La Droite Forte prend le peuple en otage.
Par Robert Grossmann le mardi, 28 mai 2013, 10:04 - mon journal, mes humeurs - Lien permanent
L’emploi permanent du mot peuple par les chefs arrogants de la « Droite forte » et leurs affidés mérite d’être décrypté.
De manière subliminale il sonne comme une agression, définit un camp de la supériorité, divise la nation…Il est fondé sur le repli et le communautarisme clanique.
Les autres utilisations du mot peuple sont suspectes et dangereuses. C’est au nom d’une certaine conception du « peuple » qu’ont été déclenchés les pires conflits et leurs cortèges d’atrocités.
L’exaltation du Volk à connotation raciste et ethnique par les nazis en a été l’illustration la pire. L’éclatement de la Yougoslavie a sonné le réveil guerrier des peuples et de leurs identités contre d’autres peuples et d’autres identités. De même certains peuples d’Afrique ou d’Asie ont tristement illustré les charges meurtrières que peut véhiculer le mot.
Par ailleurs, l’évocation d’un peuple breton, basque, corse contient tous les germes de l’éclatement de la nation, de la république en entités linguistiques et ethniques pures.
Utilisée à tort et à travers et sans conscience la notion de peuple signifie en effet communautarisme et repli identitaire.
Cela semble bien être le cas dans la bouche des chefs de la Droite Forte qui invoquent de manière incessante le « peuple de droite » non loin du « peuple militant », peuples issus de leurs fantasmes qu’ils ont alors flattés, caressés, instrumentalisés et dont ils se servent pour leurs coups d’états permanents.
Leur peuple de droite est forcément opposé à un fantasmagorique peuple de gauche et pourquoi pas à un peuple centriste.
Leur peuple militant, lui, est lancé à l’assaut de tout ce qui n’est pas labellisé « militant » par eux même. Un élu fut-il militant permanent auprès de ses électeurs peut, à tout moment, être considéré comme indigne, suspect et lancé en pâture au « peuple » conditionné pour cela.
Il ne s’agit de rien d’autre que de la version Buisson de la révolution culturelle de Mao de 1966, adaptée à l’UMP de 2013.
À l’époque pour asseoir son pouvoir Mao a instrumentalisé la jeunesse en la lançant contre les intellectuels, les cadres du Parti, qui sont publiquement humiliés et les élites bafouées. Toutes les dictatures à travers l’histoire ont conquis le pouvoir et l’ont préservé un temps avec ce genre de procédés.
Comment ne pas être choqué par la fatwa qu’a lancée le chef du « peuple de droite-peuple militant » contre NKM à Paris ?
C’est la toute première fois que dans un mouvement qui se voudrait toujours héritier du gaullisme apparaît ce phénomène qui en est aux antipodes.
Le fait de voir quasi quotidiennement l’un des chefs de la Droite Forte sur des chaines de télévision et dans les médias semble démontrer que l’UMP est dominée par ce courant, majoritaire en effet. Il n’est pas découragé par son président Copé, élu dans les conditions que l’on connaît.
C’est pour tout cela que l’UMP est en proie à un malaise profond.
Quant au fond, l’analyse du gourou de la Droite Forte est fondée sur un pari : plus l’UMP entonnera les thèmes du FN, plus il fera baisser son électorat.
On peut penser rigoureusement le contraire : plus une UMP dominée par la Droite Forte singera le FN, plus elle le crédibilisera et n’en sera qu’une pâle et ridicule copie.
Les électeurs ne s’y tromperont pas.
(Voir mes billets « négocier avec l’état major ? » du FN 8/5/2012 et « contre le repli identitaire de l'UMP 21/11/2012 »)
Commentaires
Bonjour M.Grossmann,
je partage à 100% votre point de vue sur la dérive de l'UMP d'aujourd'hui ... j'aimerais vous poser une question ... Nous, les alsaciens de droite, qui (je l'espere) dans notre majorité plus proche du gaullisme, comment pouvons à l'intérieur de l'UMP faire bouger les lignes, exprimer nos voix, faire avancer nos positions + républicaines, humanistes ... refaire de la droite un courant de pensée libéral, social démocrate ...
Amicalement,
Monseur Grossmann
Je tiens à saluer cette courageuse prise de position et vous témoigner de tout mon soutien sur ce point: Notre parti n'a que trop laisser entrer les loups dans la bergerie! Nous ne pouvons plus nous permettre de plonger dans la logique démagogue et abrutissante de mouvements tels que la Droite Forte! Le virage sécuritaire que nous avons pris, nous à coûté la victoire,et livré la France, notre Patrie, aux mains d'un gouvernement et d'un président qui ont trop de fois démontrer l'inefficacité de leurs "politiques de détricotage".
Au dela même de ces considérations politques,c'est une menace qui pèse sur la société française: la division manichéenne, permise par les politiques de nivellement par le bas et d'égalitarisme forcené de M.Hollande! Cette division insufflée pernicieusement dans l'esprit de plus en plus de nos concitoyens pousse les masses à croire qu'être contre la loi Taubira c'est être homophobe et catholique intégriste! Cette division pousse à croire que la droite est soumise aux "puissances de l'argent" alors que la gauche angélique et dévouée ne fait que servir les intêrets des malheureux étrangers, homosexuels, minorités opprimées jadis par Nicolas Sarkozy! Enfin cette divison pousse bien des gens à croire que l'Europe de Bruxelles n'est qu'un ramassis de technocrates incompétents!
La réalité est plus complexe que ces simplifications hâtives! Je considère même a titre personnel que c'est un défi intellectuel exahaltant, presque jouissif, que d'essayer de comprendre le monde d'aujourd'hui!
C'est pourquoi, j e refuse au nom de l'humanisme, des Droits de l'Homme, de l'honneur de la République, ce schéma de pensée simplificateur, qui est une insulte à l'intelligence de l'honnête personne (au sens classique du terme honnête)
C'est pour cela, Monsieur Grossmann, que je tiens à saluer votre prise de position et vous remercier chaleureusement d'avoir eu le courage de l'affirmer si solidement.
Vive la République! Vive la France
Jacques B. (UMP/UJP Alsace)
La référence à Buisson-Mao est très probante, la "droite forte" est à mille lieux du gaullisme et est un pantomime du FHaine, dont les gesticulations ne servent qu'à l'aryenne qui le dirige.