyer de la pensée en Europe. Permettez moi de le dire, ce n’était certainement pas de l’électoralisme ni inspiré par la tentation de l’immédiat. La création du musée Tomi Ungerer, l’ouverture du musée historique, la restauration de la salle Hans Arp – Théo Van Doesbourg - Sophie Taüber à l’aubette, l’installation d’œuvres d’art dans la ville, la création du festival des Deux Rives, participaient de cette volonté.

Nous avons souvent associé l’université à nos projets, nous avons réuni régulièrement les acteurs de la vie culturelle dans leur diversité, nous avons dialogué avec les représentants de l’Europe : Parlement, Conseil de l’Europe, Cour Européenne des Droits de l’Homme. Pourquoi ? Parce que ce foyer de la pensée, fondé sur la ville du Livre pouvait et devait être la capitale des Droits de l’Homme. Non pas seulement dans les discours mais exprimée et vécue au quotidien. Poursuivre cette idée demande un grand investissement politique. Il y faut de la hauteur de vue et surtout une farouche volonté politique.

Pour répondre plus précisément à votre question, j’ai toujours pensé, je l’ai dit et écrit : la Culture doit être au cœur de toute action publique. Je forme le vœu que nos successeurs à Strasbourg en prennent pleinement conscience et je n’ai aucune raison de désespérer sur ce plan…

 

Permettez moi une réflexion personnelle en marge de cet entretien…Nous vivons une mutation profonde de notre société, les modèles anciens auxquels nous nous accrochons s’effondrent imperceptiblement sous nos pas, sous nos yeux. Il n’est pas excessif de dire que nous vivons une révolution culturelle et il est impératif  de la maîtriser. Pourquoi Strasbourg n’installerait-elle pas un laboratoire de la prospective civilisationnelle…laïcité, esprit républicain, culture ? Bref réfléchir à maitriser cette révolution sournoise et implacable plutôt que de la subir.

Bon…je rêve !

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