Pour que Strasbourg soit métropole
Par Robert Grossmann le lundi, 17 août 2009, 21:28 - Strasbourg - Lien permanent
M.Nisand, maire d eSchiltigheim et PS s'érige contre la promotion de Strasbourg au rang de métropole. Voici la lettre ouverte que les DNA acceptent de publier
Allons Raphaël ! Ressaisis toi, rejoins le camp de l’avenir!
Je voudrais dire à mon ami Raphaël Nisand que sa saillie contre Strasbourg- Métropole emporte plusieurs effets néfastes dont certains sont délicieux.
Délicieux est pour nous qui sommes les compétiteurs du PS le constat que celui ci s’affronte de manière publique, affichant des désaccords si profonds qu’il semble impossible de le créditer d’une réelle capacité à gérer avec sérieux la CUS et la Ville de Strasbourg.
Qu’il bricolait était pour nous une évidence que l’on pouvait mettre sur le compte de l’inexpérience. Mais le voici voué à un bricolage endémique, rafistolant sa doctrine par ci, ses absences de projets par là, ses grands écarts et ses agressions personnelles enfin pour tenter de masquer son impéritie.
C’est l’état du PS aujourd’hui, à Paris comme à Strasbourg, merci Raphaël d’avoir contribué ici à cette intéressante révélation publique !
Que nous dis-tu, cher Raphaël, en contradiction avec ton secrétaire fédéral PS, Matthieu Cahn ? Que tu t’opposes, au nom de Schiltigheim, à ce que Strasbourg soit promu métropole !
Reflexe féodal ? Veux tu instaurer un péage près du cimetière sainte Hélène ?
Voyons! Au moment où l’on construit une Europe de plus en plus intégrée, à l’heure où les grandes agglomérations se livrent une compétition, certes amicale mais sans merci, alors que l’attractivité de Cologne, de Francfort, de Stuttgart, de Bale, de Lyon s’exprime par la puissance de leurs images de grandes métropoles, Strasbourg devrait se complaire en gentille ville de province stagnante, contestée par ses faubourg ?
Allons Raphaël sois un tout petit peu progressiste et sors de cet obscurantisme administratif que tu veux habiller des vertus de la proximité.
Les replis identitaires, y compris communaux, sont néfastes aujourd’hui et la crispation sur des postures de jadis n’entraine rien d’autre que la régression. Faire du sur place aujourd’hui c’est reculer.
Je veux bien te créditer de la bonne foi mais alors c’est de la bonne foi exercée à mauvais escient.
Personne évidemment n’imagine que ta position puisse être fondée sur l’égoïste argument de rester roitelet dans ton château. Roitelet tu le resterais Raphaël et même tu jouerais un rôle de baron de premier plan au sein de la métropole et pourquoi pas un jour Roi, carrément.
Les communes ne seraient pas supprimées dans le projet de métropole, elles continueraient à remplir toutes leurs fonctions de proximité et ta démocratie participative aurait toutes les possibilités de s’exercer depuis la « Ritters burie »*
En agitant l’argument sommaire de « la Métropole contre les communes » tu trompes ton monde et tu sais que c’est faux.
Moi qui connaît bien Schilick je pense qu’il n’ y a pas un seul Schilkois qui renierait sa proximité forte avec Strasbourg, voire sa fierté d’être « Strasbourgeois », ville du Parlement Européen. Pas un qui ne sente à l’aise à Strasbourg que ce soit pour ses commerces, ses spectacles, ses événements sportifs, ses animations.
Strasbourg doit entrer dans le 21 ième siècle. Elle ne peut le faire qu’en fédérant toutes les énergies. L’union fait la force, dois je en arriver à de tels rappels de bon sens élémentaire ?
La France est administrativement malade des ses éclatements et de son mille feuille où tant de choses doublonnent et finalement coutent au contribuable.
La métropole Strasbourg existe en réalité dans la tête de tous nos concitoyens. Elle joue son rôle sans en avoir tous les moyens, elle « est » de facto mais sans réelle capacité juridique, elle doit être enfin « collectivité de plein exercice ».
Quant aux départements dois je rappeler qu’ils sont une construction qui date de la révolution française alors qu’on mesurait les distances en journées de voyage à cheval ?
Ce ne sont pas quelques élus campés sur leurs positions personnelles qui doivent empêcher que Strasbourg soit métropole à l’instar de Lyon, Lille, Marseille, Bordeaux, Toulouse, Nantes, Nice . Il s’agit là d’une réelle chance à saisir ou… à perdre !
Raphaël ouvre les yeux et regarde où est l’intérêt général, celui que tes concitoyens partagent ; et si jamais, chatouillés dans leur susceptibilité villageoise sur laquelle tu joues et dont tu abuses, ils rejetaient la métropole en jouant contre Strasbourg, le devoir d’un élu ne serait pas de les suivre mais de les précéder.
Un maire dynamique, éclairé, adepte de modernité et fervent d’Obamania comme toi se doit d’ouvrir des voies.
Allons Raphaël rejoins le camp du progrès et de l’avenir !
