J’ai lu d’une traite le dernier livre de Huguette Dreikaus.

Comment le définir ? Une étrange et incroyable histoire d’amour ? Car c’est bien l’amour qui y mène une danse haletante sur écran dévorant.

 

S’agit-il d’une tranche de vie réelle dans le monde virtuel, d’un élément de passion autobiographique où la sorcellerie N.T. déroule ses sortilèges ?

En entrant dans les confessions de la première page j’ai su que je ne lâcherai plus ce beau livre inclassable, improbable, envoutant, mais surtout actuel, totalement contemporain qui conte une histoire éternelle.

Une question le traverse pour en constituer la trame, comment peut on devenir follement amoureux d’un concept, pour être plus précis, d’un être conceptuel.

Si un amour passionné lie le personnage qui s’exprime à la première personne, à un personnage virtuel, il dépasse l’auteur pour nous concerner tous. On aimerait croire que Huguette a inventé Huguette et son histoire pour nous captiver, nous distraire, nous instruire, mais il y a trop d’elle même dans cette passion et un mot qui revient souvent nous interdit de nous projeter dans une pure fiction : âme. Elle nous livre son âme !

Huguette nous entraine dans un rêve d’amour fou, sublimé, irrésistible, beau et triste comme seules les vraies amours savent en susciter. On en sort le regard vague, fixé sur l’horizon des songes, avec un peu de mal à renouer avec la « vraie vie ».

Pourtant c’est de la vraie vie que nous parle cette histoire purement virtuelle.

Il y a du suspense dans ces pages que l’on tourne avec fièvre… envie de savoir comment ça tourne, comment ça va finir. Envie de connaître le dénouement… qui nous laisse sur notre faim, qui ne se révèle pas dans la dernière page.

L’aventure est-elle achevée, définitivement ?

On ne peut manquer d’être « bluffé », je veux dire impressionné, par la construction de ce livre bien rythmé. Le style, les métaphores, la drôlerie qui noie la tristesse - à moins que ce ne soit l’inverse - ne laissent pas indifférents.

On le savait, Häschen le confirme, Huguette a un vrai talent d’écriture. Elle n’est pas simplement une comédienne de talent, elle est écrivain.

 

Sa culture et son érudition se développent dans ce livre avec finesse, humour, profondeur alors même que l’histoire est aérienne, en lévitation, voguant sur les nuages.

Naturellement, ne pas y rencontrer l’âme de l’Alsace, sa langue et les subtilités de cette terre singulière, aurait été très étonnant. Elles sont bien là, berçant cette élégie.

Au cœur de ce texte se situe, bien évidemment, la narratrice et son incroyable « grand amour », mais le personnage central, celui par qui les sortilèges se produisent, pourrait bien être l’écran ! Celui des envahissants et incontournables, PC, Smartphone  et autres tablettes, ainsi que Facebook et les SMS qui s’offrent en direct sur le papier de ces pages.

Ce livre est donc un livre jeune pour les jeunes…qui  seront étonnés que la narratrice insiste pour rappeler qu’elle est sexagénaire. Dès lors ils seront étonnés aussi d’apprendre que les grandes passions n’ont pas d’âge.

 

Qu’ils s’en souviennent, l’amour fou pourra les saisir et les emporter à tout instant, à tout moment de leur existence.

Facebook  peut en être un accélérateur. Méfiance!

NB Ah, une question demeure, vous l’aurez compris en fermant ce livre, Salinier est-il, était il un imposteur ?