« Leclerc peut faire son entrée dans la ville et se rendre à l'hôtel de ville de Strasbourg.

Le serment de Koufra a été tenu.
De Gaulle, aussitôt averti, se rend à l'Assemblée consultative et lui annonce la nouvelle : "Un frisson, écrira-t-il en deux phrases typiquement gaulliennes, parcourt l'assistance, élevée soudain tout entière au-dessus d'un quelconque débat. Les armes ont cette vertu de susciter, l'unanimité française.

Mais Strasbourg reste menacée.

A Noël, le maréchal Von Rundstedt perce le front allié dans les Ardennes, et les forces allemandes lancent des attaques en Lorraine et vers Haguenau.

Eisenhower veut abandonner cette position aventureuse et ramener ses lignes sur les Vosges, Ire armée française comprise.

Himmler, nommé par Hitler responsable militaire et politique de l'Alsace, va-t-il rentrer à Strasbourg, défendue par la brigade Alsace-Lorraine, les maquisards mal armés qu'avait regroupés André Malraux ?


De Gaulle intime à de Lattre l'ordre d'inclure la ville dans son secteur alors qu'elle est, en principe, dans celui de l'armée Patch, de refuser le repli déjà ordonné par Devers et de défendre Strasbourg à tout prix. Il alerte Roosevelt et Churchill.


Le 2 janvier 1945, il se rend au quartier général d'Eisenhower, à Versailles. Churchill est là. Il sait lui, la valeur symbolique de Strasbourg.

Le commandant suprême énumère les motifs militaires de sa décision.

Pour la France, répond de Gaulle, ce serait un désastre. Argument politique, rétorque Eisenhower, basé sur le sentiment et non sur la logique et le bon sens

".Les armées sont faites pour servir la politique des Etats ", dit le Français. Churchill opine.