Gunther Grass...
Par Robert Grossmann le jeudi, 17 août 2006, 22:32 - l'actualité - Lien permanent
Je transfère ici les premiers commentaires effectués sur le billet précédent.
Nous ne pouvons pas, en effet rester en dehors de cette lourde et grave question
De : Rastignac
Le jeudi août 2006 à 19:29
Je profite insidieusement de cette supplique adressée par Monsieur Grossmann à Monsieur Barroso pour parler de l'Europe. L'Europe d'hier et d'aujourd'hui. Que pensez-vous de la nouvelle "polémique" soulevée en RFA par Günter Grass, qui dit avoir soulagé sa conscience en "avouant" qu'il avait servi dans les Waffen SS à 17 ans ? Il est certain que cette "affaire" va trouver des échos de ce côté-ci du Rhin. Alfred Wahl, professeur émérite de l'Université Metz, a déjà promis sur les ondes de la télévision locale d'en parler. Pour ma part, je m'en tiendrai à Günter Grass, et je considère que sa mauvaise conscience, même si elle me semble démesurée, je lui dirai tout simplement : t'en fais pas, on sait (pour peu qu'on connaît un peu l'hsitoire de la Seconde Guerre mondiale) qu'un gamin de 17 ans fin 1944, en Allemagne, pouvait échapper à l'incorporation dans les Waffen SS pour peu qu'il sache qu'il suffisait de "devancer l'appel" sous les drapeaux de quelques semaines et il se trouvait ainsi dans la Wehrmacht, les retardataires (si je peux m'exprimer ainsi) et les mal informés se trouvaient versés dans les Waffen SS. Le débat est ouvert.
de Robert Grossmann le 17/08
(...) Quant à Rastignac il lance ici un sacré débat. Je pense que Gunther Grass, conscience morale de la gauche, aurait pu effectuer sa contrition bien avant 2006! Après tout il avait 60 ans pour le faire. 60 ans pendant lesquels il a abusé son monde, au regard de sa confession d'aujourd'hui. 60 ans de confort intellectuel et peut-être moral.
Il ouvre aujourd'hui, à contre temps, une bien vilaine boite de Pandore.
La suspicion risque de se répandre comme du poison, partout, et non seulement dans la génération de Gunther Grass.
Alors on peut toujours dire que le débat est salutaire. On peut aussi dire le contraire, quil est néfaste.
Il me semble que lessentiel doit consister à conjurer les démons daujourdhui.
Je songe à la société que nous allons léguer à nos enfants et petits enfants. Sacrée responsabilité ! Il faut en tout ce que lon fait aujourdhui, une conscience. Et, emporté par mon élan, je vais paraphraser Rabelais « Politique sans conscience nest que ruine de lâme »
De : aLSATOR
Le vendredi août 2006 à 00:32
J'ai ecris un texte qui ne plaira pas à tt le monde sur Gunther Grass et je pense notamment à Ersnt JUNGER, grand écrivain, porusuivi par les amis de Grass, alors consciences du politiquement correct.
Mais sur cette époque, que dire, qu'aurions nous fait ? Un résistant alsacien me racontait souvent sa classe de Terminale divisée en deux camps égaux ....
Quid aussi de la reconstruction nationale qui fit que De Gaulle oublia les passés de certains jusqu'à en faire des Ministres ou des prefets. Le passé doit passer, sans oubli, mais passer ...
Commentaires
Je suis daccord, que lon évoque donc un peu le cas Gunter Grass, que toute une intelligentsia, de gauche, comme de droite, rêvait dinviter dans les salons dorés des rives gauches et droites de lIll.
Le voilà honni, recevant le soutien de Volker Schlöndorff, Irving, Rushdie, de mentors polonais et même des critiques délicates de Dany le Rouge Au-delà des compagnons de route, que dire, que penser, que faire ?
Je lai dit : « qui peut affirmer sa place au cur de lHistoire, à lépoque » Au pire interrogeons nous sur les raisons de lapparition dune pensée totalitaire en Allemagne après larmistice de 1918
Jaurais coutume, je lai dit, de penser à Ernst Junger, une des plumes du siècle, victime des attaques des amis de Monsieur Grass
Je minterroge aussi de savoir si, par delà les mots, il ne sagit pas du plus beau coup marketing de lété, à la sortie même de sa biographie et si, pour le coup, en versant une partie de ses droits à de bonnes uvres, il ne sachètera pas à la fois une conscience et une virginité immaculée.
Je retraverse le Rhin, je pense aux « jeunesses françaises » de Mitterrand à certains préfets .
Maintenant, et contrairement à dautres, je pense quil est aussi temps de faire ce que Mitterrand et De Gaulle appelaient de leurs vux : la réconciliation nationale
A force de culpabilisation, on ouvre des boîtes de Pandore dons les effets pourraient être dévastateurs et dont certains trifouillent déjà la clé.