*château Ritter, appellation familière du nom du maire qui fit construire l’hôtel de ville)
Commentaires
Bonjour M. Robert Grossmann,
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Votre texte sur Strasbourg Métropole a retenu toute mon attention.
Tout d'abord, sincères condoléances pour le décès de M. Adrien Zeller. C'était un grand Français, un grand Alsacien. Il restera une référence pour l'avenir, quelque soit l'opinion des uns ou des autres. Lire également le très bel article publié en allemand par Martin Graff dans le Badische Zeitung ---> d'où l'avantage d'Internet.
En ce qui concerne la politique, il y a un certain parallèle entre la France et l'Allemagne. Pourquoi, d'après vous, le SPD n'arrive plus à capter les voix des mécontents de la majorité CDU-CSU ? De même que le PS (en France) est devenu un parti à la traine. En cette période de crise internationale, ce ne sont pourtant pas les sujets de mécontentement qui manquent.
Eh bien, il me semble que la réponse est peut-être ailleurs. C'est parce qu'on est en train d'assister à un changement radical d'époque.
En Allemagne, le capitalisme prussien, qui a engendré le modèle social du 19ème siècle, c'était le monde du SPD. C'était un monde fortement hiérarchisé et centralisé. C'était l'Europe industrielle du début du 20ème siècle.
Or, la nouvelle Europe, à partir de 2010, sera de moins en moins industrielle. Le SPD est issu de la vieille tradition centralisatrice bismarckienne (c'est le plus vieux parti d'Europe qui célèbre cette année ses 140 ans d'existence).
Le centralisme prussien n'a jamais marché, car il fut contre-nature à l'idée même de Nation allemande. L'Empire de Bismarck a tourné à l'échec, l'expérience national-socialiste fut une horreur absolue, et l'expérience de la DDR n'est pas non plus à mettre à l'actif de l'Allemagne.
La CDU, le PDF et les Verts (die Grünen) ont une autre conception de l'Etat et me paraissent mieux adaptés aux besoins du 21ème siècle, car ce sont par essence des partis anti-prussiens.
L'Allemagne renoue avec cette vieille tradition germanique qui remonte au 17ème siècle, car la Nation allemande (contrairement à la France centralisée) est avant tout composée de petites entités, où chaque Landkreis, chaque ville, chaque village possède sa forte personnalité. Il n'y a qu'à voir le nombre impressionnant de journaux locaux en Allemagne. Pratiquement chaque Landkreis possède son propre journal local.
Il me semble que la Bundeskanzlerin Angela Merkel incarne ce changement. Je reviens justement de mes vacances à Braunschweig, Niedersachsen. Dans les rues, on voit 10 affiches du SPD contre une seule de la CDU. C'est un signe, à mon avis.
C'est la première campagne électorale allemande qui clôt de manière définitive la longue et douleureuse parenthèse post-prussienne d'après 1945. La dernière expérience "prussienne" fut celle de la DDR qui fut davantage un capitalisme d'Etat plutôt qu'un modèle social.
Un symbole qui m'a frappé dernièrement ----> ce sont les tous nouveaux uniformes de la police allemande depuis 2007-2008. Finie la couleur verte/kaki héritée des années 1900-1910. Désormais, la Deutsche Polizei est habilée en bleu marine, dont les couleurs se rapprochent des uniformes de la police française. Décidément, l'Allemagne a bien changé ces 20 dernières années. Cette fois-ci, c'est sûr, le 20ème siècle est définitivement terminé.
Pour revenir à la France, c'est un peu la même chose mais dans un contexte différent. Le PS (tout comme le SPD) n'arrive plus à incarner le changement d'époque. La République française reste encore un Etat centralisé, car la conception de l'Etat est différente ici à Paris. Toutefois, il conviendrait de donner un peu plus d'air frais aux Régions françaises.
Je suis Parisien, mais je trouve très bien que la Région Alsace conserve ses particularismes, tout en restant fidèle à l'esprit de la Nation française. Mais beaucoup de gens chez vous manquent encore de "Selbstbewußtsein"
(= de confiance en soi). Das Elsaß ist für mich eine wunderbare Region.
Quant à Strasbourg Métropole, je suis entièrement d'accord avec votre analyse. Ceci est valable pour l'ensemble des grandes villes de France.
Dernier sujet ----> Dans mon dernier message, j'ai peut-être été sévère concernant l'anglais.
I like the English language, especially the real English spoken in Britain and in the United States.
Mais je déteste ce mélange bizarre mi-allemand, mi-anglais qu'on voit actuellement en Allemagne.
Dernière trouvaille: "Bei Karstadt shoppen day und night" ! (= Bei Karstadt einkaufen Tag und Nacht). C'est vraiment n'importe quoi.
Telles sont les réflexions que je souhaitais vous apporter en la matière.
Merci de votre attention.
Meilleures salutations,
François, 94160 Saint-Mandé.
Une plume aussi pertinente que le sujet de l'article !
Merci...!
très belle plume, très belle patte...d'oie...Robert...de quoi faire un doux duvet pour couver des idées nouvelles! Mais de grâce! Gardons le mille feuilles dans les traditions culinaires! Et certainement pas dans l'administration des affaires citoyennes!