Je quitte ma télé et je me plonge dans Malraux
Par Robert Grossmann le lundi, 13 novembre 2006, 16:07 - les coups de gueule de... - Lien permanent
Dimanche soir 20 :17 Je quitte mon téléviseur. Sur la 3, la 2, la une : Le Pen, Bayrou, les trois rivaux PS overdose !
Le téléspectateur que je suis, comme tout le monde, commence à saturer. Encore six mois à tenir avant le second tour de lélection présidentielle et le JT chauffe.
Chaque écurie vante son étalon (je n'écris pas le féminin de peur d'être suspecté d'antiféminisme) en démolissant celui du voisin. Comment allons nous tenir dans ces conditions ? Cest un peu comme si je voyais un match de foot médiocre pendant six heures daffilé.
Cette surdose dinformations peut avoir des effets inattendus.
Avec les primaires des socialistes les Français ont eu droit à une véritable campagne électorale télévisée, du jamais vu en démocratie. (Ah bon les élections cest seulement dans six mois ?)
Comment les autres candidats vont-ils pouvoir rattraper cette aubaine de notoriété du PS ? Laubaine naura-t-elle pas deffet pervers sur les autres formations y compris sur le PS lui même ? Il ne me semble à priori pas possible dorganiser un tel cirque à lUMP, il ny a quun candidat déclaré Pourtant trois fois deux heures de débat plus les commentaires à chaque JT, lUMP au nom du principe déquité y aurait droit aussi, non ?
Pendant ce temps cette UMP, la majorité au pouvoir, à laquelle jappartiens, passe son temps en confection de chausse trappe, en pièges, en fabrication et distillation de poisons en tout genre.
Je quitte ma télé et je me plonge dans Malraux dont je lis lexcellent livre de Jean Louis Jeannelle sorti en mars de cette année : « Malraux mémoire et métamorphose »
Cest littéraire, cest philosophique, cest historique, cest beau et comme tout est dans tout jy trouve ce passage :
Malraux est alors victime dune forme dostracisme ( de la part des célébres milieux intellectuels de gauche ) dont témoigne jusquen 1971 un observateur aussi averti que Claude Mauriac. A la suite dun dîner avec lécrivain, ce dernier note, en effet, dans son Journal : « Je regarde ce grand homme que lon avait oublié "Les chênes quon oublie", avais je dit à René Clair ( par allusion à son livre sur de Gaulle qui vient de paraître)
Est ce encore vrai ? Plus tout à fait et puis Chirac la Panthéonisé, Malraux, alors quil était si bien dans son cimetière de Verrière le Buisson
Mais il y a des cycles et des modes et puis lIntemporel resurgit et simpose
Commentaires
Ces médias minables sont tellement occupés à exercer leur 4ème pouvoir qu'on est complètement passé à côté de la mort de Basile Poledouris, magnifique compositeur de musiques de films, décédé hélas à l'âge de 61 ans.
Si vous me le permettez M. Grossmann, je vous recommande en forme d'hommage sa magnifique musique pour le non moins magnifique film "Farewell to the King"...
Voilà c'est dit et à côté cette guéguerre mediatico politico n'importe quoi ne me fait pas frémir comme la musique de cet homme. C'est toute la différence entre le désir d'éternité et le quotidien nullissime! Les infos essentielles sont oubliées et les gens s'appauvrissent de plus en plus intellectuellement et culturellement.
Je retourne me plonger dans sa musique quant à moi!
Plutôt que de se focaliser sur la télévision, focalisons-nous sur Malraux, mort en 1976, comme Martin Heidegger.
Il est d'ailleurs intéressant de constater que ni l'un ni l'autre ne bénéficie d'un quelconque événement dans la presse, le monde éditorial - excepté à Strasbourg pour Malraux - saluant leur mort.
A noter aussi la parution de la nouvelle édition de l'Univers des formes (même si elle n'est pas parfaite...), collection que Malraux avait créé chez Gallimard, avec les meilleurs spécialistes de
l'Histoire de l'Art.
Mais peut-être que dans le cas de Malraux, il s'agit du cas classique touchant certains écrivains du XXe siècle, aujourd'hui partiellement délaissés, comme Gide, Drieu La Rochelle, Bernanos, Bataille, Montherlant que peu de gens lisent encore et encore moins les plus jeunes lecteurs. Une éclipse partielle, curieuse néanmoins.
la phrase de Malraux que vous publiez dans vos "pensée pour les jours à venir et pour plus tard" est un diamant brut. Et en plus il a eu cette inspiration à Strasbourg. C'est beau !
Pourquoi ne pas avoir intitulé votre billet "Ces chaînes qu'on oublie" ? Ou bien "La voix Royal" ? Ou encore "La Souris et les cordes" ?
Je ne supporte plus ces gens qui critiquent la télévision.
Au lieu de gloser... agissez !!!
Cela fait trois ans que je n'ai plus de télévision chez moi (par choix, par raz-le-bol comme vous nous en faites part ici), et je m'en porte très bien.
Avec ou sans Malraux, il reste de nombreuses activités à faire, gens à rencontrer, livres à lire, amours à vivre...
Au diable le sacro-saint attachement à cette poubelle cathodique !
Cela me fatigue même lorsque l'on m'en parle... et malheureusement, pas un blog, même intelligent, où il n'en est pas fait référence.
Pitié, arrêtez de critiquer... ou alors, agissez ! Que les paroles se traduisent enfin en actes (en politique ou tout simplement dans la vie)!
A bon entendeur.
Marco
Une de vos remarques attire mon attention. Malraux était-il mieux à Verrière le Buisson quau Panthéon. Oui, je le crois et je le pense. Je me suis souvent demandé si lon a voulut refaire le « coup de Jean Moulin », un plan com
LHomme, laventurier est décédé « rue d'Estiennes-d'Orves », un autre illustre aventurier de Verrière. Honoré dEstiennes dOrves qui disait Jai été élevé dans le culte de la Patrie ( ) je ne puis concevoir lasservissement actuel de la France. arriva à Londres le 27 septembre 1940. Résistant ou combattant, lhomme fut trahi et condamné à mort lors dune opération en France. Et lorsque cet homme de droite, très à droite même est sur le point dêtre fusillé, il sadresse à lofficier allemand en ces termes : « Monsieur, vous êtes officier allemand. Je suis officier français. Nous avons fait tous les deux notre devoir. Permettez moi de vous embrasser ».
On nest pas loin de lesprit évoqué dans la grande Illusion, un sens de la grandeur et du romantique jusque dans le courage et labandon de soi à une noble cause. Malraux et Honoré dEstiennes dOrves auraient pu se rencontrer et sapprécier. Même si Malraux nentre dans la résistance quen 1944, à larrestation de son frère. Il incarne, comme dautres écrivains, le sens de lengagement profond.
A lépoque, les hommes sengagent en effet quel que soit le camp, ils ne boursicotent pas sur leur carrière et osent parier leur vie contre un bol daventure. O tempora, o morès.
Stobée écrivait : "Le vent gonfle les outres vides, l'outrecuidance et les hommes sans jugement." Bien loin de moi l'idée que Ségolène Royal est une outre vide, mais côté outrecuidance et jugement elle est une excellente candidate à la description stobéeienne, non ?