Manuel d’Histoire Franco-Africain. Veut-on définitivement faire capituler la République?
Par Robert Grossmann le dimanche, 30 janvier 2011, 11:22 - Lien permanent
Dans le cadre d’une de ses missions nationales, madame Keller a visité dans des villes françaises des « banlieues », à peu près identiques à celles qu’elle a administrées à Strasbourg : Neuhof, Hautepierre, Cité nucléaire et d’autres…Elle a donc pu observer à nouveau des jeunes issus de l’immigration, ce qui n’était pas une découverte pour elle,
Il y a là un vrai problème constate-t-elle globalement… Et elle a trouvé la solution :
« Il est important de mettre l’accent sur le travail de mémoire et la relation à la double culture (…) ils ne peuvent se référer à une culture qui n’est pas la leur, celle du pays de leurs parents (…) en même temps ils n’arrivent pas totalement à acquérir la culture du pays où ils sont nés, la France. Parce qu’on nie leur histoire personnelle et parce qu’on ne leur parle pas de leur passé (…)
Remède :« un manuel d‘histoire franco africain qui aborderait l’époque des colonies, les héroïques tirailleurs la guerre d’Algérie, la décolonisation les vagues d’immigration. » (Le Parisien du 27 janvier 2011)
Admettons que l’intention soit bonne, nous sommes alors en présence d’une éclatante fausse bonne idée.
Madame Keller fait un vrai constat que tous les observateurs ne cessent de faire depuis une quarantaine d’années : les jeunes issus de l’immigration sont pour la plupart en révolte contre la France et sa République.
Prenons à titre d’exemple ce symbole que l’on aimerait effacer des mémoires : la Marseillaise sifflée par un stade de France plein à ras bord de jeunes issus de l’immigration maghrébine.
Voilà un exemple spectaculaire qui traduit que c’est bien au quotidien que le désamour, pour ne pas dire la haine de la France, s’exprime y compris dans certaines paroles des hymnes rap célébrés par les mêmes.
Que dire aussi de ces beaux moments festifs de mariages avec drapeaux étrangers brandis au fil de cortèges de voitures klaxonnant dans nos rues.
La réponse de madame Keller : un manuel …
Pourtant, la République française a l’obligation d’intégrer tous ses ressortissants, - principe d’Égalité- ce qui implique qu’elle leur enseigne la maîtrise de la langue française, des coutumes et des lois françaises mais aussi de l’histoire de la France dont ils sont sensés être les enfants. Leur apprendre qu’ils vivent un malaise parce qu’ils sont coupés du pays d’origine de leurs grands parents diffèrerait à l’infini leur intégration en France.
En clair le modèle multi culturel, tel que les Anglais et madame Merkel en Allemagne le dénoncent aujourd’hui après l’avoir pratiqué, est un échec dans nos pays européens .
En second lieu : Que signifierait au juste un manuel franco africain qui serait immédiatement accusé de véhiculer des relents néo colonialistes ?
En effet qui l’écrirait et qui sélectionnerait les séquences de ce manuel. On voit d’ici les interminables travaux de « commissions » …
De quelle Afrique parle t on? Peut-on imaginer qu’un seul responsable d’un pays africain accepterait de voir son histoire noyée dans l’entité Afrique ? Ce seraient donc 53 manuels qu’il faudrait rédiger. Dès lors, qu’écrirait-on à propos, …au hasard, de la Cote d’Ivoire ? Du Mali ? Du Rwanda et des génocides. Que ferait-on de la guerre en Algérie (ou d’Algérie), du Maghreb et des évolutions de ses trois pays?
Une autre question de taille : quand commencerait cette histoire franco-africaine? Avec la colonisation ou bien avant en évoquant par exemple l’histoire de la mise en esclavage de noirs par les puissances arabes ?
Quelles seraient les figures historiques que l’on dégagerait pour les ériger en emblèmes ? Brazza ? Lumumba, Sekou Touré, Amin Dada,? Bokassa ? Mandela ?
L’histoire ne saurait sous peine de révisionnisme oublier les harems et la polygamie naturellement
Ajoutons que la proposition de madame Keller intéresserait les courants centrifuges de l’hexagone. Ne faudrait-il pas dès lors un manuel Franco Basque ? Franco Provençal ? Franco Savoyard ? Franco Breton ? Franco Corse ? Et last but not least Franco-Alsacien ? (et non pas franco allemand qui n’a pas du tout le même sens.)
