Si j'aime un chanteur, un comédien, un peintre, un sculpteur, un danseur, bref si j’aime un artiste, suis-je obligé de connaître ses positions électorales ?

J’étais et je reste un fan absolu de Brassens, Brel, Ferré.

Devaient-ils me communiquer en permanence leurs positions politiques du moment ?

Ils sont bien au-dessus de cette arène où se déroule un combat parfois vain.

La politique est importante. Chaque citoyen doit s’en préoccuper et je citerais volontiers cette ancienne assertion : « Si tu ne t’occupes pas de la politique, la politique, elle s’occupe de toi »’

Mais il y a la vie à coté ou au delà de la politique.

C’est peut-être même l’essentiel de la vie qui est au dessus de la politique. L’amour, les passions et les sentiments, la mélancolie, la joie, l’intimité de l’être ne sont pas déterminés par la politique Seuls les régimes totalitaires prétendent régir l’homme dans son intégralité et dans son intimité. Relisez donc « Vie et destin » de Vassili Gr.

L’art a une fonction singulière et irremplaçable dans la vie.

Le cri de Munch est-il de gauche ou de droite …ou du centre ?

De même l’homme à l’oreille coupée de Van Gogh, La symphonie du nouveau monde, le Parapluie ou les Bancs publics de Brassens.

Les demoiselles d’Avignon etc etc.

Je peux prendre mille exemples de cas où l’art me parle, m’émeut, me bouleverse…

Les « Rois maudits », œuvre extraordinaire de Maurice Druon est une saga passionnante, pleine de passion, de leçons, d’enseignements.

Interprétée à la télévision par un comédien comme Torreton elle peut me séduire et m’emporter.

Pourquoi dès lors ce comédien se sent-il obligé de faire des discours politiciens, entrer dans l’arène et jouer au matador alors qu’il pourrait, qu’il devrait se situer au dessus de l’arène, en référence incontestable puisque son art doit toucher et interpeller tous les hommes et femmes qui le regardent et, sans doute, l’admirent.

Dès lors j’éprouve un vif malaise de voir cet artiste devenir sectaire, intolérant, intransigeant, violent, et m’obliger à le voir ânonner des discours agressifs.

Liberté d’Eluard était certes écrit par un poète proche, à l’époque, du communisme. Mais « Liberté » est un poème admirable qui concerne toute l’humanité.

Si à coté de cela ou des admirables poèmes à Nouch il m’avait demandé, dans une campagne électorale, de voter contre De Gaulle j’aurais été mal à l’aise.

Brassens n’a jamais été partisan dans une campagne électorale. C’est un irremplaçable poète qui s’adresse à tous.

Malraux, lui, est allé au bout de son engagement d’écrivain mais je n’ai pas le souvenir que Malraux, Brassens, Eluard, Picasso aient injuriés les concurrents de leurs candidats politiques comme vient de le faire M.Torreton! (voir mon billet précédent)

Non décidément je reste persuadé que l’artiste ne doit pas être de gauche ou de droite, affilié à un parti politique.

Il est là pour l’humanité entière. Dans son intrepellation du monde il a une fonction d’accueil et doit être, par son art, disponible pour tous ceux qu’il touche sans les incommoder par des considérations subalternes au regard de l’essentiel qui est l’âme humaine.

 

Naturellement lorsque la Liberté est en cause, comme ce fut le cas en certaines périodes de l'Histoire, l'artiste a le devoir de s'engager et je n'oublie pas Zola et Dreyfus ou "le Tres de mayo" de Goya, ou encore La liberté guidant le peuple...Mais franchement, aujourd'hui, en 207, la Liberté est-elle en cause entre madame Royal et Sarkozy?