Que fallait-il regarder Ségolius Kahn ou Chirac.

J’ai une sainte horreur des exposés magistraux, même hachés, successifs ou transversaux. Je ne supporte pas l’absence de débat. Je déteste les mises en scène aseptisées et les plateaux réglés au millimètre où l'on ne laisse pas de place à la moindre once de naturel. Au fond ce sont là des prestations artificielles et maquillées. Je m’imagine la pléiade de conseillers, de régisseurs, de perchmen, d’éclairagistes, de journalistes amis, de communicants, qui ont du se battre pour mettre les marionnettes en situation.

Bon, il y en a qui disent que c’était bien quand même, mais moi j’ai choisi Chirac pour m’y ennuyer aussi grave (comme disent les jeunes…)

J’ai vécu personnellement une bonne moitié de ces aventures. Compte tenu des annonces qui précédaient ce film je m’attendais à de l’inédit voire du spectaculaire.

Que Chirac ait trahi tout le monde, qu’il ait assassiné politiquement des wagons entiers d’hommes ou de femmes politiques, nous le savons tous.

Qu’il était en même temps un super chic type, le coeur sur la main...on nous l’avait aussi dit assez souvent.

Qu'il était et qu'il soit toujours physiquement très beau, le film nous le démontre et nous le raconte, mais la France entière en a conscience, du physique d'acteur holywoodien de son président!

Qu’il collectionnait les aventures féminines et que Stirn ou Jean François Probst n’aient pas réussi à en compter le nombre n’est pas davantage une surprise.

Qu'il ait un vrai jardin secret et que sa personnalité soit complexe, cela doit-il être une révélation?...Mais qui n'a pas de jardin secret et qui a une personnalité simple dans ces milieux là. Le championnat : qui est les plus complexe, le plus secret, le plus cultivé, Mitterrand ou Chirac, c'est digne du " Maillon faible". 

Qu’enfin il ait des démêlés avec la justice et que sa fin de règne sombre dans les échecs politiques (référendum) tout le monde en est témoin.

Tout le monde sait aussi que l’on n’a jamais aiguisé autant de dagues, versé autant de gouttes insapides dans les coupes de champagne, guetté autant d’ « amis » dans les coins sombres des escaliers à vis des châteaux du 8ième et du 7ième arrondissement, qu'en ce moment. La trahison connaît aujourd’hui des heures d’une prospérité presque égale à celle de Florence au siècle des Borgia.

Et pendant que défilent les images sur le petit écran, les affaires continuent.

J’ai été étonné que la vedette de ce film soit Stirn. Il faudra un jour que je raconte Stirn. Mais c’est vrai qu’il a une belle voix chaude… J'ai tout aussi été étonné que Jean François Probst soit l'autre conteur. Et, par rapport à ce qu'il aurait pu dire, quelle frustration. Sarkozy est d’une extrême modération : stature de vrai présidentiable. En contrôle parfait.

Mais à quoi servait ce film ? Qu’y avait-il d’inédit ?

Peut-être suis je Chiracoblasé au point de n'avoir éprouvé qu'une longue déception au défilé de ces images, rien, à mes yeux qui pouvait soulever de la passion. Dans le sordide tout semblait lisse.

Mais je me trompe sûrement, et peut-être pourra-t-on m’éclairer ici et m'ouvrir les yeux sur les qualités de cette prestation cinématographique.