Regard engagé sur la mi mandat
Les péripéties de l’élection présidentielle ne doivent pas
occulter le destin de Strasbourg. Or nous arrivons à la mi mandat du maire
Roland Ries qui ne se présentera plus dans trois ans. On ne sait pas comment il
compte parcourir les trois années qui lui restent, nul doute qu’il évitera de
mettre son levier de vitesse au point mort - roue libre - .
En revanche ce que nous voyons, ce sont quelques éléments de
son bilan à mi mandat.
On ne s’attachera pas ici à sa conception de la
concertation : causez toujours, je ferai quand même ce que j’ai envie de
faire.
On se contentera d’évoquer la partie visible de l’iceberg,
l’urbanisation de la ville.
Quelle vision
stratégique ?
Le maire d’une grande ville doit être stratège doté d’une
vision d’avenir pour sa ville dont l’urbanisme est le grand marqueur
Quelle est aujourd’hui cette vision stratégique lorsqu’on
constate que le tout béton, au petit bonheur la chance, en est la ligne de
force, lorsque l’on s’aperçoit que quasiment tous les projets de construction
de la ville sont confiés à la promotion immobilière ?
Quelques exemples.
·
Les immeubles qui enlaidissent la route du Rhin
sont une désolation, copie presque conforme de l’urbanisation galopante des
années 60, que les années 2000 se sont empressées de détruire comme au Neuhof
Cité ou à la Canardière. Imposantes barres concentration de logements !
·
Les tours de l’espace Danube, intitulées en
langue du pays, Black Swann (oiseaux de malheur ?), constituent le
résultat d’un concours de paranoïa. Le maire voulait marquer son empreinte avec
des immeubles de plus de 100 mètres de haut. Il a du réduire ses ambitions à
cinquante mètres. La densité est tout aussi étouffante.
·
Une tour, encore, est prévue près du cimetière
Saint Urbain pour dominer les tombes
·
Le jardin des deux rives destiné initialement à
un immeuble collectif et à quelques maisons individuelles mitoyennes, s’est vu
doté exclusivement de barres imposantes, sept étages.
·
Le futur parc des expositions projeté, finalisé,
aux cotés du Zénith, a été annulé et prévu au Tivoli où la densification
urbanistique créera un risque de thrombose…
·
L’ambition européenne de Strasbourg s’est
incarnée dans une villa inopérante, désertée la plupart du temps, baptisée à la
hâte « lieu d’Europe ». Elle se situe à des centaines de mètres du
Parlement Européen, alors que c’est à ses cotés, sur l’emplacement de
l’ancienne foire, que ce « lieu » aurait eu tout son sens.
·
L’ancienne douane si naturellement destinée à
accueillir la culture s’est vue transformée en superette épicière.
Dénaturer la Robertsau
·
Sur les terrains de l’ancienne papèterie des
tours de cinquante mètres de haut et quelques 220 logements sont projetées.
·
L’entrée du quartier devrait être surbâti à
l’endroit où prend naissance le jardin artistique et participatif d’Apollonia. « Il faut un marqueur socialiste »
à l’entrée de la Robertsau assène l’adjointe du quartier.
·
Enfin le cœur du quartier subira la destruction
du Foyer Saint Louis et l’érection de quelques 40 appartements. Cet espace central
sera définitivement hypothéqué alors qu’on aurait aimé y voir un lieu de
convivialité. Le corolaire en est aussi la bétonisation du « jardin du
curé » à coté de l’église.
·
Cerise sur ce gâteau indigeste, la monstrueuse forteresse du consulat de
Turquie, cinq fois plus imposant que ceux des États Unis, de la Russie ou
de l’Allemagne par exemple.
Voilà une bâtisse immense, d’une
banalité affligeante et d’une tristesse inquiétante qui domine et défie les
paysages environnants dont l’Orangerie. Comment le maire a t il pu accorder un
tel permis de construire ?
Chaque parcelle libre est ainsi offerte à la promotion
immobilière.
Et voilà que l’on apprend que l’historique hôtel de la poste, immeuble remarquable de la Neu
Stadt, sera lui aussi livré aux promoteurs alors que ce bâtiment situé aux
cotés des universités serait idéal pour un projet d’intérêt public.
Politique au fil de l’eau
L’urbanisme écolo-socialiste à Strasbourg suit une ligne que
l’on discerne maintenant de manière claire, celle des projets au fil de l’eau.
Comme il n’y a pas de vision globale les promoteurs proposent le maire avalise.
Strasbourg était réputée pour sa qualité de vie, ses espaces
verts son cadre aéré. Une ville où il faisait bon vivre.
Qu’en restera t il après cet ouragan immobilier ?
Certes tout n’est pas à jeter et le maire a fait aménager la
place du château, la place Saint Thomas, la place du marché à Neudorf, place d'Austerlitz, le
Heyritz, alors que ses prédécesseurs avaient aménagé la place Kléber, la place
de la gare, le jardin des deux rives, la place du vieil hôpital, l’espace
Rodolphe Reuss au Neuhof.
Mais le maire refuse d’aménager le cœur de la Robertsau.
Allez comprendre !
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