2) Le gaullisme n’est pas une nostalgie

Au fil du temps la prophétie du Général aura donc été réalisée : « tout le monde est, a été ou sera gaulliste » 

Ajoutons : n’importe qui et pour faire n’importe quoi!

Ceux qui s’y réfèrent se drapent dans sa toge en maniant l’encensoir et susurrent avec délice de gracieux de profundis : le gaullisme cette grande chose du passé ! de Gaulle cette immense figure recluse dans les livres ou les documentaires !

Leur référence est baignée de compassion. Mais, comparons. À qui viendrait-il à l’idée de se réclamer du Giscardisme, du Mitterrandisme, du Chiraquisme ? Ces « ismes » là ne recèlent aucune charge métaphysique mais renvoient à des comportements datés.

Il en va tout autrement du gaullisme, corpus d’idées et de valeurs, science du pragmatisme qui transcende le héros qui l‘a inspiré.

Il reste à en évoquer la force et la cohérence tant il est vrai qu’en appeler aujourd’hui à de Gaulle semble anachronique pour les jeunes générations.

Èvoquer aujourd’hui le 18 juin 1940, la fondation de la cinquième République de 1958, la décolonisation, la fin de la guerre en Algérie, le discours de Phnom Pen, l’Europe de l’Atlantique à l’Oural, la participation, est à peu près aussi évanescent qu’étaient pour nous, jeunes gaullistes des sixties, Verdun et la bataille de la Marne, hauts faits nimbés de gloire mais que le temps a recouvert de son manteau de brumes et de poussières.

Il convient de mettre les pendules à l’heure. Si le gaullisme peut être considéré comme une collection d’exploits contingentés dans des contextes historique qui marqueraient sa finitude, il est bien plus que cela. Il est une transcendance.

Il est l’héritage du patrimoine intellectuel, philosophique, humaniste porté par la France mais il a dans son immanence précédé les constantes de l’histoire dont la permanence sertit notre condition contemporaine.

Si de Gaulle dans son pragmatisme affirmait qu’il fallait tenir compte des choses telles qu’elles étaient (le fameux « les choses étant ce qu’elles sont ») le principe vaut pour toute époque, pour la nôtre et pour celles qui vont nous succéder.

La question, aujourd’hui, est :  quelles valeurs pour quelle action, compte tenu des réalités de l’époque. C’est là que le « tout et n’importe quoi » a envahi le terme gaullisme. Son rejet éploré hors de la contemporanéité par ceux qui pourtant s’y réfèrent n’est au fond qu’une question de sémantique, d’habillage communicationnel.

Il convient de s’attacher au sens de cette philosophie plutôt qu’à son signifiant.

Dès lors le retour aux sources est une salutaire obligation car la source vive n’est ni un cénotaphe ni un musée, elle fait apparaître les fondamentaux de manière pure et limpide.

Ils ne peuvent se résumer par ces opportunistes mots d’ordres circonstanciels, « courage, générosité, et fermeté »

Qui, en effet, revendiquerait la lâcheté l’égoïsme et la mollesse ? Pas d’avantage ne peuvent-ils se retrouver dans ces apparitions désordonnées et pathétiques de Droite forte, France droite, Droite moderne, Humanistes, Droite populaire et autres courants pro domo. D’abord et surtout parce que le gaullisme n’a été ni la droite ni la gauche mais s’est toujours préoccupé de tous et, de manière moderne, a rejeté les classification en petites cellules quelque peu carcérales.

(à suivre)