Principe de précaution - judiciarisation de la vie publique- la mort de la fatalité...
Par Robert Grossmann le jeudi, 12 avril 2007, 08:04 - général - Lien permanent
12Le principe de précaution est une formule dont la mise en application signifie la nécessité, l'utilité ou tout simplement l'opportunité de ne faire courir aucun risque ; il concerne des personnes en situation de responsabilité, chefs d'entreprises, haut fonctionnaires, élus locaux. .
Il peut se traduire par la « non action »: ne pas prendre dinitiative, fermer des équipements publics, interdire des manifestations et ,comme le dit lopinion publique, « ouvrir le parapluie », se couvrir de tous les côtés.
Cest ainsi que les réglementeurs des ministères pondent des tonnes de textes, énonçant les mesures de protection.
Et après chaque malheureux drame de nouvelles règles de plus en plus restrictives sont lancées. Il ne sagit pas ici de nier lhorreur et lampleur des drames : stade du Heizel, stade de Bastia, centre du cheval dans les Alpes, tunnel du Mont Blanc etc etc.
Les commissions de sécurité fortes des textes des règlementeurs les appliquent trop souvent de manière maximale et jouent avec les « interdit ! » et les « prohibé ! » et les « refusé ! » et les « fermés » Ces règlements peuvent-ils empêcher définitivement tout drame ? Le mot fatalité doit-il être interdit de vocabulaire ?
En tous les cas, les élus responsables de salles, de sites, de lieux ou de manifestations publiques se déroulant sur leur territoire, sont, au bout de la chaîne les vrais responsables.
Que doivent-ils, que peuvent-ils faire ? Ou bien ils ferment, interdisent, refusent, et, au total, se réfugient dans la non action et par conséquent dans lanéantissement de toute initiative ... ou bien ils prennent tous les risques et acceptent de facto dêtre considérés comme coupables en cas d'accident!
Les DNA de ce lundi 2 avril 2007 rapportent des réactions de lecteurs page 8 du cahier politique. Jen extrais le chapitre Ne plus prendre de risque.
Pour beaucoup (de lecteurs) en tous cas on est passé du « pas assez » au « trop » ( ) Certains lecteurs dénoncent aussi « le tout sécuritaire » qui sest emparé de notre société. Les défenseurs des alertes, eux, comprennent tout à fait le souci des autorités.
La condamnation de la ville de Strasbourg à la suite de la catastrophe de Pourtalès est trop fraiche dans les mémoires (Bernard Bechtel, Mothern)
A force de culpabiliser les autorités en cas de problème, celles ci, tout naturellement, cherchent à se protéger déventuels recours judiciaires.
Certains lecteurs, comme Yves Barjain de Saint Louis, vont plus loin. Ils estiment la judiciarisation outrancière (Jean-Paul Belzung, Horbourg Wihr) et le condamnation systématique des « responsables » de manifestations vont décourager le bénévolat et vont accréditer lidée du « ne plus rien entreprendre pour ne pas prendre de risques » (
« De nos jours, estiment Edgar Ledig de Mertzwiller, on demande aux responsables politiques non seulement déliminer les risques, mais également de prévoir linimaginable parce que notre société naccepte plus la fatalité. »
Nietszche avait proclamé la mort de Dieu, voici donc la mise à mort de la fatalité.
Commentaires
Le développement récent de cette judiciarisation de la vie quotidienne na-t-il pas tout simplement pour origine la peur de la mort?
Notre société occidentale a remplacé ses croyances religieuses traditionnelles par une croyance judiciaire qui devrait permettre à ses nouveaux disciples de les protéger de la mort. Malheureusement pour eux, elle finit toujours par arriver.
Cette judiciarisation poussée à lextrême commence à poser de sérieux problèmes. Je pense à ces obstétriciens qui ne peuvent plus pratiquer sans risquer le procès si le bébé ne correspond pas aux normes exigées par les parents. Je pense à ces chirurgiens qui ne peuvent plus opérer sans risquer le procès en cas dimprévu. Je pense à ces associations qui refusent le progrès arguant dun principe de précaution. Je pense à ces collectivités qui en cas de drame doivent endosser la responsabilité de la fatalité et par conséquent dédommager les victimes et les familles sans rechigner bien sûr car autrement, elles passeraient pour inhumaines et pinailleuses ce qui politiquement nest pas très porteur.
Pourtant, tout le monde oublie de faire parler les chiffres. Lespérance de vie des Hommes ne cessent daugmenter année après année grâce au perfectionnement de notre médecine, lamélioration de notre hygiène de vie et une production agricole suffisante. Le taux de mortalité infantile est aussi en constante diminution. Le nombre daccidents (travail et transport) a considérablement baissé entre la fin du 19ème et aujourdhui. A coté de cette réalité statistique, le nombre de procès ne cesse daugmenter pour soulager des souffrances avec quelques euros laissant à penser que la profession davocat risque de supplanter celle de médecin.