La remarquable collection d’œuvres d’art de la galeriste Denise René offerte à Strasbourg, présentée demain à l’Aubette est bien plus qu’un simple enrichissement culturel. Elle ne constitue rien d’autre qu’une véritable onde de choc culturelle.

Si Strasbourg, n’a pas bénéficié, contrairement à Metz ou Lens, de la générosité décentralisatrice de l’état qui la considère comme nantie culturellement, c’est justement l’engagement en faveur de l’art de notre ville qui a séduit Denise René. Alors que François Pinault s’en est allé à Venise avec ses trésors…

Cette excellence culturelle pour Strasbourg nous l’avons voulue et elle produit ses fruits. Dans la continuité de l’œuvre de l’action de Pierre Pflimlin et de Catherine Trautmann nous avons créé le Musée Tomi Ungerer, rénové le Musée Historique, conforté le Musée d’art moderne et contemporain, réhabilité l’Aubette de Hans Arp pour en faire une « chapelle Sixtine de l’art Moderne ».

La qualité des expositions et des événements artistiques qui se développent dans notre ville placent Strasbourg parmi les toutes premières villes de culture en Europe. Pourtant un événement-choc, un boum culturel inédit et inattendu, ne peut que dynamiser plus fortement notre ville!

Denise René, nous l‘offre. Mais elle nous conduit – et nous contraint – par le leg de sa collection, à bouleverser les schémas hérités de nos habitudes.

L’Aubette doit subir une métamorphose et se transformer en temple de l’art.

Aux cotés de l’œuvre de Théo Van Doesbourg, Sophie Taüber, Hans Arp qui en furent les défricheurs, les grands noms de l'abstraction géométrique et de l'art cinétique illustreront Strasbourg et son Aubette.

 Le rayonnement d’une ville, à plus forte raison de celle qui se veut capitale de l’Europe, doit s’exprimer dans tous les domaines, économique, urbanistique, social, sportif. Mais le plus éminent celui qui travers tous les autres, qui peut être aussi le plus attractif est bien celui de la culture.

Le monde entier parle de Bâle, Baden Baden, New York, Paris, Cologne, Bilbao, de tant d’autres villes, pour la qualité de leurs musées et des événements artistiques qui s’y déroulent. Que cherche à faire demain Abou Dhabi sinon rayonner grâce à l’art ?

En ce qui concerne la collection Denise René Strasbourg doit faire vite, le Centre Pompidou est lui aussi sur les rangs. Il ne faut pas tergiverser mais prendre les décisions qui s’imposent : transformer la grande salle de l’Aubette, installer les murs et cimaises nécessaires et, en même temps, prévoir un lieu de substitution pour les conférences, concerts et autres manifestations qui s’y tenaient de manière épisodique.

Ce lieu nouveau pourrait être l’ancienne douane dont les espaces sont assez vastes pour accueillir ces manifestations en y opérant les transformations nécessaires. Mais il y en a d’autres, à l’hôtel de ville au Palais de la Musique et des Congrès. Il y en a sans doute d’autres que le maire évoque de temps en temps sur la presqu’île Malraux, ou, qui sait, dans la Manufacture des Tabacs.

Enfin, au delà de la question essentielle du rayonnement international il est un autre objectif à entreprendre et à réitérer tous les jours, c’est conduire le plus grand nombre vers la culture. La mission qu’André Malraux s’était assignée en définissant son ministère : « rendre accessibles les œuvres capitales de l’humanité, et d’abord de la France, au plus grand nombre possible de Français » reste d’une brûlante actualité.  

Bref la culture pour tous mais aussi son rayonnement ne sont possibles que par un réel engagement de tous les responsables et décideurs dans la cité.

L’Aubette temple de l’art moderne participe de ces engagements.