Mon intervention en conseil municipal du 6/4/09

 Je souhaite évoquer brièvement la place que le TJP occupe dans notre ville et faire une proposition.

Il existe entre la ville de Strasbourg et l’art dramatique une sorte de pacte d’excellence et d’exemplarité.

Si nous sommes aujourd’hui parmi les toutes premières villes de France, j’aurais tendance à dire la première, en région, dans le domaine du théâtre, nous le devons à la volonté politique d’une succession de maires mais aussi, historiquement, à la volonté de l’Etat et surtout à des hommes et des femmes engagés de manière remarquable dans le domaine du spectacle vivant.

C’est le maire Charles Frey qui, au lendemain de la guerre, avait commencé à consacrer des efforts importants en direction de l’art dramatique et, avec les maires des autres villes de l’est, ils créèrent ensemble un syndicat dédié à l’art dramatique, appelé Centre Dramatique de l’Est.

C’était le grand ancêtre.

Sa vocation officiellement proclamée : procurer aux théâtres des villes de l’Est des représentations théâtrales de qualité élevée, notamment par la création d’une troupe stable et la formation de comédiens.

Cela c’est passé en 1946.

Après quelques étapes significatives le CDE se mua en TNS avec son école de grande qualité.

Depuis les années difficiles de l’après guerre où quelques pionniers avaient jeté les bases de son rayonnement culturel, Strasbourg compte aux cotés du TNS un théâtre de très haut niveau, le Maillon. C’est Germain Muller qui avait voulu qu’un tel équipement rayonne dans ce nouveau quartier crée par Pierre Pflimlin : Hautepierre. Sans abandonner Hautepierre le Maillon est aujourd’hui installé au Wacken. Il est à l’origine du remarquable festival « Première ».

Mais il y a aussi cette très belle initiative des TAPS que nous avons lancée, avec ses trois lieux de diffusion le Scala, la Laiterie, le Cube Noir, qui constitue une aide appréciée à la diffusion .

Naturellement il convient d’évoquer aussi les très nombreuses compagnies avec une pléiade de comédiens, metteurs en scène et techniciens du théâtre.

Enfin le site de la laiterie est pour la première fois depuis 2008 entièrement dédié au spectacle vivant et à l’art dramatique en particulier.

Avec la Fabrique de Théâtre qui y est désormais implantée, le laboratoire que constitue la Friche Laiterie, les salles de diffusion, le très célèbre Artefact et son festival Ososphère, à coté Molodoï, ce site est unique et peut encore se développer de manière très prometteuse si les synergies que j’avais souhaitées jouent pleinement.

Pour compléter le paysage on n’oubliera pas les initiatives privées comme la Choucrouterie, les Scouts on mesurera la richesse de ce paysage non seulement au plan culturel pur mais aussi au niveau économique.

Strasbourg se distingue par une initiative remarquable entre toutes, car sa vertu pédagogique est exceptionnelle.

C’est le Théâtre Jeune Public. aujourd'hui dirigé par Grégoire Callies

Amener les plus jeunes, les scolaires, collégiens, lycéens vers le théâtre constitue une action essentielle et un important placement culturel car qui a aimé dans ses jeunes années la magie de ce lieu remarquable où s’ouvre un rideau pour laisser place à des comédiens et à une histoire contée de manière vivante en est marqué pour toujours et l’envie de théâtre et de culture ne le quittera pas

Faire connaître et aimer le spectacle vivant aux jeunes telle fut l’idée qui mobilisa un de nos plus prestigieux comédiens qui réussit à convaincre le ministère de la culture, le maire Pierre Pflimlin puis le conseil général puis le conseil régional…

C’est d’André Pomarat que je veux parler.

Comédien au Centre dramatique de l’Est puis au TNS, André Pomarat sortit Premier de l’école supérieure d’art dramatique fondée par Michel Saint Denis. Il est engagé par Hubert Gignoux qui prit la direction du centre dramatique de 1957 à 1975.

Il participe à la création et aux tournées d’une trentaine de spectacles dont Mille francs de récompense de Victor Hugo et la visite de la vieille dame de Durrenmatt, deux spectacles qui feront les beaux soirs du théâtre de l’ambigu, à Paris.

Parallèlement à ses activités de comédien il est professeur à l’école du TNS où il enseigne 12 ans.

En 1975 André Pomarat quitte le TNS en 1975 et fonde avec l’appui de la municipalité la Maison des Arts et Loisirs au cœur de la petite France, où il propose des manifestations à la périphérie du théâtre, programmes de conteurs, le nouveau cirque, du théâtre de rue. De 1974 à 1978 et en 1976 il crée le festival Les Giboulées.

C’est en 1978 qu’il décide d’orienter ses activités en direction du jeune public et avec l’appui de la municipalité s’installe à la Krutenau dans un ancien cinéma réaménagé.

La compagnie du TJP prend possession de la salle de 400 place inaugurée en 1982. Ce sont alors de beaux spectacles de Philippe Dorin notamment avec des mises en scènes signées Eric de Dadelsen puis Eve Ludig.

En 1997 André Pomarat quitte le TJP pour redevenir comédien après avoir créé une mythique Légende des Siècles de Victor Hugo.

André Pomarat a aujourd’hui 79 ans.

Il reste attaché à notre ville avec une fidélité viscérale

S’il ne se produit plus trop aujourd’hui il reste l’un des comédiens les plus prestigieux et les plus réputés au plan national et international que Strasbourg ait connue et connait. Nombre de réalisateurs de films au plan national firent appel à ses talents.

Strasbourg peut être fière de cet éminent acteur culturel qui créa notamment le TJP et son festival des Giboulées.

Je forme le vœu monsieur le maire que le théâtre que nous avons entièrement rénové rue des balayeurs porte son nom.

Procéder à un tel geste et à une telle cérémonie en sa présence effective serait un événement tout à fait exceptionnel qui manifesterait aussi notre attachement à la culture en général, au spectacle vivant en particulier et à cette figure remarquable que Strasbourg a la chance de compter parmi les siens.

 

La proposition que j’ai ainsi faite a été approuvée à l’unanimité du conseil municipal et le TJP s’appellera désormais Théâtre Jeune Public André Pomarat