Monsieur le Maire,

Donc, à l’occasion de cette rentrée 2010/2011 vous avez octroyé à la ville et à la communauté urbaine de Strasbourg, une nouvelle charte graphique qui serait en même temps un logo.

Ce chambardement graphique, nous l’avons découvert par des indiscrétions assez nombreuses, dans la torpeur de l’été.

Il s’agit d’un choix visuel qui engage nos deux collectivités bien au-delà d’un mandat municipal, car nous estimons qu’il serait catastrophique que chaque nouveau maire, celui après vous par exemple, ait comme préoccupation principale de se faire plaisir avec un nouveau joujou-logo !

Ce choix vous l’avez fait seul, sans la moindre concertation, ou alors exclusivement avec vos obligés.

Pourtant, un tel visuel doit représenter toute une ville, toutes ses sensibilités, et leur correspondre.

Il ne peut constituer la marque d’un parti ou d’un clan.

A notre sens, il aurait du être discuté, débattu dans la concertation et adopté par un large consensus.

Cela n’a malheureusement pas été le cas puisqu’à aucun moment nous avons été informés ni, à plus forte raison consultés, sur votre initiative.

Elle est venue, confectionnée en catimini, comme un vilain cheveu sur la soupe.

Voila donc un exemple éclatant, un de plus, de votre mépris de la démocratie participative qui vous avait élire et qui devait être au cœur de votre nouvelle gouvernance. C’était donc du pipeau !

Vous décidez seul, en autocrate, tout en invoquant à chaque coin de rue la démocratie participative et en faisant croire au gens que leur avis pourrait compter.

Vous êtes dans l’incantation alors que vous devriez être dans l’incarnation.

Voilà pour la méthode.

Parlons finances. Cette décision nous semble totalement inopportune. Alors que les dettes de la ville et de la CUS augmentent fortement depuis 2008, alors que vous prétendez rechercher des économies budgétaires, vous vous engagez dans un processus de dépenses de communication lourdes, totalement inutiles. Auriez vous entendu des clameurs s’élever à Strasbourg et dans les 26 communes de la CUS pour réclamer un nouveau logo ? Que nenni ! Personne n’a rien demandé, ce bouleversement graphique ne répond à aucun besoin, sinon à votre volonté de faire table rase du passé de tenter d’imposer votre signature et de laisser ainsi votre empreinte dans l’histoire.

Monsieur Ries, un changement de logo n’est pas un simple changement de carte de visite, c’est comme un changement de personnalité. C’est une rupture. En l’espèce une rupture avec le maire qui avait choisi le logo remisé aux déchets, Catherine Trautmann.

Vos prédécesseurs immédiats, monsieur Ries, par souci de continuité républicaine n’avaient pas touché à ce logo à la fois par respect pour Catherine Trautmann, et pour l’identité de la Ville et de la CUS.

On nous rapportait d’ailleurs que le changement d’il y a 20 ans avait couté 600.000 francs ce qui signifierait, converti en euros de nos jours, quelque chose comme 350.000 euros à payer par le contribuable.

Vous nous racontez qu’il fallait donner je cite « une image plus contemporaine de notre agglomération » (Catherine Trautmann avait-elle donc créé une antiquité ?)… que cela valoriserait la « visibilité » de l’action publique qui est aussi un élément de reconnaissance par les citoyens usagers du travail accompli par chacun des collaborateurs de notre administration » Je cite la lettre du DGS, « En direct » à tous les agents.

Les avez vous consulté en ce sens, les valeureux collaborateurs de nos deux collectivités ? Non, bien évidemment.

Parlons maintenant de l’image soi disant « contemporaine » que avez imposée.

Je voudrais faire un sort à l’adage bien connu: « les gouts et les couleurs ne se discutent pas » Il est tout à fait discutable car il faut discuter et débattre de tout dans une démocratie participative.

Mais ce qui est certain c’est que « les COÛTS et leurs couleurs », ça ça se discute obligatoirement, c’est un devoir démocratique.

Eh bien de l’avis quasi unanime de tous ceux qui se sont exprimés sur le sujet : c’est un bide.

Je n’ai entendu personne adhérer à ce visuel

Comme nous sommes nous même très modernes et très contemporains, nous fréquentons l’incontournable Facebook.

Le 2 septembre, le compte « La ville de Strasbourg » a sollicité des avis sur ce logo.

Je vous livre en vrac quelques uns des 26 commentaires qui se sont exprimés sous leur vrai nom et pas sous pseudo comme on en voit sur les blogs du genre « emmanuel 3/zorglub1/rêne 3/ don draper/ el drinko/rose du 67/titou1…et PINPIN !!! quel courage et quelle transparence

Donc ceux qui ne sont pas venus cagoulés sur Facebook on écrit

 

« Bof, c’est fade

 

Franchement ça laisse à désirer

 

Mouais

 

Pas convaincu

 

A des années lumières du brief, Tout ça pour ça

 

Ils auraient pu marquer Leroy Merlin

 

Euh que dire…

 

Combien ça a couté ?

 

Pas à la hauteur du concept et de cette magnifique ville

 

C’est cheap pour une capitale européenne

 

La Ville pourrait se renseigner avant de balancer une typo vieille de 70 ans...

 

ouais pour une sortie s'en est une, de plus ça me fait penser aux enseignes BP.

 

On vas faire une overdose de vert... il aurait mieux fait de faire une campagne "imaginons ensemble notre futur logo"

 

 

Je pourrais continuer ces citations, sur le coût il y en a de plus féroces.

 

Pas une n’est favorable

En réalité votre ligne graphique est fade, quelconque, peu visible, ses couleurs sont politiques, la pièce détachable rouge semble s’envoler, d’aileurs sur ceratins supports elle est envolée.

On voit aussi que la ville écrase la CUS

Enfin, si nous tentons de prononcer votre texte, il fait onomatopée : Strasbourg EUH !

Par ailleurs, vous qui avez voulu vous distinguer en sacrifiant aux traditions germaniques de notre ville avec le Schwoerbrief vous reniez totalement ces traditions sur le pan visuel.

Les armes historiques de la Ville, travaillées pour englober toutes les communes de la CUS, modernisées, contemporanéisées, quel beau chantier pour des artistes graphistes !

Mais il y avait tant d’autres pistes et la moins mauvaise, à nos yeux, était de garder le « logo Trautmann » car on vous expliquera que pour qu’un logo soit bien identifié par tous il faut des décennies, il faut l’inscrire dans le temps et la durée.