Voici la lettre que j’ai adressée le 6/06/07,à tous ceux qui, au comité d’experts et au conseil d’administration, m’ont accompagné dans la belle aventure du Centre Européen d’Actions Artistiques Contemporaines que j’ai fondé en 1987.

 

 

Je tiens à vous faire part personnellement de ma décision de quitter la présidence du CEAAC en n’en demandant pas le renouvellement lors de notre prochaine assemblée générale de juin.

Je le fais avec la peine que vous devinez et, comme je souhaite éviter un dérapage trop délicieusement tentant vers le lyrisme le plus mélancolique, j’évite ici de m’appesantir.

Le temps me manque pour exercer la présidence valable que j’assumais lors de la fondation du CEAAC. C’est là toute l’explication et cela fait bien longtemps que le constat de ma faible disponibilité me taraude avec une certaine mauvaise conscience.

 

Je tiens, par cette lettre, à vous remercier chaleureusement pour votre engagement.

 

Le CEAAC est une structure unique en France, son esprit militant en faveur de la création contemporaine a été à l’origine de vrais miracles en Alsace.

Je n’hésite pas à proclamer avec conviction que c’est le CEAAC, ses œuvres in situ, ses aides aux artistes, puis son centre d’art qui a fait entrer l’Alsace dans la contemporanéité artistique. Je ne veux pas mésestimer les belles initiatives un peu isolées qui militaient en faveur de l’art contemporain au cours des années 1970 ou 1980, certaines actions audacieuses des musées, le FRAC... Mais à n’en pas douter c’est le CEAAC qui a élargi la voie, décomplexé les mentalités, donné sa visibilité et son droit de cite à la création d’aujourd’hui.

La chronologie des faits nous le rappelle clairement :

·        1986, avant le CEAAC : aucune œuvre contemporaine dans le paysage.

·        1987 Les Arbrorigènes, les dix projets pour l’Alsace, puis une série impressionnante d’œuvres aussi bien au Champ du Feu, au Hohwald, que dans la forêt de Haguenau ou à Niederbronn, sans oublier Venet et sa Ligne Indéterminée. Le parc de sculptures de Pourtalès reste une initiative emblématique.

 

Je n’énumère pas mais je constate que nous avons ensemble débloqué la culture en y ajoutant fortement sa dimension « création d’aujourd’hui »

Le miracle, si l’on se place en 1987, c’est qu’aujourd’hui non seulement les critiques vives de l’époque sont quasi inexistantes, mais encore dans les coins les plus inattendus d’Alsace on réclame des œuvres au CEAAC.

Il me semble aussi que le CEAAC est devenu incontournable et a atteint un degré de reconnaissance, grâce à ses compétences, comme ce ne fut jamais le cas : à la ville de Strasbourg, rien ne se fait dans le domaine des commandes publiques ou des relations avec les plasticiens de la région sans que le CEAAC ne soit consulté ou impliqué.

Enfin la très belle commande d’Arte, fruit d’un projet que j’avais initié avec Jérôme Clément, donna lieu à un travail en partenariat d’une qualité rare. Le choix de Balkenhohl fut la conclusion de riches et conviviales séances de rencontres avec la direction d’Arte.

 

Nous avons rempli une très belle mission qu’il s’agit de poursuivre mieux encore.

Vous en avez été, vous en êtes les artisans. Tout cela nous le devons à votre engagement et à votre amour de l’art. Je tiens à vous rendre aujourd’hui un chaleureux hommage et, pour notre région, une très vive reconnaissance.

 

J’ai la conviction qu’avec Gérard Traband, qui a accepté de me succéder, une ère nouvelle, avec des regards nouveaux et une énergie ravivée, s’offre au CEAAC pour des heures et des années passionnantes au service de l’art.

 

Je vous adresse mes salutations les plus chaleureuses