À l’UMP le psychodrame de l’élection du président nous a humilié et continue à développer ses ondes de choc négatives. Mais, au delà du Président de notre mouvement désormais coupé en deux, il ne faudrait pas minimiser l’affaire des motions et donc des futurs « mouvements dans le mouvement ».

Statuts obsolètes et néfaste

Dans le respect rigide de statuts qui, selon le président de la célèbre  COCOE, sont « inadaptés aux exigences du temps présent et de la démocratie interne de notremouvement», la plus sympathique de ces motions, Boite à Idées, risque d’être privée de courant.

En revanche la motion plus dure, la plus clivante, La Droite Forte, vient de faire un triomphe, écrasant celle des caciques et des anciens ministres. On devrait se réjouir de cet acte d’émancipation qui semble donner la priorité à une majorité de nos militants les vengeant de l’oubli dont ils sont régulièrement victimes après avoir collé les affiches de leurs barons. Je salue ce coup!

Je salue aussi la jeunesse de ses promoteurs qu’ils rappellent et martèlent sans cesse en se défendant d’ouvrir une guerre des générations.

En revanche c’est l’extrême droitisation que ce courant majoritaire imprime à l’UMP qui est inquiétante.

Droite décomplexée, complexe refoulé ?

Prenons quelques éléments de leur lexique. Dans la ligne Copé ils proclament : « nous sommes la droite décomplexée ». Puis, plus tonitruants, « le peuple de droite » s’est exprimé.

Le nombre de fois où le mot « droite » est prononcé s’apparente d’ailleurs à une incantation pathétique qui semble appeler à la vie une notion qui n’existerait qu’à l’état de théorie. Complexe refoulé ?

Pas besoin de docteurs diafoirus décomplexateurs

Dans mon engagement gaulliste je ne me suis jamais senti complexé et n’ai donc pas besoin de docteurs diafoirus décomplexateurs.

Je reste fidèle à cette déclaration de de Gaulle : « La France ce n’est pas la droite, la France ce n’est pas la gauche, la France c’est tous les Français »

En ce sens je souhaite que mon mouvement, l’Union pour un Mouvement Populaire, puisse rester crédible aux yeux de mes concitoyens de toute obédience même ceux qui peuvent avoir une sensibilité de gauche.

Plus grave encore me semble être l’invocation quasi religieuse au « peuple de droite » et ce avec 48. 900 électeurs UMP alors que la France compte 46 millions d’électeurs soit mille fois moins !

Communautarisme de droite ?

Dès lors comment est il possible de parler de « peuple » ?

Et ça l’est encore moins si on analyse le mot. Le dictionnaire Le Robert donne deux définitions : 

-1 Ensemble d'humains vivant en société, habitant un territoire défini ayant en commun un certain nombre de coutumes, d'institutions, et parfois, une communauté d'origine.

- 2. Ensemble d'hommes qui, ayant même origine ethnique, même religion..., ont le sentiment d'appartenir à une communauté

Les deux évoquent l’appartenance à une communauté. Or il n’y a qu’un peuple, le peuple de France, qu’une communauté, la communauté nationale.

Dès lors il est clair que « peuple de droite » signifie repli identitaire, repli communautariste, périlleux pour l’unité de la République. Je m’empresse de préciser qu’il en est de même du « peuple de gauche » que d’autres, ailleurs, invoquent de leur coté.

Le peuple de droite ne peut être la marque de l’UMP !

Alors certes il y a d’autres motions porteuses d’autres valeurs. Il faut souhaiter qu’elles puissent avoir la visibilité et l’audience qu’elles méritent puisqu’ensemble elles sont majoritaires. Espérons qu’elles pussent toutes s’unir, alors même que leur apparition n’était pas prioritaire pour la survie de l’UMP.

Pas de populisme pour l’UMP.

Rappelons à ce propos combien il peut sembler dévastateur d’avoir appliqué ces statuts archaïques que ni Chirac ni Sarkozy n’ont fait vivre.

La démocratie interne est indispensable mais elle doit se pratiquer de manière organisée sous l’empire d’une constitution solide (statuts) et non pas de type quatrième République fondée sur le règne des partis (courants).

La démocratie interne ne doit pas s’apparenter à une démocratie populiste dont le levier seraient la démagogie.

Flatter « le peuple militant », comme ils disent, est peu digne de responsables politiques dont le devoir doit consister à développer - avec les militants - une authentique culture citoyenne et politique.

Attendons maintenant l’évolutions des éléments et des comportements échappés de la boite de Pandore.

Pour ma part, fidèle aux valeurs du gaullisme (la seule querelle qui vaille, la querelle pour l’homme), je compte, pour le moment, rester au sein de ce mouvement et s’il le fallait j’y développerai la résistance pour une UMP non seulement Forte mais une UMP Libre, épanouie et attractive.