Dans le cadre d’une de ses missions nationales, madame Keller a visité dans des villes françaises des « banlieues », à peu près identiques à celles qu’elle a administrées à Strasbourg : Neuhof, Hautepierre, Cité nucléaire et d’autres…Elle a donc pu observer à nouveau des jeunes issus de l’immigration, ce qui n’était pas une découverte pour elle,

            Il y a là un vrai problème constate-t-elle globalement… Et elle a trouvé la solution :

« Il est important de mettre l’accent sur le travail de mémoire et la relation à la double culture (…) ils ne peuvent se référer à une culture qui n’est pas la leur, celle du pays de leurs parents (…) en même temps ils n’arrivent pas totalement à acquérir la culture du pays où ils sont nés, la France. Parce qu’on nie leur histoire personnelle et parce qu’on ne leur parle pas de leur passé (…)

Remède :« un manuel d‘histoire franco africain qui aborderait l’époque des colonies, les héroïques tirailleurs la guerre d’Algérie, la décolonisation les vagues d’immigration. » (Le Parisien du 27 janvier 2011)

            Admettons que l’intention soit bonne, nous sommes alors en présence d’une éclatante fausse bonne idée.

            Madame Keller fait un vrai constat que tous les observateurs ne cessent de faire depuis une quarantaine d’années : les jeunes issus de l’immigration sont pour la plupart en révolte contre la France et sa République.

            Prenons à titre d’exemple ce symbole que l’on aimerait effacer des mémoires : la Marseillaise sifflée par un stade de France plein à ras bord de jeunes issus de l’immigration maghrébine.

            Voilà un exemple spectaculaire qui traduit que c’est bien au quotidien que le désamour, pour ne pas dire la haine de la France, s’exprime y compris dans certaines paroles des hymnes rap célébrés par les mêmes.

            Que dire aussi de ces beaux moments festifs de mariages avec drapeaux étrangers brandis au fil de cortèges de voitures klaxonnant dans nos rues.

 

            La réponse de madame Keller : un manuel …

            Pourtant, la République française a l’obligation d’intégrer tous ses ressortissants, - principe d’Égalité- ce qui implique qu’elle leur enseigne la maîtrise de la langue française, des coutumes et des lois françaises mais aussi de l’histoire de la France dont ils sont sensés être les enfants. Leur apprendre qu’ils vivent un malaise parce qu’ils sont coupés du pays d’origine de leurs grands parents diffèrerait à l’infini leur intégration en France.

            En clair le modèle multi culturel, tel que les Anglais et madame Merkel en Allemagne le dénoncent aujourd’hui après l’avoir pratiqué, est un échec dans nos pays européens .

            En second lieu : Que signifierait au juste un manuel franco africain qui serait immédiatement accusé de véhiculer des relents néo colonialistes ?

            En effet qui l’écrirait et qui sélectionnerait les séquences de ce manuel. On voit d’ici les interminables travaux de « commissions » …

            De quelle Afrique parle t on? Peut-on imaginer qu’un seul responsable d’un pays africain accepterait de voir son histoire noyée dans l’entité Afrique ? Ce seraient donc 53 manuels qu’il faudrait rédiger. Dès lors, qu’écrirait-on à propos, …au hasard, de la Cote d’Ivoire ? Du Mali ? Du Rwanda et des génocides. Que ferait-on de la guerre en Algérie (ou d’Algérie), du Maghreb et des évolutions de ses trois pays?

            Une autre question de taille : quand commencerait cette histoire franco-africaine? Avec la colonisation ou bien avant en évoquant par exemple l’histoire de la mise en esclavage de noirs par les puissances arabes ?

            Quelles seraient les figures historiques que l’on dégagerait pour les ériger en emblèmes ? Brazza ? Lumumba, Sekou Touré, Amin Dada,? Bokassa ? Mandela ?

            L’histoire ne saurait sous peine de révisionnisme oublier les harems et la polygamie naturellement

            Ajoutons que la proposition de madame Keller intéresserait les courants centrifuges de l’hexagone. Ne faudrait-il pas dès lors un manuel Franco Basque ? Franco Provençal ? Franco Savoyard ? Franco Breton ? Franco Corse ? Et last but not least Franco-Alsacien ? (et non pas franco allemand qui n’a pas du tout le même sens.)

            En pointant des identités culturelles non françaises dans nos banlieues, en imaginant cultiver collectivement d’autres racines, en susurrant une idée d’identités différentes de nos régions, c’est la République qu’on démantèle intellectuellement, sociologiquement , politiquement!

            Mais n’est ce pas déjà fait virtuellement ? N’y a t il pas une démission globale et rampante de nos élites face aux communautarismes que l’idée du manuel ne fait que consacrer ?

            Si madame Keller, par son projet de manuel, pouvait susciter une opposition générale, si les consciences pouvaient se réveiller contre cette idée fallacieuse et provoquer une levée des courages contre les communautarismes, si le rejet de ce manuel pouvait s’accompagner d’un sursaut en faveur de la République, elle aurait fait œuvre utile en se médiatisant de la sorte.