Pierre Pflimlin centième anniversaire de sa naissance
Par Robert Grossmann le mardi, 10 juillet 2007, 09:04 - Strasbourg - Lien permanent
Dans les Métamorphoses Ovide évoque lemythe de Pygmalion et de Galathée.
Si ce mythe pouvait avoir un jour quelque réalité et si les statues pouvaient prendre soudain la parole, nous aurions alors le bonheur dentendre ici, à nouveau, la voix de Pierre Pflimlin
Cette voix qui savait évoquer comme personne lhistoire de Strasbourg, convoquant tour à tour Erasme de Rotterdam et Jacques Sturm en dimprobables colloques,
-cette voix qui savait parler, avec finesse et intelligence, du destin de la France et de celui de lEurope,
-cette voix qui savait moduler chacune des nuances de notre langue française pour en exprimer les plus insoupçonnables ressources,
-cette voix qui savait convaincre, cette voix qui savait expliquer,
-cette voix qui tour à tour savait se faire sévère ou riante,
-cette voix Strasbourg et lEurope sen souviennent avec nostalgie
Et, fait si important ici il pratiquait avec la même science et le même bonheur la langue allemande et étonnait ainsi nos voisins doutre Rhin.
Pierre Pflimlin savait parler à ses contemporains comme un orateur hors pair.
Il avait pour lui, le style, lintelligence, la culture, la conviction, quatre vertus requises par Cicéron aussi bien que par Bossuet, pour donner à chaque mot son sens et sa portée.
Il inscrivait aussi son discours, sa réflexion et ses actions dans lhistoire longue, celle qui passe les années et les siècles, celle qui abolit les frontières, survole les pays, rêve dEurope pour totalement servir lidéal humaniste auquel elle aspire
La longue suite des Ammeister et des Maires qui présidèrent aux destinées de Strasbourg au long des siècles trouve son origine au Moyen Age, au mois de mars 1262, au moment où les Strasbourgeois sémancipèrent de la tutelle de leur évêque pour prendre eux-mêmes en main leur destin : cette bataille de Hausbergen fut lune des toutes premières révolutions démocratiques dEurope
Plus de sept siècles nous séparent de 1262, cest-à-dire 745 années, près de quarante générations de Strasbourgeois.
Et, de tous ceux qui, pendant ces siècles, se succédèrent comme Ammeister et maires (les Schwarber, les Sturm, les De Dietrich), Pierre Pflimlin fut celui qui resta le plus longtemps à la tête de
Et le regard de Pierre Pflimlin, ce regard fixé aujourdhui dans le bronze, nous indique le chemin à suivre pour Strasbourg, cette voie européenne qui est notre voie royale
Lhomme dEtat que fut Pierre Pflimlin est entré, depuis un moment déjà, dans lhistoire.
Le général de Gaulle lui rend, lui-même, un hommage extrêmement significatif lorsquil décrit, dans ses Mémoires, lune des rencontres les plus importantes quil ait eu avec des responsables politiques.
Pierre Pflimlin est alors président du Conseil. La République est au bord de la guerre civile. Lagitation politique connaît lun de ses paroxysmes dont lhistoire de France semble très friande. Et pourtant, le général trouve un homme « calme et digne », cest-à-dire dans le vocabulaire de De Gaulle un authentique homme dEtat
Aujourdhui, Pierre Pflimlin entre, par cette statue que nous dévoilons, dans le paysage de notre ville.
Ici, dans ce parc de lOrangerie quil aimait, non loin des institutions européennes pour lesquelles il aura tant fait, sa silhouette familière veillera désormais sur Strasbourg avec bienveillance, auprès des Strasbourgeois qui sinclinent aujourdhui avec respect devant son souvenir.
Commentaires
C'est juste : on aurait préféré un titre décalé, genre "Du haut de cette statue, quarante générations vous contemplent !", ou "Petite Prune à l'Orangerie", au tiède brouet censé nous rendre compte de la cérémonie. Tout ceci nous rappelle que presse et histoire politique ont toujours fait deux et que NMPP n'a jamais voulu dire Notre Maire Pierre Pflimlin ...
Les DNA étaient présentes à la cérémonie du PMC, qui s'est terminée à 22h30... Un papier suivra dans notre édition de demain mercredi. L'encadré paru ce matin n'était qu'une première et brève évocation du concert-hommage rédigée fort tard. Il n'y a là aucune volonté de sabotage, terme bien excessif et fort injuste... Pour le reste, permettez-moi de vous renvoyer à la pensée de Fontenelle citée en exergue
Cher Robert Grossmann, j'ai lu votre discours et j'avais, à un moment où certains lui cherchaient des poux écrit une provocanote (alsator67.blogspirit.com/... sur mon blog.
Vous vous étonnez de la non-parution d'un belle article dans la presse locale, je verrais cela tout à l'heure en ouvrant ma boite aux lettres. Mais plus sérieusement, vous devreiez savoir que dans un monde dominé par le marché, ce ne sont plus les saints fussent-ils laics de l'Alsace qui font les calendriers de la presse, mais bien le rythme du marché et de la publicité. Certes, ici sans doute avec des soucis de timing comme le dit justement Christian Bach, qui sans etre Sébastien, commence à connaître la musique.
