Le 6 avril 2009 j’intervenais au conseil municipal pour brosser un rapide tableau du Spectacle vivant à Strasbourg et pour procéder à une sorte de défense et illustration du Théâtre Jeune Public.

J’ai été très heureux que l’unanimité se soit alors dégagée pour honorer le fondateur du TJP qui fut aussi le fondateur du festival Giboulée de la marionnette.

La décision du conseil municipal était claire et sans ambiguïté : donner le nom d’André Pomarat au TJP qui s’appellerait TJP-André Pomarat .

Tel n’est pas le cas et force est de constater que la décision du Conseil a été détournée en une sorte d’application minimale.

En effet seule la grande salle a été baptisée André Pomarat et pour qui fréquente le TJP il faut faire preuve de perspicacité pour découvrir ce nom trop discrètement affiché à l’intérieur du Théâtre. De même dans les programmes on évoque souvent les salles annexes dont l’une porte le nom de « modeste» mais guère la salle Pomarat !

Le directeur en fonction à l’époque de cette mise en œuvre est parti alors que son équipe avait connu des turbulences. Je rappelle que pas moins de quatre administrateurs ont quitté le TJP sous sa direction. Le président du Conseil d’administration a d’ailleurs lui aussi donné sa démission.

Ma première requête, monsieur le maire sera de vous prier de bien vouloir faire appliquer fidèlement la décision du Conseil municipal du 6 avril et, par conséquent de nommer ce théâtre « TJP André Pomarat »

 

Mais une nouvelle étape s’est engagée avec la nomination d’un nouveau directeur.

Comme le TJP détient le label de Centre Dramatique National, l’Etat s’en mêle.

Or l’état, je veux dire le ministère de la culture et ses DRAC, justifie son existence et sa présence par une influence intellectuelle à défaut d’influence financière.

Il exerce une sorte de magistère de l’inspection et des contrôles et s’exprime au nom de son expertise officielle…

C’est ainsi que l’état a souhaité, suffisamment fortement pour que cela soit suivi d’effet, que le TJP infléchisse sa politique avec le recrutement de son nouveau directeur et que celui ci mette en œuvre une politique quasi exclusive de la marionnette ce qui fera du TJP un centre de la marionnette.

Or je veux rappeler que la marionnette est très présente au TJP à la fois par le festival, créé par Pomarat et par certains spectacles programmés en saison.

Le nouveau directeur recruté par un jury où l’état a instillé son influence a donc décidé de mettre en œuvre une nouvelle politique en allant très loin dans la soumission à l’état.

C’est ainsi qu’il a annoncé sa volonté de débaptiser le TJP en enlevant le mot « jeune ».

 

Un tel acte si on le laissait faire ne serait pas simplement iconoclaste.

Il serait culturellement ravageur.

Eradiquer le mot Jeune du Théâtre serait un signal catastrophique de rejet de l’initiation au théâtre de notre population scolaire.

André Pomarat a eu cette idée géniale de conduire vers le théâtre des jeunes qui n’y seraient vraisemblablement jamais allé. Ils ont ainsi pu connaitre avec cette opération magique du lever de rideau, de l’apparition et du jeu des comédiens, j’allais dire en chair et en os.

Strasbourg leur a dédié un théâtre qui est largement fréquenté aussi par des moins jeunes. La fréquentation du Théâtre Jeune public est dès lors l’initiation à une culture différente de celle des jeux virtuels, ou des émissions de télé people et bêtifiantes.

Grâce au TJP ils sont en contact avec le spectacle vivant qui est une action culturellement salutaire et hautement éducative.

Grâce à cette initiation au théâtre ils seront confrontés au « texte ». Et par le texte et son incarnation sur la scène, sans doute sentiront-ils le « frémissement du sens » cher à Flaubert.

Le Théâtre Jeune Public est une des fiertés culturelles de Strasbourg et je veux aussi rappeler que notre municipalité a mis l’ensemble du bâtiment de la rue des balayeurs à sa disposition en y effectuant des travaux d’adaptation et de confort pour quelque deux millions d’euros.

Par ailleurs le fonctionnement est assuré par des subventions de 1million170.000 euros pour la ville, et moins de la moitiéde l’état, alors que la région y met 480.000 euros et le CG 115.OOO

C’est donc clairement la ville qui apporte la contribution la plus importante et c’est la raison pour laquelle il me semble que c’est elle et non pas l’état qui devrait indiquer sa volonté en matière de politique culturelle.

Dès lors la question que je me permets de reformuler est la suivante : éradiquer le mot Jeune du TJP correspond il à la volonté de la ville ?

Réduire les productions théâtrales au bénéfice de la seule marionnette correspond il à un souhait de la ville ?

Est ce là sa politique culturelle ?

 

J’espère sincèrement que non et dès lors la ville doit faire passer sa propre politique culturelle et continuer en l’amplifiant à offrir des spectacles de théâtre à sa jeunesse

 

J’aurais souhaité pour ma part que le TJP renoue avec ce qui fit son immense succès à l’époque où il se consacrait pleinement à cette mission.

Il rayonnait à travers toute l’Alsace et au delà en France et en Europe.

Certaines saisons rassemblaient près de 80.000 spectateurs jeunes ou moins jeunes.

Le TJP était à l’origine de créations qui étaient données plus de 600 fois. Tel fut le cas de Mowgli, l’enfant loup et ces créations étaient aussi une aubaine financière puisqu’elles étaient achetées par d’autres théâtres et par conséquent apportaient des recettes complémentaires.

Voilà pour le TJP. 

En ce qui concerne le Village culturel, on évoque sa suppression et son remplacement par un « forum culturel » dans la salle de l’Aubette avec une « euro parade ».

Ce que l’on me dit c’est que moins d’associations et de structures culturelles pourront être associées à ces initiatives nouvelles dont on ne connaît pas encore aujourd’hui les véritables configurations.

Si mes informations étaient exactes je souhaiterais savoir  de quelle consultation, fruit de la démocratie participative, elle en est la conséquence ?