mon dernier discours au Conseil municipal 17/02/2004
Par Robert Grossmann le mardi, 18 février 2014, 00:03 - Strasbourg - Lien permanent
Voici donc ma dernière séance.
Je tiens à en rassurer beaucoup et à en décevoir quelques uns: depuis que j’ai annoncé ma décision de ne plus briguer de mandat, je suis pleinement heureux, je suis serein, je suis libre, campé sur mon Aventin.
Mais en ce moment je ne puis m’empêcher d’être ému.
Et je suis un peu triste de vous quitter… du moins certains.
Je suis un peu inquiet de vous laisser seuls avec vous même.
C’était à l’hôtel de ville dans ce qui est aujourd’hui la salle des mariages. J’avais 24 ans, j’étais le benjamin et je le suis resté pendant un certain nombre d’années. Je voudrais à ce propos vous donner une information : cet état de benjamin n’est pas très stable, pas très durable. Songez y.…
(À l’époque 30 francs par heure……….)
J’étais alors impressionné par Pierre Pflimlin historique maire de Strasbourg, un monument.
J’ai beaucoup appris de lui et de mes grands anciens que je respectais et vénérais, Robert Bailliard, Germain Muller, Marcel Rudloff et bien d’autres…pour n’évoquer que les Strasbourgeois.
En 1965, on l’a oublié, la loi électorale excluait toute opposition du conseil municipal. Les spécificités de mon attachante personnalité me conduisirent alors à discuter et à débattre, à l’instar de la disputatio des agoras grecques et romaines.
J’ai souvent joué les trouble fêtes et dès le début je me suis opposé à certains projets : la destruction de 25 hectares de forêt du Rhin, l’extension du port au pétrole, la destruction du parc et du château de Pourtalès. J’ai été parfois trublion, poil à gratter de ma propre ma majorité et de ce fait j’ai dérangé.
Rien n’a changé.
J’aurais mille anecdotes à raconter car je m’aperçois que je suis la mémoire de notre conseil. Les témoins disparaissent inéluctablement.
Puis vint Catherine Trautmann. Elle a été un grand maire que j’ai combattu tout en la respectant. Je ne vais pas détailler ici ce que je pense être ses petits défauts et ses grandes qualités.
Dü wo so starik, met dinne sozialichtige collegue, fer d’Zweisprarigkeit gekämpft’hesch, dü wo so viel mol’s vun unsere Mutter sproch geret hesch, dü hesch net ein mol a gemeinde Rot uf elsäsich g’fehrt. Des wär Klass g’sinn un hät en Alle gezeit dass mer net numme devon rede awer dass mer’se aü rede un praxtisere.
Schad…
Je ne souhaite pas conclure sans rappeler qu’un de mes objectifs a toujours été de promouvoir et de valoriser des jeunes … des vrais jeunes.
Depuis ma présidence de l’UJP c’était une seconde nature et nombreux sont ceux que j’ai poussé à figurer sur des listes municipales ou régionales depuis les années 1970.
J’en ai valorisé beaucoup, y compris Paul Meyer…
En citoyen libre je vous souhaite à toutes et à tous beaucoup de succès.
Pour Strasbourg je souhaite le meilleur maire possible.
Quant à moi que personne ne s’imagine que je vais devenir muet.
Je descendrai souvent de mon Aventin pour rejoindre l’Agora.
C’est pourquoi je vous dis, à bientôt …
Commentaires
Mr Grossmann
Il m'arrive parfois d'écrire et de commenter sur facebook, commentaires taquins ou d'humeur relatifs a la campagne municipale sur la ville de Metz. Je suis lorrain, lorrain mais amené très souvent en Alsace pour des raisons professionnelles. A cette occasion j'ai découvert le tribun Robert Grossman au travers des vidéos des séances du conseil municipal. Votre dernier conseil, l'hommage du maire, l'émotion unanime de l'assemblée m'ont impressionné. J'ai retenu ce moment et j'ai retenu votre conclusion, "le meilleur maire possible". Le combat est rude sur Metz, les petites polémiques volent, a l'occasion du nième commentaire j'ai souhaité prendre en exemple votre dernier souhait d'élu, voilà je vous reproduit ce texte ci-dessous, sans prétention.
