Les filles de nos banlieues
Par Robert Grossmann le samedi, 19 juillet 2008, 12:14 - général - Lien permanent
La responsable "jeunesse et vie étudiante" du club des démocrates vient de livrer une contribution à la fois pertinente originale et courageuse sur nos "quartiers".
Elle exprime en tous les cas une analyse vraie et son espoir de voir s'accélerer des évolutions positives ne peut nous laisser indifférent. L'avenir dans les quartiers se construira par les femmes
Les filles de nos banlieues et le fruit défendu
Et si nous commencions par le commencement ? Un retour en arrière pour éclairer le présent : la Bible, la Genèse.
Il y a dabord cette si célèbre pomme, du latin « pomum » qui signifie « fruit ». Et il y a Eve, symbole de léternel féminin et mère de lhumanité.
Incapable de résister à la tentation et aux ruses de Satan mué en serpent, Eve, a croqué le fruit de cet arbre de la connaissance du bien et du mal , étonnamment le seul arbre aux fruits défendu dans tout le jardin dEden. Chassés du paradis, et condamnés à la souffrance et à la mortalité, quel fût léchange entre Adam et Eve ?
En méditant cette histoire de la condition féminine, nous pourrions être tentés de penser, - pourquoi pas ?- quAdam, « père de lhumanité », na justement pas digéré la pomme.
Depuis des milliers dannées et à travers le monde le bilan reste varié et ne cesse de nous interpeler. Une conclusion simpose en permanence: la flagrante inégalité, la discrimination, hélas claire et visible entre homme et femme. Certes, il serait possible détablir de manière cynique une échelle des souffrances et des violences infligées aux femmes selon des critères sociogéographiques : depuis les viols collectifs en Inde jusquà la lutte pour légalité professionnelle en France en passant par les mariages forcés en Afrique.
Savez vous quil y a une chanson populaire indienne qui dit : « Pourquoi es-tu venue au monde, ma fille, quand un garçon je voulais ? Vas donc à la mer remplir ton seau : puisses-tu y tomber et t'y noyer", cest dire Cela fait donc quelques siècles que ça ne va pas fort pour les femmes...
Et pourtant, en allant au delà des barrières du convenu, on peut se demander si le message davenir et despoir ne viendrait pas delles justement ?
Tirant une balle chargée de mépris sur certains préjugés sexistes, des filles, des femmes ont choisi, aujourdhui, en France, de créer leurs destins, den être les seules maîtresses et de sassumer.
Malgré un conservatisme sexiste qui ne désarme pas et qui sérige en principe de réalité sous de fallacieux critères socio-historiques, la nécessaire et inéluctable émancipation de la femme est en marche.
En réfléchissant au rôle et à la place de la femme, il nest pas possible de ne pas évoquer le « cas » des quartiers et des banlieues, « zones sensibles ». Sensibles à quoi donc au juste? Au chômage, aux violences, aux trafics, aux préjugés, aux difficultés de la vie ?
Face à ces mêmes problèmes, à la même rancur et parfois dans de plus mauvaise conditions de vie, les jeunes filles adolescentes ne participent quasiment jamais aux violences urbaines : leur mode dexpression est différent de celui exercé par les garçons et se caractérise plus souvent par une bataille positive en faveur de la réussite sociale (études, emplois, insertion,..).
Ces « filles des cités » et de limmigration se montrent autrement plus combatives et réussissent à sintégrer au sein de la société de bien meilleure manière. Ce sont elles, souvent, qui prennent les choses en main, qui engagent le dialogue avec les institutions au nom de leurs familles (réunions parents-profs pour le petit frère, problèmes administratifs, démarches diverses, recherche dun emploi ).
Mais, il nest pas possible de ne pas remarquer une certaine restriction de la liberté de mouvement des filles si l'on exclut le système scolaire ou les "sorties utiles et nécessaires" (courses, services administratifs,...). Certes le progrès est en marche et les choses évoluent de génération en génération, mais, dans ces quartiers, la mixité est encore trop souvent mise à mal par une ségrégation évidente et visible: des bandes de garçons dun coté et des groupe de filles de lautre, séparément
Cet accès assez restreint à lespace public se traduit pour les filles par une importance prépondérante de l'environnement familial, un "cocon protecteur" régi par des codes et des convenances « de type culturel ». Surs et cousines sont de fait des chaperons, amies, mais elles sont aussi et surtout des "partenaires de sortie" et des "confidentes privilégiées".
