Le 6 novembre le maire de Strasbourg va célébrer le 20ième anniversaire du Musée d’Art Moderne et Contemporain.

Il a intitulé l’événement « Soirée sentimentale ». On en est tout ému.

Le programme prévoit deux tables rondes où, parmi un certain nombre d’experts, quelques élus sont annoncés.

Tout d’abord on voit réapparaitre avec plaisir un ancien adjoint à la culture qu’on aura  eu tort de négliger ; le verbe de Norbert Engel est toujours éclairant.

Catherine Trautmann, ancienne ministre, sera la figure de proue de son groupe de débats.

L’autre groupe est illuminé par un élu de poids, Alain Fontanel, l’excellent premier adjoint chargé de la culture.

La soirée sentimentale se déroulera donc entre amis ou presque.

Naturellement il convient de saluer aussi la grande qualité des experts qui encadreront les élus pour ce débat.

 

On ne s’étonnera pas que l’annonce de cette manifestation ait animé sentimentalement  ma mémoire.

Inauguré en 1998 le MAMCS a donc 20 ans, toutefois cette chronologie mérite quelques précisions et je ne doute pas que les débatteurs des deux tables rondes évoqueront son historique complet qui ne débute pas du tout en 1998.

Je dois à la vérité historique d’une part, à la mémoire de Marcel Rudloff d’autre part (dont Roland Ries se réclame souvent) de rappeler quelques faits.

 

Il y a une trentaine d’années nous étions quelques un a presser le maire de l’époque de créer enfin un musée d’art moderne et contemporain digne de notre capitale européenne. Le conservateur en chef des musées, l’éminent Roland Recht, déploya tout son talent pour convaincre Marcel Rudloff qui y consentit en 1987. Le conseil municipal adopta une délibération à ce sujet. 

L’opération fut lancée et Marcel Rudloff annonça sa réalisation dans deux ou trois ans, soit en 1990.

Je fis partie du jury réuni en 1988 pour choisir parmi bien des grands noms de l’architecture mondiale dont notamment Isosaki et Rogers, celui aurait l’honneur de porter le projet. Adrien Fainsilber fut choisi.

 

Tout était fin prêt, la construction pouvait démarrer dès 1989 lorsque l’élection municipale écarta Marcel Rudloff au bénéfice de Catherine Trautmann.

Le projet de MAMCS fut stoppé net, le monde culturel désespéra et les années passèrent.

Pour justifier ce déni de musée on entendit toutes sortes d’arguments colportés par la rumeur semi officielle: Cela coute trop cher… Il n’y a pas de vraie collection… Ce n’est vraiment pas une priorité etc.

Lors d’une de ses visites à Strasbourg le directeur des musées de France Jacques Sallois me prit à part : « On a le sentiment qu’ils ne veulent pas le faire, c’est étrange »

Après neuf longues années le feu vert fut enfin donné pour un projet amputé de locaux techniques en sous sol et d’une terrasse que Fainsilber avait destiné aux expositions de sculptures.

Bref, inauguration le 6 novembre 1998 !

J’ai des souvenirs prégnants de la cérémonie d’ouverture où je pris la parole au nom du président de la région Alsace, Adrien Zeller, dont j’étais vice président chargé de la culture.

Je me permets à ce sujet de suggérer au maire de consulter ses archives pour nourrir son allocution lors de la cérémonie d’anniversaire.

Dès lors je n’ai aucun doute qu’à l’occasion de cette soirée sentimentale il n’évoque la genèse du MAMC dans sa réalité historique.

Pour autant point ne sera besoin de faire repentance pour neuf années perdues au détriment de l’art contemporain, mais il aura la satisfaction d’avoir rendu à César…