"En guise de conclusion, quel serait votre message pour l’avenir ?

S’il faut conclure ces entretiens, pour lesquels je vous remercie vivement, tout en notant que vos questions n’étaient guère complaisantes, permettez moi de livrer mon message à moi.

L’avenir devrait susciter une mobilisation « trans partis » sur un thème qui nous concerne tous. Un grand rassemblement ou ce que l’on appelait hier déjà, une majorité d’idées, prête à l’action.

Nous avons tous un bien commun à défendre qui est la terre sur laquelle nous vivons, par conséquent la vie elle même. Ce combat essentiel et vital devrait nous réunir par delà les barrières partisanes. Les rivalités personnelles, les conflits de pouvoir devraient être laissés au vestiaire lorsqu’on aborde cette question grave pour notre avenir et celui des générations à venir.

Dans ma fidélité aux principes fondamentaux du gaullisme plusieurs préceptes me guident qui assurent la pérennité de ces idées en même temps que leur permanente actualité.

1) Lutter toujours et partout pour la dignité de l’homme. C’est le cœur du message du 18 juin. La résistance à toute forme d’oppression.

2) « Savoir épouser son siècle » comme l’a dit le général de Gaulle lui même. Donc être fortement engagé en faveur des grandes causes qui caractérisent notre époque, être dans la contemporanéité.

Le gaullisme d’aujourd’hui ne peut plus être dans ses applications pratiques celui du temps du général. Pour moi le gaullisme n’a jamais été un mausolée avec ses odeurs d’encens funèbres et ses pompes. C’est tout au contraire un appel permanent à combattre en faveur de l’essentiel pour l’Homme, l’Homme de son temps.

Tout a changé. Le monde n’est plus le même, la géopolitique au XXIème siècle n’a plus rien à voir avec celle des années 1960. La société n’est plus la même. Une évolution complète s’est opérée creusant des écarts immenses entre les populations.

Peut-être pouvons nous comprendre et deviner que la société de surconsommation se précipite vers un effondrement par épuisement des ressources.

Les communautarismes religieux, ethniques, régionaux se déchainent à travers le monde et avec une violence inouïe.

Des guerres larvées traversent la planète sous forme de terrorismes lâches.

La pauvreté ne recule pas, tout au contraire. Elle ne semble pas en passe d’être jugulée. Voilà quarante ans que j’entends parler des relations nord-sud. Le grand chantier consistait à mettre en application cet ancien proverbe chinois : « si quelqu’un a faim ne lui donne pas un poisson mais apprend lui à pêcher ». Le nord n’a toujours pas réussi à transmettre son savoir économique au sud. Aider les populations de ce que l’on appelait le tiers monde et aujourd’hui avec élégance « les pays émergents » à fertiliser leurs terre afin qu’elles puissent se sentir les plus heureuses possible chez elles plutôt que d’avoir dans l’esprit, obsessionnellement, le mirage de l’opulence de l’Europe et de n’en pas finir avec les problèmes de migration.

Partout l’homme poursuit sa quête de sens et j’ajouterais, en dramatisant volontairement, ne cesse d’être confronté à la nécessité de sa survie.

Je me demande avec gravité si nous ne devrions pas, au sein des partis classiques, opérer une nécessaire révolution adaptée à celle du monde.

Avec ce combat permanent et sans cesse recommencé de la quête de la paix, de la lutte contre toutes les pauvretés, l’essentiel aujourd’hui consiste à sauver la terre, à sauver la planète.

Les signaux d’alertes sont trop criants et trop inquiétants. La couche d’ozone, la qualité de l’air, le réchauffement climatique, les problèmes d’eau, les pesticides, les nanotechnologies, les OGM, la santé publique, ces questions ne peuvent plus nous laisser indifférents…Al Gore, Nicolas Hulot, José Bové, Yann Arthus Bertrand et tant d’autres dans la société civile et la vie associative ne cessent de lancer des alertes.

Pour être concis je me demande si toutes ces personnalités et ceux qui se revendiquent alter mondialistes n’indiquent pas souvent la bonne direction…Les méthodes radicales et violentes de certains de ces « alter » ont dissuadé la majorité de nos concitoyens de leur prêter attention. Ils sont assimilés à des casseurs et le spectacle donné à l’occasion du sommet de l’OTAN à Strasbourg discrédite pour longtemps le terme « alter mondialiste ». Les casseurs font un tort immense à la cause qu’ils prétendent défendre.

Disons qu’il y a dans ces mouvances là des militants, des intellectuels fortement engagés dans le combat écologique et citoyen qui développent une vraie réflexion pour ouvrir les chemins vers un monde diffèrent et plus humaniste. Après tout les faucheurs volontaires de maïs OGM n’avaient-ils pas raison avant d’autres puisque le gouvernement français a fini par interdire partiellement les OGM cultivés en France ? Ce combat est loin d’être achevé.

Peu de gens savent qu’il y a un scandaleux « brevetage du vivant » et que derrière les plantations, les graines, les élevages, bref, derrière tout ce qui se trouve dans nos assiettes, il y a une gigantesque bataille de fric développée par deux ou trois super multinationales. Leur logique pousserait même jusqu’à interdire l’autonomie alimentaire.

Il faut lire cet ouvrage saisissant : « Le monde selon Monsanto ». Un leader d’une de ces firmes avait compris aux lendemains de la guerre que « qui possède la graine possède le monde » et pour posséder le monde, dans le sillage abominable des horreurs de la guerre, lui et les siensont poursuivi leur quête d’argent et de puissance. C’est une dérive vers l’eugénisme qu’on nous met en scène et leur codex alimentarius est funeste. Ces notions, à approfondir révéleraient encore d’autres dangers inquiétants.

Réfléchissons ensemble à ces questions, réveillons nous et agissons. Je suis heureux que Nicolas Sarkozy ait mis en œuvre le Grenelle de l’environnement.

Notre devoir est d’aller au bout de la démarche avec conviction et sincérité.

Tout un vaste et difficile programme donc, mais nécessaire…"