Les campagnes électorales recèlent des surprises.

En 2010, en Alsace, nous n’attendions plus tant d’obscurantisme mâtiné de crispations et de replis identitaires à l’occasion des élections régionales.

Que tous les candidats ou presque n’aient (de prime abord) perçu de la culture que le bilinguisme franco – allemand et la culture alsaco alsacienne, pourrait être mis sur le compte de leur volonté d’attraper des voix en attribuant aux électeurs cette nostalgie qui en réalité est un peu la leur. Quatre d’entre eux se sont rattrapés depuis…

Mais que certains franchissent le Rubicon de l’obscénité historique est un comble inattendu.

Donc Europe Ecologie a accueilli sur sa liste un thuriféraire de l’Alsace alémanisée dont la seconde langue officielle devrait être l’allemand. On pourrait créditer cet original de préoccupations intellectuelles : permettre à tous de maîtriser deux langues. Admettons ! Encore que la majorité écrasante des alsaciens considèrent l’allemand clairement comme la langue du voisin. C’est bien, faut-il répéter ce truisme, « l’alsacien » qui  est la langue de l’Alsace avec le français.

Mais que le même génuflecteur devant l’allemand pousse son fait d’arme de la campagne électorale E.E. jusqu’à faire une conférence de presse le 14 février avec le député européen corse François Alfonsi au siège de l’ancien parlement d’Alsace au temps de Reichsland et qu’il se prononce en faveur d’une Alsace autonome avec son parti  de prédilection UnserLand est un comble. Et lorsqu’il ajoute « Bismarck ce n’est pas la honte de l’Europe, moins que Tiers » on est à la limite du négationnisme comique.

 

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Conscients à retardement de leur inconscience les responsables d’E.E ont rompu avec Unser Land et les autonomistes.

Et ne voilà-t-il pas que le sympathique néo modem Yann Wehrling et sa colistière plus rompues à ces exercices, Odile Ulrich, nouent alliance avec Unser Land. Et pour donner tous les gages qui conviennent aux autonomistes ils s’en vont à leur tour s’incliner devant l’ancien Landtag en déployant avec « quelques » colistiers une banderole « pour un parlement d’Alsace » mais… à l’ombre de l’ancien siège Bismarckien.

 

Pourquoi ces surenchères identitaires, pourquoi cette lecture partisane de l’histoire, pourquoi cet obscurantisme. Nous ne sommes plus en 1870 ni en 1913.  Un siècle de feu et de bouleversements vient de dérouler son tapis de progrès, de  sciences et de technologies en même temps que ses nouvelles misères.

Tout comme l’Europe encore trop balbutiante, la France n’est pas dans son état le plus brillant mais elle est « forte de ses régions-françaises » !

Les nazis ont produit l’innommable au nom du 3ième Reich allemand et à peine vingt deux ans avant lui s’achevait la plus terrifiante guerre-boucherie. Soixante dix ans auparavant Wilhelm et Bismarck s’illustraient à Reichshoffen et à Froeschwiller avant de faire bombarder sans relâche Strasbourg en anéantissant une grande partie de la ville et en tuant quelque quatre cent strasbourgeois.

Certains alors de leur définitive hégémonie sur l’Alsace, ennuyés par leurs exactions ils ont construit une magnifique partie de ville avec l’autorité et la liberté du vainqueur tout puissant.

Sait on bien, pourtant, que les maires de Strasbourg et les autres, sous cette période bénie selon Unser Land, étaient interdits d’élection, tout comme les Statthalter, nommés par Berlin?

Sait on que des milliers d’Alsaciens ont choisi de quitter leur pays pour fuir le régime prussien ?

Veut-on bien se souvenir de « l’affaire de Saverne » et de la résistance intellectuelle du groupe de Saint Nabor avec Spindler et ses camarades, du sens profond du musée alsacien, musée résistant ?

A-t-on oublié l’Abbé Wetterlé ? Est-il honteux aujourd’hui d’évoquer Hansi ?

Et comment ne me ferais je pas plaisir en évoquant ma Mélanie, la comtesse de Pourtalès, qui sillonnait l’Alsace du Nord au sud en s’exclamant partout « nous allons parler ensemble en alsacien comme ça les autres ne nous comprendront pas… »

Alors, décidément, par quelle étonnante perversion des esprits sensibles, intelligents, cultivés comme Yann Wehrling peuvent ils s’incliner devant l’ancien Landtag et infliger au sens de l’histoire ce rétropédalage ?

Que l’on veuille un parlement d’Alsace comme Philippe Richert le souhaite et le formate, certes oui, mais que l’on célèbre à ce propos la période des casques à pointe quelle dérision.

Tout cela ne vaudrait pas la sueur d’une seule ligne s’il ne s’agissait pas de Europe Ecologie repentie mais capable de telles erreurs et du Modem qui, il est vrai se trouve à quelques encablures de l’implosion.

 

PS : je ne cesserais de dire, conscient que ce papier va réveiller toutes les haines et les insultes recuites de nos autonomistes,

·      que je suis un fervent partisan de l’apprentissage de la langue du voisin, l’allemand,

·      qu’en gaulliste fervent je suis pour une solide amitié entre la France et l’Allemagne mais que chacun, en toute amitié, a le droit de rester lui même et de garder sa personnalité

·      qu’à titre personnel je suis un fervent de la littérature, de la musique et des arts plastiques allemands.