.../...
Christophe Lorette Bon ce sera mon chant du cygne, il le faut, je suis un garçon sérieux : j'exerce un métier sérieux qui exige concentration et précision ; j'ai exercé quelques fonctions électives avec attention et sérieux, au service des autres avec application et implication. Il me faut retourner à tout ceci, le temps me manque.
Je suis un garçon sérieux mais qui ne se prend pas au sérieux, mais qui prend au sérieux ce qu'il fait c'est ma devise. J'aimerais que plus la partage, mais je ne voudrais l'imposer a personne, c'est beaucoup d'abnégation.
Je ne sais pas qui est Daniel Schmitt, sincèrement je ne le sais pas. Je ne sais pas : si c'est un génie ou un fou, si c'est un naïf ou un faux naïf, si c'est un utopiste ou un aigri, si c'est un homme ou si c'est une femme. Non définitivement je ne le sais pas.
Ce que je sais par contre, c'est qu'il est quelqu'un qui possède un réel talent d'écriture, un art consommé du maniement du verbe, une vrai culture, un vrai sens de l'auto-dérision et beaucoup d'humour au premier, deuxième, troisième et même plus dg (pour degrés). Et effectivement, à mon endroit pour le moins il est beau joueur.
J'ai pris une part de plaisir à lire ses murs, a le voir naviguer tantôt pro tantôt anti DG, j'ai beaucoup ri a sa part d'auto critique, je me suis amusé à le voir tel Don Quichotte mener son combat contre les ailes du pouvoir.
Je travaille régulièrement en Alsace, j'aime cette région, sa propreté, c'est mon côté au cordeau, plutôt jardin à la française que à l’anglaise. Je visionne souvent les séances du conseil municipal de Strasbourg. Au passage, une petite proposition peu coûteuse, à Strasbourg ce sont des vidéos qui sont disponibles, un petit effort encore à Metz. Lors du dernier conseil de la mandature, le maire socialiste Roland Ries, un homme de lettres, a rendu hommage a l'occasion de son dernier conseil à un de ses opposants Robert Grossmann, membre UMP de cette assemblée a la longévité notable. Robert Grossmann, près d'un demi siècle de présence assidue et constructive au conseil municipal de Strasbourg, proche de Pierre Pflimlin et de Marcel Rudloff, lui même ancien président de la communauté urbaine de Strasbourg, amoureux de l'Alsace et de Strasbourg, auteur de plus d'une dizaine d'ouvrages.
Le combat politique entre ces deux hommes, Roland Ries et Robert Grossmann, a été vif, constant, les oppositions majeures, mais leur proximité évidente par les valeurs humaines partagées. Cet hommage, la réponse du récipiendaire, les applaudissements de la totalité de la salle, l'émotion sincère qui a traversé l'assemblée sont autant de preuves rassurantes de ce que peut être une démocratie apaisée. Une démocratie fondée sur le respect de l'autre.
Pour conclure à cet hommage, Robert Grossmann, n'a souhaité qu'une chose, se refusant à choisir entre son propre camp et la gauche. Il a souhaité pour Strasbourg le "meilleur maire possible".
Que souhaiter de mieux, au delà des oppositions, des clivages, souhaiter de mieux pour Metz que le meilleur maire possible. Qu'il soit de droite ou de gauche, un homme ou une femme, mais qu'il soit le meilleur tout simplement, cette ville le mérite.
Pour parodier un discours devenu célèbre, "je vous parle au nom d'un vieux pays ..." Dominique de Villepin à l’ONU … Et bien je vous parle bien que n'étant pas messin, pas même mosellan, natif de Nancy, ayant étudié à Nancy et ailleurs mais amoureux de cette ville de Metz.
Chacun gère avec plus ou moins de bonheur ses contradictions.
Puisse cette fin de campagne être apaisée et sereine, mais continuez à lire les murs de Daniel SCHMITT.
.../...