Le lundi 4 février, députés et sénateurs se réunissaient à Versailles pour voter une modification constitutionnelle permettant l'adoption du traité de Lisbonne. 

 

Dans la vie politique du pays, la réunion du Congrès est un événement aussi rare qu'important. Mais ce vote du 4 février revêtait une importance plus grande encore : tous les Européens avaient alors les yeux rivés sur le vote des parlementaires français. 

 

Ce vote conditionnait l'avenir de la construction européenne, sa relance ou son enlisement. Depuis les "non" français et néerlandais aux référendums sur la Constitution européenne, l'Europe est bloquée. Elle n'avance plus, mais stagne. Les initiatives qu'autrefois elle pouvait prendre aisément, lorsque nous étions 6, 12 ou 15 Etats-membres elle ne peut plus les prendre, maintenant que 27 partenaires sont réunis autour de la table et que chacun met en avant ses propres intérêts ou se chicane avec son voisin. Sortir l'Europe de l'impasse institutionnelle : c'est le préalable à la relance de la construction européenne.

 

En mon âme et conscience, j'ai voté "oui" à la réforme constitutionnelle du 4 février. Parce que je crois en l'Europe et que je formule le voeu qu'elle progresse, qu'elle soit plus forte dans le monde et qu'elle puisse mieux protéger les Européens des excès de la mondialisation. J'ai voté oui, parce que je me souviens de la formule de l'un de mes plus illustres prédécesseurs, Pierre Pflimlin, qui disait : "Je suis Européen parce que Strasbourgeois."

 

Tout est contenu dans cette formule : l'Europe, à Strasbourg, n'est pas une simple question de raison ni même de politique. C'est, avant tout, une histoire de coeur, de sentiment, d'identité et de destin.

 

La rue de Solférino avait donné une consigne de vote à ses parlementaires : l'abstention. Certains élus de gauche, européens convaincus, n'ont pas respecté cette consigne : ils ont choisi de voter "oui", comme Jack Lang ou Armand Jung, qui ont estimé que l'Europe est un sujet que l'on doit placer au-dessus des considérations politiciennes. Je voudrais saluer le courage de ces députés et sénateurs socialistes qui ont voté "oui".

 

Je les salue d'autant plus volontiers et de la manière la plus républicaine qui soit que ce ne fut pas le cas de tous. Certains d'entre eux ont choisi le non. D'autres, se pliant strictement à la ligne politique du Parti socialiste, se sont abstenus : c'est le cas de Roland Ries, sénateur du Bas-Rhin, pour qui l'avenir de l'Europe semble bien moins important que les ordres dictés par le Parti socialiste. 

 

Quand on est maire de Strasbourg et qu'il est question d'Europe, on ne s'abstient pas, on s'engage et on agit, à l'image de l'engagement européen de Pierre Pflimlin, à l'image aussi de la vocation européenne de notre ville. 

 

Quand le sénateur Ries, obéissant à son parti, se tait, moi, avec les Strasbourgeois et fidèle à ce qu'est notre ville, je dis "oui" à l'Europe !