Tout compte fait, lécole représente pour les filles des cités un des rares domaines de lespace public quelles peuvent librement investir sans faire lobjet, -tranchons le terme-, dune certaine surveillance.
Cela se traduit par une différence de résultats scolaires entre les garçons et les filles, en faveur de ces dernières, de la sixième à la troisième. Ce phénomène est encore plus marqué dans les ZEP. Malheureusement, force est de constater que les résultats scolaires prometteurs des filles semblent saffaiblir dès le lycée. L'adolescence implique de nouveaux centres d'intérêt et, dès lors, il est triste de voir "nos filles" ne plus se permettre d'être à la hauteur de leurs réelles ambitions : les chiffres montrent que la poursuite d'études supérieure est relativement faible. Manque de confiance en soi, contexte familial, manque de moyens, ou manque de visibilité concernant une orientation future ?
Il existe encore de trop nombreuses barrières à une juste élévation sociale égalitaire.
Le progrès est indispensable et il doit se réaliser d'abord en faveur des femmes pour quil sétablisse et se généralise ensuite par les femmes.
Prenons conscience qu'en chacune de ces filles, même masquée par certain voile de l'ignorance ou de la sottise, il y a une âme. Il y a aussi un esprit qui refuse détouffer, qui veut vivre et qui se débat.
Mon but nest pas dagiter, ici, les drapeaux usés des revendications féministes, j'ai voulu témoigner et évoquer une histoire dont la suite, prometteuse, reste à écrire. A nous de l'écrire.
Il devient urgent et nécessaire aujourdhui d'encourager un mouvement général de soutien à celles qui portent l'avenir en même temps que l'espoir d'une possible réussite : qu'Eve puisse enfin avoir accès, librement, à "l'arbre de la connaissance et du savoir" sans plus jamais être expulsée et interdite des sphères élitaires.
Oui je veux minspirer de Claudel : non seulement « le pire nest pas sûr » mais le bien nattend quun peu de volonté générale et partagée pour se révéler.
Il y a dabord cette si célèbre pomme, du latin « pomum » qui signifie « fruit ». Et il y a Eve, symbole de léternel féminin et mère de lhumanité.
Incapable de résister à la tentation et aux ruses de Satan mué en serpent, Eve, a croqué le fruit de cet arbre de la connaissance du bien et du mal , étonnamment le seul arbre aux fruits défendu dans tout le jardin dEden. Chassés du paradis, et condamnés à la souffrance et à la mortalité, quel fût léchange entre Adam et Eve ?
En méditant cette histoire de la condition féminine, nous pourrions être tentés de penser, - pourquoi pas ?- quAdam, « père de lhumanité », na justement pas digéré la pomme.
Depuis des milliers dannées et à travers le monde le bilan reste varié et ne cesse de nous interpeler. Une conclusion simpose en permanence: la flagrante inégalité, la discrimination, hélas claire et visible entre homme et femme. Certes, il serait possible détablir de manière cynique une échelle des souffrances et des violences infligées aux femmes selon des critères sociogéographiques : depuis les viols collectifs en Inde jusquà la lutte pour légalité professionnelle en France en passant par les mariages forcés en Afrique.
Savez vous quil y a une chanson populaire indienne qui dit : « Pourquoi es-tu venue au monde, ma fille, quand un garçon je voulais ? Vas donc à la mer remplir ton seau : puisses-tu y tomber et t'y noyer", cest dire Cela fait donc quelques siècles que ça ne va pas fort pour les femmes...
Et pourtant, en allant au delà des barrières du convenu, on peut se demander si le message davenir et despoir ne viendrait pas delles justement ?
Tirant une balle chargée de mépris sur certains préjugés sexistes, des filles, des femmes ont choisi, aujourdhui, en France, de créer leurs destins, den être les seules maîtresses et de sassumer.
Malgré un conservatisme sexiste qui ne désarme pas et qui sérige en principe de réalité sous de fallacieux critères socio-historiques, la nécessaire et inéluctable émancipation de la femme est en marche.
En réfléchissant au rôle et à la place de la femme, il nest pas possible de ne pas évoquer le « cas » des quartiers et des banlieues, « zones sensibles ». Sensibles à quoi donc au juste? Au chômage, aux violences, aux trafics, aux préjugés, aux difficultés de la vie ?
