« Qu'il faille enfin changer et embellir la façade du Printemps est une évidence, mais de là à faire tomber la foudre sur le quartier, fût-ce en aluminium couleur champagne, il y a un pas qu'il ne faut pas franchir. Or les DNA du 23 juillet nous montrent une image du projet que le magasin Printemps veut infliger à Strasbourg et aux Strasbourgeois. Facebook montre une maquette blanche. Il y manque la couleur faux bronze mais vrai bling bling champagne, qui devrait enluminer cette chose en accentuant ses excès.

A deux pas du ratage de la Maison Rouge qui défigure la place Kléber

Je sais que l'architecte des bâtiments de France a donné son accord à ce projet et j'en suis consterné.
Je sais aussi que le conseil de quartier l'a approuvé. Ce ne serait pas la première fois qu'une proposition architecturale est examinée rapidement. J'ai un réel respect pour les conseils de quartier et je me permets de formuler le vœu que celui du Centre, concerné par cette façade, accepte de procéder à un réexamen.

 Aujourd'hui il ne m'est pas possible de ne pas vous faire part de ma consternation. Le bâtiment du Printemps, si longtemps négligé par ses propriétaires et dirigeants successifs, est situé dans un des endroits les plus sensibles du cœur de la ville.
A deux pas de la soucoupe qui coiffe ce nœud de tensions inquiétant que constitue la station du tram, à un jet de pierre de la tour qui est tant décriée, à deux encablures du ratage de la Maison Rouge qui défigure toute la place Kléber, ce quartier doit-il être définitivement l'objet de malédictions architecturales et constituer le catalogue du mauvais goût et des ratages de notre ville ?

 J'estime en effet que la façade actuellement imaginée décrocherait le pompon en matière de misère esthétique. Mon premier réflexe devant ces stries géantes en métal artificiellement bronzé, de type champagne bling bling, a été un authentique choc. J'ai ressenti une agression visuelle.
Il ne faut, en effet, pas juger à l'échelle de la maquette mais imaginer le résultat en grandeur réelle. Ce projet de façade me semble avant tout violent et d'un parfait mauvais goût néo kitsch, style stand géant de messti de province. Si ces immenses raies de métal jetées sur la façade avec une dysharmonie totale devaient signifier une sorte de modernité post cubiste, elles suggèrent avant tout un désordre structurel, mais non artistique pour autant, qui agressera chaque regard.
Si elles devaient suggérer un drapé ( !) rappelant ceux des exceptionnelles sculptures classiques, ou celui des rideaux de scènes, il serait plutôt mité. Mais c'est avant tout un rideau guerrier de forteresse qu'elles évoquent. Aucune élégance, aucune classe mais une parodie sommaire d'art concret décadent et mal digéré. Ce lieu, ce bâtiment appellent l'élégance, l'harmonie, la douceur et le calme architectural.

Une telle façade devrait suggérer le désir plutôt que l'inquiétude. Elle devrait être harmonieuse et apaisée au milieu de tant de désordres. Je vous conjure de reconsidérer ce projet et de faire jouer votre autorité de premier magistrat de la Ville, votre amour de l'art et votre sens de la contemporanéité pour faire réviser ce projet.
Cette façade n'est pas de l'affaire privée d'un groupe international situé à Paris, c'est l'affaire de tous les Strasbourgeois à qui ce projet appartient moralement. Dans le but d'éviter une tache qui risquerait de marquer Strasbourg pour longtemps, il est encore temps de proposer un concours d'architectes et de confronter plusieurs projets car au fond, ni le conseil de quartier, ni l'architecte des bâtiments de France n'ont eu le choix. »