Mardi, mercredi : stupéfaction. Strasbourg prend des allures de ville en guerre. Des milliers de policiers, des militaires, des engins de guerre, du barbelé en des endroits inattendus. Consternation. Je suis excédé comme chaque strasbourgeois et je ne comprends pas. Il s’agit d’une rencontre de chefs d’états, certes dans le cadre d’une organisation militaire mais ici, à Strasbourg, nous sommes paisibles et nous ne sommes pas proches d’un théâtre d’opérations. J’imaginais donc un sommet « diplomatique »

 

Jeudi des casseurs se mettent à fonctionner. Bagarres au Neuhof, échauffourées. Je vois cette image effarante d’un casseur qui fonce avec un énorme pieu vers une jeep et l’enfonce violemment à travers le pare brise …visiblement pour tuer le conducteur ; pas pour jouer à chat perché, le copilote dégaine et pointe son révolver, le conducteur fait machine arrière, le pire est évité.

Il devient clair que les autorités avaient des renseignements précis et je commence à comprendre pourquoi l’état de siège! Je ne m’étonne plus. Tout peut arriver.

samedi : le paroxysme, les casseurs se déchainent. Par quelle aberration les forces de l’ordre ne sont –elles pas intervenues lorsque le saccage du Port du Rhin a eu lieu ?

Un hôtel incendié, les pompiers se sentant en insécurité délaissent les flammes et laissent l’hôtel se consumer. La pharmacie est détruite, l’église est défoncée, l’ancien poste de la douane, démoli. Pas d’arrestation. Quartier abandonné aux casseurs. C’est symboliquement et matériellement un scandale.

 Le sommet, au Palais Rohan et au Palais de Congrès, a pu se dérouler dans de bonnes conditions. Le centre ville, certes déserté, a été épargné grâce à sa surprotection. On peut se demander ce qui serait arrivé si les casseurs avaient pu pénétrer en ville, à proximité de la cathédrale et du palais des Rohan.

 Les journalistes qui rendent compte des « événements» insistent sans réserves sur la manifestation pacifique, la malheureuse, qui a été gâchée par les black blocks. On interviewe un père de famille avec ses enfants dans la manifestation qui proteste…contre les forces de l’ordre.

J’ai une opinion bien arrêtée à ce sujet. Chacun savait que des casseurs organisés pour des situations de guerre civile allaient se manifester. Il n’y a pas eu une seule manifestation depuis trente ans qui n’ait connu de graves actes de violence lors de sa dispersion, parce que des casseurs l’infiltraient et venaient dans le but détruire , de saccager, de vandaliser. Soyons objectifs : à l’exclusion de celles organisées de main de maitre par les syndicats CGT, CFDT, FO, CFTC…

Dès lors se joindre à ces cortèges c’était courir un risque.

Être élu, responsable d’une municipalité et appeler à participer à une telle manifestation est à mes yeux hautement irresponsable.

J’estime qu’on a le droit d’être contre l’OTAN. Mais il y a de multiples manières de le faire savoir et de le proclamer autrement que par une manifestation sous forme de cortège le jour où, de notoriété publique, des vandales prêts à tout casser et peut-être à tuer, sont annoncés.

Ce que je trouve inadmissible, irresponsable et d’une mauvaise foi parfaite c’est la mise en cause des forces de l’ordre au prétexte que le cortège ne pouvait pas se dérouler comme l’entendaient ses promoteurs.

Une interrogation sérieuse subsiste dans mon esprit : pourquoi les forces de l’ordre sont-elles restées impassible face au saccage et aux incendies qui ont été commis.

C’est à mon avis, clairement, un problème de hiérarchie qui n’a pas donné les ordres qu’il fallait.

 Je suis consterné, malheureux et honteux par rapport à l’abandon du Port du Rhin.

Ceux qui ont laissé faire portent une lourde responsabilité de laquelle il n’est pas question de s’exonérer.

Le maire de Strasbourg s’étonne et explique qu’il n’est pas chef de la police nationale.

« Pourquoi avoir autorisé cette manifestation » (DNA DU 5/4) demande un habitant du Port du Rhin au maire ?

Très bonne question !

Je rappelle que le maire est « COPRODUCTEUR » de la sécurité dans sa ville.

Il travaille conjointement avec le préfet et son premier adjoint Herrmann a été de toutes les réunions à la préfecture, grand organisateur du sommet au nom de la ville.

Dès lors pas question de s’exonérer de ses responsabilités d’autant plus que les Verts de sa majorité n’ont cessé d’annoncer qu’ils iraient manifester, ce qu’ils ont fait.

Pourquoi le maire, qui était selon lui, au coté de ses concitoyens pour les rassurer…pourquoi n’a-t-il pas pressé le préfet de prendre sur le champ toutes dispositions pour éviter le carnage ?

 Je suis malheureux pour les habitants du Port du Rhin et j’ai des raisons toutes personnelles d’être attristé par l’incendie de cet hôtel qui jadis comprenaient aussi des appartements que j’avais fréquenté 12 rue Coulaux est une adresse qui me fut familière .

 Oui j’ai aussi honte ! Le maire de Kehl a pu annoncer fièrement que chez lui il n’y a pas eu d’incidents. Des citoyens allemands passant la frontière racontaient que du coté Kehl il y avait un impressionnant barrage de police qui empêchait toute action violente à l’entrée du Pont, alors qu’il avait vu du côté français les forces de l’ordre inertes en train de voir brûles les immeubles.

J’ai honte car ce spectacle de ruines, traces de guerre (civile) s’offrira maintenant à chaque personne qui traversera la frontière venant d’Allemagne.

Image symbole de la France.

Mais quelle image de Strasbourg ce sommet va-t-il produire ? Toutes les images télés, les photos des journaux sont éloquentes.

Et pourtant force est de reconnaître que cela aurait pu être encore bien pire.