En pointant des identités culturelles non françaises dans nos banlieues, en imaginant cultiver collectivement d’autres racines, en susurrant une idée d’identités différentes de nos régions, c’est la République qu’on démantèle intellectuellement, sociologiquement , politiquement!
Mais n’est ce pas déjà fait virtuellement ? N’y a t il pas une démission globale et rampante de nos élites face aux communautarismes que l’idée du manuel ne fait que consacrer ?
Si madame Keller, par son projet de manuel, pouvait susciter une opposition générale, si les consciences pouvaient se réveiller contre cette idée fallacieuse et provoquer une levée des courages contre les communautarismes, si le rejet de ce manuel pouvait s’accompagner d’un sursaut en faveur de la République, elle aurait fait œuvre utile en se médiatisant de la sorte.
Commentaires
Cher Robert, je partage ton hostilité à tout communautarisme, qui aboutit à dresser les gens les uns contre les autres au lieu de les rassembler. Mais je me demande si ton opposition à la suggestion de Fabienne Keller ne repose pas sur un malentendu. Je pense qu’elle a raison de souhaiter un supplément d’enseignement historique sur les relations franco-africaines, pour répondre aux besoins des jeunes Français qui ont des racines africaines comme de ceux qui partagent avec eux les bancs de l’école et de la fac.
Sur les modalités techniques (programmes scolaires, chapitres de manuels), on peut discuter, mais il faut savoir que les historiens français et africains entretiennent de multiples contacts et s’accordent sur de nombreux points. Malheureusement, leurs travaux sont moins connus du public que ceux des journalistes pamphlétaires et des idéologues.
Sur le risque de communautarisme, je ne partage pas tes craintes. Les jeunes, dis-tu, doivent connaître l’histoire de France : eh bien, justement, l’histoire de France passe, du moins depuis quelques décennies, par l’Afrique. Ce n’est pas à nous, gaullistes, qu’il faut rappeler la part prise par les Africains à la lutte contre l’hitlérisme et à la libération de la France, ni la série de réformes qui, à partir du discours de Brazzaville, permit de passer du régime colonial à une esquisse de communauté franco-africaine, avant les indépendances intervenues en 1960. Cette histoire permettra à tous nos jeunes, quelles que soient leurs origines, de comprendre que l’heure n’est plus, depuis longtemps, aux replis ethniques.
Bonjour Michel,
Tu introduis un bon débat et je ne peux que partager les souvenirs héroïques qui jalonnèrent la route Africaine de de Gaulle et de la Libération.
Penses tu que ceux qui ont sifflé la Marseillaise par milliers, ceux vénèrent des parole "rap" si odieuses contre la France qu'il faut "baiser" (relire Finkielkrauth à ce propos) et ceux tout simplement qui traficotent dans nos quartiers seraient sensibles, voire métamorphosés par la lecture d'un manuel?
Et cher Michel je maintiens tout mon questionnement sur: quel pays, quelle histoire, quels héros ? Bref quel contenu alors qu'aujourd'hui "la France-Afrique" n'est plus ni à l'ordre du jour ni en odeur de sainteté (laïque ça va de soi...)
Bonjour Robert,bravo pour cette article. Une de plus!!!... ou ces responsables ne vivants le quotidien cherchent des idées plus stupides qu'il n'est possible,les apprentis sorciers n'ont toujours rien compris . Pour ce qui est de la participation des Africains aux conflits, notamment 39-45 ,n'oublions pas ils étés Français, de plus si tel n'eût été le cas ,l'Allemagne nazie ne les auraient de toute évidence épargnés, faisant de ce fait également leurs combats.La France ne mérite cela,pour ce qui est de l'histoire et de l'acceptation à nôtre patrie ,pour exemple, combien d'enfants, né"e"s de nouveaux migrants portent des prénoms français ou occidentaux ??,les amoureux de nôtre pays, genre : Éric Zemour ou Alain Mimoun ,et combien d'autres encore ?!.Les migrants venus du monde entier,de toutes époques ,ont en la matière été exemples en laissant de belles empreintes "elles ,ils ont épousé(e)s la FRANCE ne se posant de questions, notre Histoire ,ils l'ont aussi faite, souvent au prix fort .Bien à toi.