Alléluia, la ville semble bouger. Après deux ans et demi le tandem Bigot Ries s’est enfin mis au travail ou, plutôt, a donné des consignes pour que l’on travaille et que des annonces puissent être faites!

            En cette rentrée 2010 à la Foire Européenne on revêtira donc le teeshirt et le foulard « Tour de la presqu’île Malraux » comme on avait revêtu, en 2009, ceux de l’Euro 2016 et de l’Eurostadium!

            Chers effets d’annonces ! Avec ce tandem là le proverbe est plus que jamais vérifié : « Il y a loin de la coupe aux lèvres » ou en alsacien « es wird nee so heiss g’ässe wies gekocht wird»

            Imaginons toutefois que, contrairement à l’affaire de l’Euro 2016, le tandem compte donner suite à l’aménagement de la presqu’île Malraux, cela mériterait alors quelques éléments d’analyse.

1)   La méthode : aucune concertation. Un projet sorti du chapeau, conçu en catimini. Ce n’est pas la sempiternelle évocation des conseils de quartiers qui changera le fait que deux projets, deux seulement, et deux projets jumeaux ( !), soient présentés au public. Mais en amont, pour l’importante phase de conception du concours, pas la moindre concertation, ni avec les élus ni avec les associations.

2)    De plus un cahier des charges contraint et décidé autocratiquement par le tandem, toujours en catimini. Aucune directive quant aux fonctionnalités du projet. Mais des restriction  : interdit de toucher au vieil entrepôt industriel. Cela exclut une liberté d’imagination créatrice qui aurait pu s’exprimer sur le terrain libéré de ce bâtiment qui ne présente aucun intérêt. En a-t-on débattu ? Non !

3)   Le concours est un concours de promoteurs, donc de financeurs, certes associés à des architectes, mais ce n’est pas un concours d’urbanistes qui agiraient en fonction d’une vision des élus pour cette partie de ville nouvelle.

4)   En effet, aucune fonctionnalité urbaine digne de ce nom n’a été assignée à ce projet. C’est le contenant qui définira le contenu ce qui est la négation même du sens de l’urbanisme

 

Voilà pour les prémisses.

Au fond quelle est ,en réalité, la nature de l’opération ?

Il s’agit d’une vente par les collectivités publiques de droits à construire à des opérateurs privés. A charge pour ceux ci d’aménager. La volonté de la puissance publique est absente sur cet exceptionnel espace emblématique, sauf à arbitrer entre deux tours.

Il s’agit donc d’une opération financière fondée sur la rentabilité pure, ce qui n’est pas condamnable, sauf à en examiner les détails.

      En effet on comprend immédiatement que la « tour » de 100 mètres de haut n’est pas simplement « la » concurrence du tandem à la cathédrale, ni un élément de championnat de celui qui érigera « la plus haute ». Elle constitue l’opération qui doit générer du bénéfice dont une partie servira, éventuellement, à financer le restant de l’opération. Aucun opérateur, soyons lucides, ne peut trouver son intérêt dans l’aménagement obligé de l’entrepôt.

·      On observe aussi que la tour projetée sur l’actuelle place Winston Churchill bouchera de manière malheureuse la perspective sur le plan d’eau depuis la cité de la musique. Un autre emplacement était possible dans le prolongement des bâtiments de la friche.

·      Cette tour sera un immeuble de grande hauteur (IGH) ce qui entrainera de très fortes contraintes en matière de sécurité. Quelqu’un s’est il préoccupé du coût de ces contraintes, du fonctionnement général d’une telle tour une fois construite et livrée à ses occupants et à un gérant?

·      On nous dit qu’il y aura une cité universitaire, des ateliers d’artistes, un lieu d’exposition. Qui, précisément, les financera, qui les gèrera ?

·      Combien y aura-t-il de parkings… à moins qu’on ne s’inscrive dans la dogmatique interdiction de l’automobile ?

   Le plus grave au fond c’est la méthode catastrophique pour un résultat poudre aux yeux.

On était en droit de rêver à un lieu de vie fort et puissamment attractif pour Strasbourg.

En complément de l’archipel culturel et de Rives Étoile il devait s’y passer quelque chose d’innovant et d’original: animation de la vie nocturne, lieux de loisirs et de détente, convivialité le long de l’eau, bistrots et bars sympas, petits commerces insolites . Certes des logements et sans doute un très bel hôtel mais bien plus que cela.

   Le tandem compte sur un effet d’annonce hypnotique, les dessins sur papier de la Tour ayant pour objet de fasciner les lecteurs.

C’est le mirage de la tour des miracles destiné à faire croire que l’on fait de l’urbanisme de « haut » niveau et que la vacuité serait ainsi comblée. 

« Anne, ma sœur » attendons de voir venir.