Face à ces mêmes problèmes, à la même rancur et parfois dans de plus mauvaise conditions de vie, les jeunes filles adolescentes ne participent quasiment jamais aux violences urbaines : leur mode dexpression est différent de celui exercé par les garçons et se caractérise plus souvent par une bataille positive en faveur de la réussite sociale (études, emplois, insertion,..).
Ces « filles des cités » et de limmigration se montrent autrement plus combatives et réussissent à sintégrer au sein de la société de bien meilleure manière. Ce sont elles, souvent, qui prennent les choses en main, qui engagent le dialogue avec les institutions au nom de leurs familles (réunions parents-profs pour le petit frère, problèmes administratifs, démarches diverses, recherche dun emploi ).
Mais, il nest pas possible de ne pas remarquer une certaine restriction de la liberté de mouvement des filles si l'on exclut le système scolaire ou les "sorties utiles et nécessaires" (courses, services administratifs,...). Certes le progrès est en marche et les choses évoluent de génération en génération, mais, dans ces quartiers, la mixité est encore trop souvent mise à mal par une ségrégation évidente et visible: des bandes de garçons dun coté et des groupe de filles de lautre, séparément
Cet accès assez restreint à lespace public se traduit pour les filles par une importance prépondérante de l'environnement familial, un "cocon protecteur" régi par des codes et des convenances « de type culturel ». Surs et cousines sont de fait des chaperons, amies, mais elles sont aussi et surtout des "partenaires de sortie" et des "confidentes privilégiées".
Tout compte fait, lécole représente pour les filles des cités un des rares domaines de lespace public quelles peuvent librement investir sans faire lobjet, -tranchons le terme-, dune certaine surveillance.
Cela se traduit par une différence de résultats scolaires entre les garçons et les filles, en faveur de ces dernières, de la sixième à la troisième. Ce phénomène est encore plus marqué dans les ZEP. Malheureusement, force est de constater que les résultats scolaires prometteurs des filles semblent saffaiblir dès le lycée. L'adolescence implique de nouveaux centres d'intérêt et, dès lors, il est triste de voir "nos filles" ne plus se permettre d'être à la hauteur de leurs réelles ambitions : les chiffres montrent que la poursuite d'études supérieure est relativement faible. Manque de confiance en soi, contexte familial, manque de moyens, ou manque de visibilité concernant une orientation future ?
Il existe encore de trop nombreuses barrières à une juste élévation sociale égalitaire.
Le progrès est indispensable et il doit se réaliser d'abord en faveur des femmes pour quil sétablisse et se généralise ensuite par les femmes.
Prenons conscience qu'en chacune de ces filles, même masquée par certain voile de l'ignorance ou de la sottise, il y a une âme. Il y a aussi un esprit qui refuse détouffer, qui veut vivre et qui se débat.
Mon but nest pas dagiter, ici, les drapeaux usés des revendications féministes, j'ai voulu témoigner et évoquer une histoire dont la suite, prometteuse, reste à écrire. A nous de l'écrire.
Il devient urgent et nécessaire aujourdhui d'encourager un mouvement général de soutien à celles qui portent l'avenir en même temps que l'espoir d'une possible réussite : qu'Eve puisse enfin avoir accès, librement, à "l'arbre de la connaissance et du savoir" sans plus jamais être expulsée et interdite des sphères élitaires.
Oui je veux minspirer de Claudel : non seulement « le pire nest pas sûr » mais le bien nattend quun peu de volonté générale et partagée pour se révéler.
Jamila Azeroual est responsable "jeunesse et vie étudiante" du Club des Démocrates pour le Progrès.
Commentaires
Alors moi, je suis épaté !
Une question : cette fille est-elle UMP ? Parce que vu le désordre qu'on a en ce moment dans la droite strasbourgeoise s'il y en a une, c'est bien qu'on ai des gens comme ça ! On entend même plus parler des petits jeunes et ça conforte que jeune rime avec petits cons; Mais des comme cette petite, c'est bien!
Après, moi je me demande ce qu'elle propose la gamine pour faire des choses biens. Apparemment, elle en a dans la tête mais faut perseverer! Elle est courageuse de dire ça, et moi j'aime pas trop les feministes mais là c'est plus positifs, et dit comme ça, moi je veux bien y croire.
Vous voilà d'accord avec Aragon chanté ou non par Jean Ferrat. Là est le vrai débat, la vraie alchimie politique.
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Ed. Peyrolles.