Président de la Communauté Urbaine de Strasbourg et maire délégué de Strasbourg en charge, notamment, de la culture de 2001 à 2008, j’ai décidé d’accorder une importance primordiale à la lecture publique. Permettre au plus grand nombre de fréquenter les livres, de se confronter à la littérature et aux nouveaux médias me semblait une nécessité d’autant plus importante qu’en 2001 notre agglomération accusait du retard en cette matière par rapport à d’autres villes.

En accord avec les maires et les élus de la CUS j’ai mis en œuvre un plan ambitieux : une médiathèque centrale à la presqu’ile Malraux, trois médiathèques réparties aux points cardinaux de l’agglomération.

C’est ainsi qu’il y eut la médiathèque sud située à Illkirch-Graffenstaden, une pour l’ouest à Lingolsheim, et le projet nord à Schiltigheim. Ces équipements culturels étaient destinés non pas aux seules villes d’implantation mais à des bassins de vie, le centre et toutes le communes concernées, de l’ouest, du sud, du nord.

Une ambitieuse politique en faveur du livre

Ces équipements étaient accompagnés et dynamisés par une politique non moins ambitieuse, matérialisée par le pass-bibliothèque mutualisant les possibilités et les offres d’une médiathèque à l’autre, y compris les bibliothèques communales.

Des initiatives littéraires accompagnaient les médiathèques, tels le Parlement des philosophes, le prix Goncourt de la nouvelle installé à Strasbourg, les Conversations à Strasbourg qui a débouché sur Bibliothèque Idéale. Des grands écrivains rencontrèrent ainsi un nombreux public, à titre d’exemple, Le Clézio, Ricoeur, D’Ormesson, Fumaroli et tant d’autres.

Bref à l’appui d’une cohérente politique d’équipements et d’animation culturels

notre ambition était de faire de l’agglomération strasbourgeoise une capitale des lettres et de la littérature dans la ligne de Gutenberg. Le succès a été fulgurant et le nombre de lecteurs nouveaux inscrits dans nos médiathèques, titulaires du pass bibliothèque, s’est accru de manière spectaculaire.

Des retards préjudiciables

La médiathèque nord restait à réaliser. Deux villes avaient postulées pour son implantation et se sont mises en concurrence, Schiltigheim et Bischheim. De nombreuses réunions eurent lieu pour les départager et le député de cette circonscription qui était aussi mon vice président, décida de prendre les choses en main afin de trouver une solution. Au bout d’une année de négociations il me fit part de l’impossibilité de trouver un accord amiable. La balle était dans mon camp, j’ai été contraint de prendre mes responsabilités, de décider et de proposer au conseil de CUS l’une des deux villes pour accueillir la médiathèque nord. Je rappelle que le maire de Bischheim, André Kleinmosser, était de ma famille politique, le maire de Schiltigheim était proche du PS.

Inspiré par la volonté de servir au mieux les populations du nord, j’ai arbitré en faveur du lieu qui me semblait le plus central, à l’accès le plus commode. J’ai proposé Schiltigheim, la friche Adelshoffen, route de Bischwiller.

Au cours d’une réunion de travail dans mon bureau Alfred Muller accompagné par son directeur général nous a soumis un plan d’implantation que nous avons validé.

Le dossier était bouclé, la décision était prise, la médiathèque allait pouvoir sortir de terre. Il suffisait de démarrer les travaux.

Le retard accumulé dans cette opération nous conduisit aux élections municipales et Schiltigheim se dota d’un nouveau maire, Raphaël Nisand. Celui ci remit en cause le projet de son prédécesseur et modifia le lieu d’implantation de la médiathèque.

À l’issue de son mandat rien ne fut réalisé.

En clair la médiathèque Nord a pris quelques dix années de retard. Je n’irais pas jusqu’à nourrir des regrets en songeant que si j’avais choisi Bischheim la médiathèque nord fonctionnerait aujourd’hui. On ne refait pas l’histoire.

Ne plus tergiverser

Si j’en crois les informations relatées par les DNA du 17/12/2014, un nouveau changement de lieu pourrait affecter ce projet.

Je tiens à rappeler que la médiathèque nord ne devait pas être un équipement destiné à la seule ville de Schiltigheim mais bien à toutes les communes du nord de la CUS. Sa situation devait être centrale et facile d’accès.

Cumuler retard sur retard a été et reste préjudiciable au regard des besoins culturels.

La CUS, je n’en doute pas, veut poursuivre la facilitation de l’accès à la lecture publique pour le plus grand nombre et c’est cette seule préoccupation qui doit la guider.

Certes on évoque le budget à ce sujet ce qui me permet de rappeler un précepte qui m’a toujours guidé : La culture, en l’espèce la médiathèque, a un cout mais l’absence de culture coute bien plus cher.

Initiateur de cette politique je veux faire confiance au président de la CUS et au maire de Schiltigheim pour la mettre en œuvre rapidement.