L’emploi permanent du mot peuple par les chefs arrogants de la « Droite forte » et leurs affidés mérite d’être décrypté.

De manière subliminale il sonne comme une agression, définit un camp de la supériorité, divise la nation…Il est fondé sur le repli et le communautarisme clanique.

 Au sein de la République il ne peut y avoir qu’un seul peuple c’est le peuple de France, celui de la diversité et de la pluralité de ses citoyens, celui de la Liberté-Égalité-Fraternité. Celui la ne renferme aucun ingrédient de repli identitaire c’est l’Homme dans son intégrité qui en est au cœur.

Les autres utilisations du mot peuple sont suspectes et dangereuses. C’est au nom d’une certaine conception du « peuple » qu’ont été déclenchés les pires conflits et leurs cortèges d’atrocités.

L’exaltation du Volk à connotation raciste et ethnique par les nazis en a été l’illustration la pire. L’éclatement de la Yougoslavie a sonné le réveil guerrier des peuples et de leurs identités contre d’autres peuples et d’autres identités. De même certains peuples d’Afrique ou d’Asie ont tristement illustré les charges meurtrières que peut véhiculer le mot.

Par ailleurs, l’évocation d’un peuple breton, basque, corse contient tous les germes de l’éclatement de la nation, de la république en entités linguistiques et ethniques pures.

Utilisée à tort et à travers et sans conscience la notion de peuple signifie en effet communautarisme et repli identitaire.

Cela semble bien être le cas dans la bouche des chefs de la Droite Forte qui invoquent de manière incessante le « peuple de droite » non loin du « peuple militant », peuples issus de leurs fantasmes qu’ils ont alors flattés, caressés, instrumentalisés et dont ils se servent pour leurs coups d’états permanents.

Leur peuple de droite est forcément opposé à un fantasmagorique peuple de gauche et pourquoi pas à un peuple centriste.

Leur peuple militant, lui, est lancé à l’assaut de tout ce qui n’est pas labellisé « militant » par eux même. Un élu fut-il militant permanent auprès de ses électeurs peut, à tout moment, être considéré comme indigne, suspect et lancé en pâture au « peuple » conditionné pour cela.

Il ne s’agit de rien d’autre que de la version Buisson de la révolution culturelle de Mao de 1966, adaptée à l’UMP de 2013.

À l’époque pour asseoir son pouvoir Mao a instrumentalisé la jeunesse en la lançant contre les intellectuels, les cadres du Parti, qui sont publiquement humiliés et les élites bafouées. Toutes les dictatures à travers l’histoire ont conquis le pouvoir et l’ont préservé un temps avec ce genre de procédés.

Comment ne pas être choqué par la fatwa qu’a lancée le chef du « peuple de droite-peuple militant » contre NKM à Paris ?

C’est la toute première fois que dans un mouvement qui se voudrait toujours héritier du gaullisme apparaît ce phénomène qui en est aux antipodes.

Le fait de voir quasi quotidiennement l’un des chefs de la Droite Forte sur des chaines de télévision et dans les médias semble démontrer que l’UMP est dominée par ce courant, majoritaire en effet. Il n’est pas découragé par son président Copé, élu dans les conditions que l’on connaît.

C’est pour tout cela que l’UMP est en proie à un malaise profond.

Quant au fond, l’analyse du gourou de la Droite Forte est fondée sur un pari : plus l’UMP entonnera les thèmes du FN, plus il fera baisser son électorat.

On peut penser rigoureusement le contraire : plus une UMP dominée par la Droite Forte singera le FN, plus elle le crédibilisera et n’en sera qu’une pâle et ridicule copie.

Les électeurs ne s’y tromperont pas.

(Voir mes billets « négocier avec l’état major ? » du FN 8/5/2012 et « contre le repli identitaire de l'UMP 21/11/2012 »)