Voici donc ma dernière séance.
Je tiens à en rassurer beaucoup et à en décevoir quelques
uns: depuis que j’ai annoncé ma décision de ne plus briguer de mandat, je suis
pleinement heureux, je suis serein, je suis libre, campé sur mon Aventin.
Mais en ce moment je ne puis m’empêcher d’être ému.
Et je suis un peu triste de vous quitter… du moins certains.
Je suis un peu inquiet de vous laisser seuls avec vous même.
Mes chers collègues, aujourd’hui cette dernière séance doit
être à peu près mon 480 ème conseil municipal en 8 mandats. J’aurais consacré
49 ans de ma vie à ma ville qui n’a cessé d’être au cœur de mes préoccupations.
Je me souviens de la première fois.
C’était à l’hôtel de ville dans ce qui est aujourd’hui la
salle des mariages. J’avais 24 ans, j’étais le benjamin et je le suis resté
pendant un certain nombre d’années. Je voudrais à ce propos vous donner une
information : cet état de benjamin n’est pas très stable, pas très
durable. Songez y.…
(À l’époque 30 francs
par heure……….)
J’étais alors impressionné par Pierre Pflimlin historique
maire de Strasbourg, un monument.
J’ai beaucoup appris de lui et de mes grands anciens que je
respectais et vénérais, Robert Bailliard, Germain Muller, Marcel Rudloff et
bien d’autres…pour n’évoquer que les Strasbourgeois.
En 1965, on l’a oublié, la loi électorale excluait toute
opposition du conseil municipal. Les spécificités de mon attachante
personnalité me conduisirent alors à discuter et à débattre, à l’instar de la
disputatio des agoras grecques et romaines.
J’ai souvent joué les trouble fêtes et dès le début je me
suis opposé à certains projets : la destruction de 25 hectares de forêt du
Rhin, l’extension du port au pétrole, la destruction du parc et du château de
Pourtalès. J’ai été parfois trublion, poil à gratter de ma propre ma majorité
et de ce fait j’ai dérangé.
Rien n’a changé.
J’aurais mille anecdotes à raconter car je m’aperçois que je
suis la mémoire de notre conseil. Les témoins disparaissent inéluctablement.
Après Pierre Pflimlin, je veux évoquer la mémoire de Marcel
Rudloff dont j’ai été proche et dont j’ai toujours apprécié l’humanisme.
Puis vint Catherine Trautmann. Elle a été un grand maire que
j’ai combattu tout en la respectant. Je ne vais pas détailler ici ce que je
pense être ses petits défauts et ses grandes qualités.
Tout le monde connaît l’histoire du tandem, moi aussi. Il a
été très productif pour Strasbourg je suis fier de l’action menée qui a fait
avancer notre ville. Il a volé en éclat.
Humainement je me sens proche de Roland Ries alors que je
n’approuve pas une grande partie de sa politique municipale, ni ses options nationales. Mais je salue
l’homme mesuré et cultivé avec qui j’ai souvent pu échanger… en parlant
littérature et figures de style…parfois un peu de politique ?
Ebs muss i beduere, liewer Roland.
Dü wo so starik, met dinne sozialichtige collegue, fer
d’Zweisprarigkeit gekämpft’hesch, dü wo so viel mol’s vun unsere Mutter sproch
geret hesch, dü hesch net ein mol a gemeinde Rot uf elsäsich g’fehrt. Des wär
Klass g’sinn un hät en Alle gezeit dass mer net numme devon rede awer dass
mer’se aü rede un praxtisere.
Schad…
Je ne souhaite pas conclure sans rappeler qu’un de mes
objectifs a toujours été de promouvoir et de valoriser des jeunes … des vrais
jeunes.
Depuis ma présidence de l’UJP c’était une seconde nature et
nombreux sont ceux que j’ai poussé à figurer sur des listes municipales ou
régionales depuis les années 1970.
J’en ai valorisé beaucoup, y compris Paul Meyer…
Enfin je veux rendre hommage à mon assistante, Audrey
Gassert, qui travaille à mes cotés depuis 12 ans et qui continuerait bien.
Collaboratrice du président de la CUS installée au 9ème étage elle a
accepté de descendre avec moi au 1er étage. C’est rare et témoigne
de mon de mon épouvantable mauvais caractère.
Mes chers collègues alors que j’ai été si longtemps le plus
jeune, aujourd’hui je ne suis toujours pas le plus vieux et je ne parle que
d’état civil…
En citoyen libre je vous souhaite à toutes et à tous
beaucoup de succès.
Pour Strasbourg je souhaite le meilleur maire possible.
Quant à moi que personne ne s’imagine que je vais devenir
muet.
Je descendrai souvent de mon Aventin pour rejoindre l’Agora.
C’est pourquoi je vous dis, à bientôt …
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