Etait-il intelligent, nécessaire, utile de poser comme postulat qu’un ministre non élu doit obligatoirement quitter le gouvernement ? Même si cela semble en effet logique ce n’est pas nécessaire pour autant.

Etait-il indispensable que quelques quart d’heures après la confirmation de ses résultats à Bordeaux Alain Juppé, la voix enflée par l’émotion, annonce qu’il quitte effectivement le gouvernement ?

Cet homme d’une qualité tout à fait exceptionnelle que ses collaborateurs du début appelaient Amstram ( je rectifie: AMSRAD...merci!)du nom de la marque d’ordinateurs en vogue à l’époque, était à mon avis nécessaire dans le dispositif gouvernemental. Sa victorieuse adversaire de Bordeaux a de manière plus qu’élégante formulé le même jugement !

Cette manie des déclarations à chaud, sous le coup de l’émotion, en manque complet de distance et de recul me fait inévitablement penser à Jospin qui quelques instants après sa défait de 2002 a annoncé qu’il quittait définitivement la vie politique.

 

Alain Juppé tout comme Renaud Donnedieu de Vabres et chez nous Frédérique Loutrel ont été les victimes d’un retour de balancier, d’un reflux de la marée particulièrement violents…Comment pouvait-on annoncer un événement aussi surréaliste et d’ailleurs néfaste pour la démocratie que celui d’une majorité de plus de quatre cent sièges ?

Pour avoir vécu et souffert d’un tel phénomène je savais et je sais que de telles annonces rabâchées à chaque bulletin d’information pendant huit jours n’ont qu’un seul effet qui se produit immanquablement : la démobilisation nette de l’électorat de la dite majorité ! Et, en corollaire la mobilisation de l’électorat des adversaires.

Voila la raison principale de cet insuccès des candidats de l’UMP.

 

L’autre raison réside dans le sujet TVA, totalement incompris des français qui n’ont vu là,, exposé et commenté  par le PS, qu’une volonté de les faire payer.

Comment Borloo ce stratège à la réputation d’infaillibilité a-t-il pu lancer ce sujet au lendemain du premier tour.

A l’insu de son plein gré ?

 

Dois-je livrer aussi un sentiment personnel profond ? On était peut-être à la limite de la suffisance voire de l’auto suffisance dans certaines attitudes et déclarations de leaders nationaux de l’UMP… Non messieurs les jeux n’étaient pas faits ni le PS écrabouillé !

 

Enfin je veux rappeler que dans cette analyse on n’a pas le droit de faire l'impasse sur l’abstention. Quarante cinq pour cent dans la circonscription de Frédérique Loutrel. Cela traduit une réelle démobilisation, conséquence directe de l’élection du Président de la République.

Les français ont estimé que la tâche la plus importante avait été accomplie et que les législatives leur semblaient subalternes.

 

Quittons le domaine de l’autocritique et saluons les belles victoires d’André Schneider et celle plus courte que prévue de Jean-Philippe Maurer. Ce qui fait, avec les élus du premier tour, une victoire considérable de l’UMP en Alsace.

 

Même si je peux comprendre et analyser l’insuccès de Frédérique Loutrel par la démobilisation de son électorat, je tiens à revenir sur quelques facteurs subalternes mais qui comptent.

La division du premier tour ne se transforme jamais en union sacrée au deuxième tour surtout si les diviseurs n’annoncent pas clairement et fortement leur volonté, sans arrière pensée, de soutenir le candidat de leur camp.

Reconnaissons qu’à la suite de toutes les incroyables gaffes qu’elle a commise depuis près d’un an avec accélération et vertiges le soir du premier tour, madame Jurdant Pfeiffer, du MODEM, n’a pas hésité ni dans la forme ni dans le fond dans son soutien à J.P.Maurer

La déclaration de Madame Caldéroli a manqué de dignité, montrant qu’elle était incapable même de citer le nom de sa rivale. S’est-elle sentie trop soutenue quelque part ? Quelque part n’aura-t-on vraiment pas réussi, il y a un an déjà, à la dissuader de se présenter en diviseuse ?

Quant à Madame Cutajar, du MODEM aussi, elle a laissé entendre qu’en sous main elle appelait à voter pour la gauche.

 

Mais à mon sens ce ne sont pas ces diviseuses qui sont à l’origine de l’élection de Jung. La cause principale ne se situe pas dans le report de voix comme certains l’analysent de manière trop politicienne.

Elle réside, je le répète, dans la fallacieuse certitude qui s’est nichée dans l’esprit des électeurs de l’UMP que les jeux étaient faits et qu’ils n’avaient même plus besoin de se déplacer au second tour.

Une analyse fine, bureau par bureau démontera clairement ce fait.

 

Dernière question grave : L’état de grâce viendrait-il de s’achever prématurément et brutalement hier soir ?

Un sursaut est nécessaire mais pas forcément celui auquel on pense et qu'on annonce…et, surtout pas sans tirer toutes les leçons de ce second tour en forme de « tsunavertissement »

Je suis certain que Nicolas Sarkozy le comprend cinq sur cinq !