Concernant les DNA, je suis toujours pris entre 2 sentiments, lorsque je les lis, parfois, je me plains et lorsque je découvre d'autres leaders de la PQR, parfois je plains leur lectorat. Mais que je regrette quand même le temps d'une presse plurielle, celle d'un Nouvel Alsacien combattant face aux DNA. La pluralité, il n'y a rien de tel !
ahurissants commentaires et réponses. Vous oubliez tous que charbonnier est maître chez soi. Je constate depuis deux billets (je pense notamment à celui concernant la gratuité des musées) que ce sont les Dernières Nouvelles d'Alsace qui sont la cible de plusieurs commentaires, ce qui est disproportionné. Ce n'est pas la Bible quand même, personne n'est obligé d'en faire l'éxégèse chaque matin...et ils font ce qu'ils veulent dans leur traitement de l'actu.
Cher Blogmaster,
Vous y allez un peu fort en affirmant que ce fut, pour le Général, lune des rencontres les plus importante quil eu avec des responsables politiques. Certes, ce jour là, de Gaulle a effectivement trouvé Pierre Pflimlin calme et digne mais, dans ses mémoires, il compare aussi lhomme à « un pilote aux mains de qui ne répondent plus les leviers de commande » après que ce dernier lui ait dressé le tableau de la France. Je trouve cette suite nettement moins "sympa"
Vous auriez également pu évoquer, à son sujet, sa spectaculaire démission du Gouvernement le 15 mai 1962 après une conférence de presse du Général quil naurait guère goûtée. Elle portait alors sur les questions européennes. Pour décrire le marasme européen du moment et notamment à lAssemblée du Conseil de lEurope, le Général déclara « on me dit quelle se meurt aux bords où elle fut laissée ». Il semblerait que cette citation soit à lorigine de la démission du ministre de la coopération dalors qui entraîna avec lui ses 4 autres collègues MRP. On évoqua aussi un calcul politique car les 5 partants devaient choisir entre leur maroquain ou leur mandat de parlementaire .
Pour qualifier cette démission collective, outre cette déclaration en conseil des ministres « nos rangs se sont éclaircis, mais la situation aussi », le Général employa le terme abandon dans sa signification militaire c'est-à-dire DESERTION. Sentant la "haute" valeur de ces démissionnaires, le Général précisa que « dans 8 jours on nen parlera plus » Une fois encore lHistoire lui donna raison ... En 1964, 2 ans après ce contretemps, le Général, a qui un ministre suggéra de rappeler Pierre Pflimlin au gouvernement sil était réélu aux municipales, enfonça le clou à travers ces mots extrêmement durs « Passez votre chemin ! Nous vous avons donné votre chance. Vous navez pas su la saisir » bien loin dune déclaration de type « vas, je ne te haie point »
Je profite de loccasion pour démontrer, une fois encore, la modernité de la pensée Gaullienne notamment sur la question du fonctionnement des institutions et de la vie démocratique du Pays. Au moment de lélaboration de la constitution de 1958, le Général songea à interdire la possibilité à un ministre dêtre Maire dune ville de plus de 30 000 habitants (idée reprise à plusieurs reprises depuis !). Mais, sous limpulsion de plusieurs ministres Maires comme Guy Mollet ou Pierre Pflimlin qui "poussèrent des cris de gorets"; « que deviendrons-nous quand nous ne serons plus ministres, si nous ne sommes ni parlementaires, ni Maires ? », de Gaulle renonça à cette idée pour ne pas trop charger la barque. Pourtant, à ses yeux, « Un Maire doit tout de même soccuper personnellement de sa mairie au moins deux ou trois jours par semaine, demeurer sur place, se montrer, être digne de son titre. Cest autant de moins pour le temps et lénergie quil devrait consacrer à son ministère. Et comme toutes le villes ne peuvent pas avoir la chance que leur Maire soit ministre en exercice, cela crée entre elles une inégalité. Le ministre Maire est juge est partie. Il confond les genres. Le cumul des fonctions à quelque chose de contraire à la bonne marche des institutions, dimmoral. ». Quelques années après, il précisa tout de même que « ce qui nest pas écrit est autorisé »
En déclinant récemment loffre de Nicolas Sarkozy dentrer au gouvernement, Fabienne Keller a donc eu un comportement Gaullien. Cest un sage décision pour Strasbourg même si cela prive lAlsace dun ministre UMP et puis, cette situation aura permis à Arlette Grosskost de démontrer, une fois encore, toute létendue de sa sagesse
Mon dernier mot c'est que les DNA n'ont pas rendu compte de cet événement! C'est triste mais c'est comme sa
Pfff, cest bien la peine que je revoie un commentaire corrigé si cest la mauvaise version qui se trouve mise en ligne. Avec toutes ces fautes jai lair dun vrai rockeur maintenant
Fautes ou pas fôtes, rendons grâce à RG et à son blogue de susciter le débat ! Deux remarques au passage. L'article des DN de mercredi était intéressant en ce sens qu'il faisait comprendre le permanent exercice d'équilibriste entre centrisme, démocratie chrétienne et gaullisme que fut le parcours de Pierre Pflimlin. Bien vu, CB ! A ce sujet, JH nous remet en mémoire très judicieusement la muraille d'incompréhension qui s'érigea entre CDG et PP à compter du début des années 1960 et quelle place fondamentale occupa la question européenne dans le paysage politique hexagonal de l'époque. Tout ceci doit nous amener inlassablement à nous garder de commettre une erreur hélas trop commune : l'anachronisme. Ne jugeons pas les hommes et les femmes d'il y a quarante ou cinquante ans sur nos critères actuels et à la lumière de ce que nous savons des événements survenus entre-temps. Relisons cet été "Les 13 complots du 13 mai", pour avoir ne serait-ce qu'un aperçu de la déliquescence du régime et du pays tout entier au printemps 1958 ...
Rendons hommage à JH, Alsator et Cagliostro pour dynamiser la droite, j'y rajoute même la droite strasbourgeoise. La blogosphere est amusante. Le virtuel bouge, le réel suivra