« Les eurodéputés ont adopté des amendements qui leur permettront de ne siéger qu’à Bruxelles. Les jours du parlement de Strasbourg sont comptés. » Challenges, 31/10/2012

 

 

Tranchons le terme, c’est une guerre qui est livrée à Strasbourg pour lui arracher le siège du Parlement Européen.

Dans une Europe qui va mal et qui, par excès de technocratie, est souvent incompréhensible pour le citoyen, les députés coalisés contre Strasbourg n’agissent plus qu’au nom de leur confort. Ils ont perdu leur âme et l’âme de l’Europe car qui méprise son passé insulte son avenir. Ainsi en est-il de l’Europe qui a du sens à Strasbourg et de l’apparat à Bruxelles.

Aujourd’hui Strasbourg est combattue de manière de plus en plus intense, de plus en plus vigoureuse.

Qu’en est-il de sa défense ? On aperçoit que comme en 39/40, en des circonstances autrement tragiques, la France fait confiance à son hypothétique bonne étoile, à moins que, de manière hypocrite, sous les paroles officielles ne se cache un désintérêt total pour l’Europe de Strasbourg

Paris n’a jamais accepté de considérer que la France puisse avoir, sur son territoire, deux capitale celle de la France, celle de l’Europe.

Dès lors pour défendre Strasbourg contre les incessantes attaques dont elle est victime depuis des décennies, Paris assure un service minimum quand ce n’est pas pire. N’oublions pas, à titre d’exemple, que le Président Chirac lors du sommet de Nice a accepté que tous les sommets européens se tiennent à Bruxelles. Avec une réelle combativité, une volonté politique forte, Chirac aurait défendre Strasbourg.

Au delà de cet abandon français, quel est le service minimum de nos gouvernements? Simplement s’arcbouter sur les traités qui désignent Strasbourg siège officiel alors que, soyons lucides, dans les réalités l’essentiel de la vie du PE se passe à Bruxelles.

En clair la référence aux traités n’est rien d’autre qu’une position figée qui consiste à tenir le plus longtemps possible.

La France défend Strasbourg avec une stratégie « ligne Maginot ».

Je l’ai dit publiquement à Laurent Wauquiez, l’un des innombrables ministres de l’Europe qui se succèdent à une allure de relayeur de 100 mètres, lors d’une réunion à Strasbourg en mars 2011.

D’ailleurs le fait que quasiment chaque année il y ait un nouveau ministre de l’Europe montre combien ce sujet tient à cœur aux gouvernements Français. Il n’est ni plus ni moins qu’une variable d’ajustement des équilibres politiques au sein de majorités qui se font et se défont.

Or on n’a jamais gagné de batailles ni de guerre en restant statique alors que l’adversaire est mobile.

Une bonne et efficace défense de Strasbourg aurait du consister à arracher à Bruxelles une partie de l’administration européenne, voire de la commission. Le ministre français de l’Europe aurait du s’installer à Strasbourg. Les présidents du PE auraient du élire domicile à Strasbourg. Aucun ne l’a fait, même pas les Français.

La France n’a donc rien réussi de tout cela et pendant ce temps une majorité de d’euro députés est en train de réussir à obtenir que « le siège unique du PE » soit bientôt décidé par le PE lui même, par delà les traités. (Challenges 31/10/2012)

Si cette disposition entrait en vigueur, comme on peut le craindre, s’en sera fini et nous n’aurons que nos yeux pour pleurer.

Dès lors on peut toujours contempler la ligne Maginot et lorsqu’elle sera franchie, se plaindre et en vouloir à l’Europe entière.

Est-il encore temps pour obtenir en faveur de Strasbourg une partie de l’administration européenne ? Les partisans de Strasbourg ont-ils encore la capacité de développer une stratégie offensive, mobile, évolutive ? Osons l’espérer.

Mais, alors il faut rompre avec le langage officiel statique et hypocrite alors même qu’en privé les plus hautes autorités murmurent que « tôt ou tard » le PE va quitter Strasbourg. Simone Veil puis Michel Barnier nous l’ont dit, sous le sceau de la confidentialité.  (Simone Veil le 12/04/2001, Michel Barnier le 03/05/2004 (dans À mots découverts, ed. Jérôme Do Bentzinger) (1)

Pourtant évoquer officiellement un Plan B serait catastrophique nous dit le langage officiel. Alors espérons que dans le secret des officines on y pense néanmoins, au fameux plan B, afin que Strasbourg, un jour prochain, ne soit pas dépouillé de tout.

 

(1) http://www.lexpress.fr/actualite/indiscret/quand-simone-veil-lachait-le-parlement-de-strasbourg_824637.html