Au fil du temps la prophétie du Général aura donc été réalisée : « tout le monde est, a été ou sera gaulliste » Ajoutons : n’importe qui et pour faire n’importe quoi!

Ceux qui s’y réfèrent se drapent dans sa toge en maniant l’encensoir et susurrent de gracieux de profundis : le gaullisme cette grande chose du passé ! De Gaulle cette immense figure recluse dans les livres ou les documentaires !

Leur référence est baignée de compassion.

Mais le gaullisme est et reste un corpus d’idées et de valeurs, une science du pragmatisme qui transcende le héros qui l‘a inspiré.

 

Il ne peut être considéré comme une collection d’exploits contingentés dans l’histoire qui marqueraient sa finitude, il est plus que cela, il est une transcendance.

Il est l’héritage du patrimoine philosophique et humaniste porté par la France. Mais il a, dans son immanence, précédé les constantes de l’histoire dont la permanence sertit notre condition contemporaine.

De Gaulle, dans son pragmatisme, affirmait qu’il fallait tenir compte des choses telles qu’elles étaient - le fameux « les choses étant ce qu’elles sont » - Ce principe vaut pour toute époque, pour la nôtre et pour celles qui vont nous succéder.

La question, aujourd’hui, est : en vertu de quelles valeurs convient-il d’agir compte tenu des réalités de l’époque.

C’est là que tout et n’importe quoi ont envahi le terme gaullisme.

Il convient de s’attacher au sens de cette philosophie plutôt qu’à son signifiant.

Dès lors le retour aux sources est une salutaire obligation car la source vive n’est ni un cénotaphe ni un musée, elle fait apparaître les fondamentaux.

Ils ne peuvent se résumer en d’opportunistes mots d’ordres circonstanciels comme « courage, générosité, et fermeté » (JF Copé) Qui, en effet, revendiquerait la lâcheté l’égoïsme et la mollesse ?

Pas d’avantage ne peuvent-ils se retrouver dans ces apparitions désordonnées et pathétiques de Droite forte, France droite, Droite moderne, Humanistes, Droite populaire et autres courants pro domo. D’abord et surtout parce que le gaullisme n’a été ni la droite ni la gauche mais s’est toujours préoccupé de tous et, de manière moderne, a rejeté les classification en cellules.

La Résistance, valeur permanente.

La Résistance est une idée intemporelle, indémodable, actuelle. J’ai des scrupules à citer cet exemple, mais, reconnaissons le, elle a été curieusement plébiscitée par le succès du petit ouvrage du socialiste Stéphane Hessel, « indignez vous ».

Quelles que soient les faiblesses de la position de ce vieil homme, les failles de sa crédibilité voire une certaine supercherie, il a su remettre au gout du jour cette idée centrale consistant à se rebeller contre ce qui peut avilir l'Homme.

 

La résistance procède d’une force permanente du caractère qui a sa place en tous temps, en tous lieux.

La résistance c’est la célébration agissante de la dignité et la lutte pour la faire vivre.

Elle est définitivement gravée dans l’Histoire par l’appel du 18 juin 1940 qui est aussi un acte visionnaire dépassant une conjoncture tragique pour viser le redressement collectif de la nation. « Je ne me démettrai pas ! »

Comme André Malraux le rappela le « non » du 18 juin, cet appel au refus de l’avilissement, s’inscrit dans la ligne du mythologique « non » d’Antigone, rebondit avec la rébellion de Jeanne d’Arc et se trouve magnifié par la victoire sur le nazisme totalitaire de 1944.

Mais c’est aussi un acte universel qui traverse les continents, c’est Mandela en Afrique du Sud, c’est Alliende au Chili, c’est, à travers le monde, la lutte pour la liberté et la dignité des hommes et des peuples.

Cet acte fondateur de l’homme révolté s’exprime en même temps par le respect de la volonté souveraine du peuple. Charles de Gaulle s’est incliné non sans panache devant la défaite de son référendum d’avril 1969.

Désavoué, il s’en va.

Désavoués d’autre politiciens s’accrochent et restent au pouvoir…

Le respect du gaullisme commandait qu’après la défaite d’un référendum son inspirateur s’en alla.

Le gaullisme exigeait qu’après une défaite législative cinglante le président de la République ne cohabita point.

Aurait-on imaginé Charles de Gaulle cohabiter avec François Mitterrand ?

Le refus de ce qui avilit l’homme, la révolte contre les totalitarismes, mais le respect de la démocratie et du suffrage jusqu’à leurs conséquences ultimes comptent parmi les valeurs permanentes du gaullisme.

Je considère la présence aujourd’hui, à Colombey de membres du FN héritiers de l’OAS ou de socialistes adeptes de l’auteur du « coup d’état permanent » comme une insulte à la mémoire de de Gaulle