Les régimes extrémistes ont toujours commencé par s’en prendre aux symboles.

Ne convoquons pas pour la circonstance les acteurs sinistre de l’histoire du XXième siècle et réservons les pour des épisodes plus graves que celui ci pourrait bien annoncer.

De quoi s’agit-il ? Des têtes géantes d’alsaciennes sculptées, symboles de l’Alsace de toujours, avaient été réalisées pour accompagner de manière très visible le centenaire du musée alsacien.

Classiques et certes un peu figées elles avaient été « illustrées » par des artistes contemporains dont certains de grand renom. Elles avaient été ensuite disséminées à travers la ville, d’abord sur le parvis de la cathédrale pour leur présentation au public : immense succès ! Puis en différents endroits comme la place de la gare où elles accueillaient les voyageurs. Elles n’avaient sans doute d’autre prétention que de provoquer de manière ludique une sorte de clin d’œil. C’était aussi un peu de surprenante gaité dans la ville.

Il y a et il y aura toujours des « pour » et des « contre » tout. On pouvait aimer ou non, la pire chose étant l’indifférence. Or elles ont fait parler d’elles les têtes d’alsacienne et innombrables ont été les touristes et les strasbourgeois qui se sont fait photographier devant elles. Innombrables étaient les enfants qui tentaient de les escalader et un tel signe de fraicheur ne trompe pas.

Mais, en effet, les gouts et les couleurs…Il suffisait au fond de tourner la tête si la détestation était trop violente.

Mais pour Robert Herrmann et son entourage la détestation a du être telle qu’il fallait les faire disparaître. On ne les aura pas livrées au bûcher, non ! On les aura simplement enlevées, chassées, coupées du lieu où elles avaient sens.

Exit et cachées les têtes qu’ « ils  ne sauraient voir » !

Elles n’ont pourtant fait de tord à personne, elles n’ont agressé personne…

On nous dit qu’elles illustreraient « Summer Lied » à Ohlungen. Tant mieux et l’exil sera peut-être adouci par l’affection qu’on leur portera là bas.

On peut toutefois regretter cet acte brutal qui pourrait n’avoir qu’un seul but : effacer tout lien symbolique avec la précédente municipalité.

On aurait pourtant pu en parler…car il y a une dimension supplémentaire à cet acte. Il s’agit, qu’on le veuille ou non, d’une atteinte au travail d’artistes qui ont fait œuvre de création.

Exiler en catimini – nuitamment ? – des œuvres sans concertation ni avec leurs auteurs ni avec personne, poser par là un acte unilatéral et, somme toute violent, augure mal de l’esprit de dialogue et de tolérance que veut incarner Roland Ries. Est-il encore temps de faire appel à lui en sa qualité de premier magistrat pour rendre un arbitrage participatif ?

Ce qui semble le plus choquant dans cet épisode c’est que M. Herrmann et les siens s’érigent en juge du gout. Voila qui est bien dangereux !