le sous préfet de quartier version Bayrou
Par Robert Grossmann le jeudi, 8 février 2007, 22:38 - politique - Lien permanent
Jai été très étonné de la proposition de François Bayrou de mettre des sous préfets dans les quartiers et les banlieues avec des services de létat.
Une telle idée par sûrement dun bon sentiment. Bayrou, comme dautres avant lui, veut rétablir la République et donc ses lois dans des lieux où elle est parfois malmenée, voire contestée, là où les violences tiennent lieu de dialogue. Nous les connaissons bien ces lieux dits banlieues ou « quartiers »
Nous luttons avec tous les moyens que la loi met à notre disposition pour rétablir une vie normale et saine.
Nos adjoints de quartiers y travaillent avec ardeur et conviction. Nous pourrions longuement évoquer tous les efforts financiers effectués en faveur du Neuhof, de Hautepierre ou dautres.
Lurbanisme y est « révolutionné », des entreprises y sont implantées, les transports en communs y sont installés et desservent ces quartiers.
Nous sommes aussi en mesure de citer les sommes investies dans la sécurité : police municipale, vidéo surveillance.
Personnellement je ne vois aucun inconvénient à ce que létat substitue ses efforts à ceux de la ville et de la communauté urbaine, par linstallation de sous préfets.
Est-ce une idée réaliste au moment où tous parlent de décentralisation ?
Installer des sous préfets dans les quartiers devrait alors logiquement se prolonger par linstallation de préfets à la tête des villes. Létat les nommerait donc !
Quel serait le rôle du maire élu dans les schémas Bayrou ? Si nommer un préfet à la tête des villes est jugé utopique, les sous préfets de Bayrou sont bien une annonce officielle.
Quel sera le rôle des élus de proximité, adjoints de quartiers et autres conseillers généraux dans le schéma Bayrou ?
Voila donc une proposition sûrement plaisante en théorie mais qui pose bien des problèmes et qui, en tous les cas complexifierait considérablement la vie locale. Sans parler de la cohabitation entre le sous préfet de quartiers mode Bayrou, le maire, ladjoint de quartier, le conseiller général etc etc.
Franchement, Bayrou connait-il réellement le fonctionnement d'une grande ville? Non pas les salons parisiens, ni, à l'opposé, les belles campagnes verdoyantes du Béarn...les grandes villes et leurs quartiers tels qu'ils sont aujourd'hui avec leurs maires et leurs adjoints qui se battent quotidiennement pour une bonne qualité de vie de tous leurs concitoyens...
Commentaires
Depuis plusieurs semaines, je note un changement dans la teneur de vos billets. Toute votre attention semble sêtre portée sur la future élection présidentielle, donnant le sentiment que vous délaisser Strasbourg
A votre décharge, le billet, que je commente, analyse une proposition dun candidat sous un éclairage local.
Je néprouve plus le même plaisir en consultant votre blog. Jaimerais lire à nouveau des billets sur Strasbourg, la Cus, les projets que vous défendez.
J'aime bien le Béarnais Bayrou ( BB) mais là, cette réflexion semble sortie de l'imagination d'un énarque ( qu'il n'est pas) pour trouver des places à ses camarades de promo !
Cette proposition de mettre un représentant de l'état dans les quartiers est contraire à la volonté décentralisatrice annoncée par l'UDF.
Que l'état reverse donc aux mairies les moyens qu'il conserve à tort et les villes pourront agir encore plus dans les quartiers ! Verdammi encore une fois !
Effectivement André W., vous avez raison. Monsieur Grossmann parle de Strasbourg dans ce billet. Il apporte un éclairage local, qui plus est pertinent, sur une proposition un peu légère d'un candidat à l'élection présidentielle. Il est là où je l'attends en sa qualité d'élu d'une grande ville.
Dans mon commentaire, je manifestais juste ma lassitude en indiquant que je néprouvais plus le même plaisir à consulter ce blog. Pardonnez-moi, d'être plus sensible à la passion et à la fougue de Robert Grossmann quand il parle de notre ville que de Nicolas Sarkozy ou Ségolène Royal. Tout simplement.
A ce degré de stupidité, François Bayrou vient d'inventer le 10e art.
Cet homme connaît-il l'articulation des services de l'Etat? Sait-il que, si l'on peut toujours souligner les manques en matière de services publics dans certains quartiers (encore que... Selon moi, un quartier comme celui de Hautepierre manque moins de services publics que de lieux de convivialité privés: petits commerces, cafés-restaurants...), les structures existent déjà, entre les services municipaux/ intercommunaux et les services déconcentrés de l'Etat, coordonnés par le préfet et les sous-préfets d'arrondissement? Les sous-préfets thématiques existent déjà. Dans certains cas même, quand un arrondissement est important (le plus grand de France, Palaiseau, compte quelque chose comme 540 000 habitants), des solutions de proximité existent. Par exemple, la sous-préfecture de Senlis a ouvert une antenne à Creil, dans la partie la plus défavorisée de l'arrondissement. Dans cette antenne, on a les services de délivrance des titres, les services déconcentrés de l'Etat tiennent des permanences, et le sous-préfet vient régulièrement y rencontrer les acteurs locaux. Cela n'a pas l'air de mal marcher, et ce, sans sous-préfet à demeure.
En clair, ce que propose Bayrou n'a d'autre utilité qu'une utilité d'affichage (ah, mettre un sous-préfet au champ... de bataille!), désorganisera complètement la lisibilité, déjà pas toujours aisée pour cause de superposition de nouveaux dispositifs sans suppression des précédents, de l'action de l'Etat et des collectivités locales, réintroduira au plan local une place de l'Etat que même les communistes ne demandent pas, et... coûtera horriblement cher pour un résultat que l'on demande à voir. Ce dernier point est d'ailleurs paradoxal venant du chantre (pour le coup, il a d'ailleurs raison je trouve) du traitement drastique des déficits publics et de la dette.
Bayrou aurait dû lire les rapports tombés en 2005-2006 sur la préfectorale en général et sur le sous-préfet d'arrondissement en particulier, et sur leur rapport aux collectivités locales. Une contre-proposition que je formule: côté collectivités locales, assèchement des communes au profit des EPCI à fiscalité propre jusqu'à rendre logique la suppression pure et simple des communes. Cela prendra du temps, les Français étant attachés à leurs communes, mais là est selon moi le sens de l'Histoire, non pas dans l'élection des délégués communautaires au suffrage universel direct: nous avons déjà 520 000 élus locaux, 1% du corps électoral, cela suffit. Parallèlement, assèchement du Département par le "bas" (les intercommunalités) et par le "haut" (les Régions) pour suppression de cet échelon intermédiaire. Côté Etat: renforcement des sous-préfectures, échelon d'entrée aux services de l'Etat, avec un redécoupage indispensable, et des préfectures de Région, par dépeçage jusqu'à suppression là aussi de l'échelon départemental.