Je noublie pas le passé, selon la formule célèbre et lorsque je passe prendre mon café, non loin de la Place de la République, le « à nos morts » me rappelle que lon ne conjugue pas lEurope au temps passé mais au futur.
PS : Grass a-t-il croisé Ratzinger, comme il le laissait entendre, je m'interroge ...
Bonjour.
Voici l'interview de Günter Grass (en allemand):
www.faz.net/s/RubCF3AEB15...
Voici la réaction de Guy Sorman sur son blog (entre autres):
gsorman.typepad.com/guy_s...
Cher Rastignac,
Quand Grass touche Gunter, peu de commentaires ... Je ne suis pas trouvère, malgré ce petit ver.
Mais l'ensemble est effectivement pleine d'enseignements et j'aimerais que l'on demande aussi aux intellectuels ayant soutenus d'autres totalitarismes de faire leurs aveux ...
Que les communistes osent faire mea-culpa Pour Tambow, que les Trostkystes fassent repentance pour les crimes de l'armée rouge, que les maos ( même devenus bobos) fassent amende honorable.
Oui, il fut dénoncer les crimes des totalitarismes, tous les crimes, tous les totalitarismes.
Pour moi, Grass fait un coup de pub. Cependant, il s'empoisonne une retraite (ou une fin de ) qu'il aurait eue certainement heureuse, car il a freiné net l'élan d'envie de fierté nationale de la jeunesse allemande telle qu'on l'a constatée au Mundial de 2006. Il a mauvaise conscience et veut la transmettre à la jeunesse allemande (comme une piqûre de rappel). Alors c'est un indécrottable intello de salon.
Il nous a apporté :
L'Assiette anglaise -
Un siècle d'écrivains -
Jamais sans mon livre -
Caractères -
Eh oui, UN GRAND PRO, trop triste de le voir partir...Hommage à Bernard RAPP !
Je suis écoeuré :
Dans le Nouvel Obs du 22 août 2006 :
VOSGES
Deux femmes voilées refoulées d'un gîte.
Deux femmes d'origine marocaine se sont vu interdire l'accès d'un gîte qu'elles avaient loué, au motif qu'elles étaient voilées. Elles ont porté plainte.
Le port du voile n'est, semble-t-il, pas apprécié par les propriétaires d'un gîte de Julienrupt (Vosges). Ils ont refoulé une jeune femme de 27 ans et sa famille qui avaient loué les lieux par internet, u motif que sa mère et elle portaient le voile, a-t-on appris vendredi 18 août auprès de la gendarmerie.
"Quand la famille s'est présentée au gîte vendredi 11 août, les propriétaires leur en ont refusé l'accès. S'ils voulaient y accéder, il fallait que les femmes se dévoilent", a expliqué la gendarmerie.
Les sept personnes, dont un nourrisson de six mois et un enfant handicapé, qui venaient de l'Essonne, ont dû se replier vers un hôtel à Gérardmer (Vosges) pour y passer leurs vacances, a raconté Claude Gavoille, la présidente du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) dans les Vosges.
Samedi, la jeune femme, d'origine marocaine, est allée déposer une plainte pour discrimination raciale à la gendarmerie de Gérardmer. "C'est une famille très bien, ce qui explique la courtoisie des échanges. Il n'y a pas eu un mot plus haut que l'autre", a commenté la gendarmerie.
Le MRAP partie civile.
De son côté, la propriétaire "reconnaît" ses actes et affirme qu'elle a agi "dans le respect de la laïcité", de même source.
Pour le MRAP, qui s'est constitué partie civile dans l'affaire, l'incident relève d'un "acte de discrimination grave". "Si des propriétaires estiment que des personnes voilées n'ont pas à entrer dans leur logement, on se demande pourquoi ils louent", s'est indigné la présidente du MRAP-Vosges.
Le refus de fournir un bien ou un service à une personne "sans justification objective et raisonnable" mais en raison du "sexe, d'une prétendue race, de l'origine ethnique (...), de la conviction religieuse ou philosophique", est assimilé à un acte de discrimination directe, selon la loi du 25 février 2003.
En cas de renvoi devant un tribunal correctionnel, la propriétaire encourt une peine pouvant aller jusqu'à deux ans d'emprisonnement et 30.000 euros d'amende.
© Le Nouvel Observateur
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La gendarmerie, le MRAP, au secours du communautarisme...
"Affäre Günter Grass".
Un échange très fructueux et intelligent a eu lieu ces jours-ci entre Grass, la Pologne et Gdansk (Dantzig), son Dantzig.
Dans une lettre adressée au Maire de Gdansk, Grass s'est expliqué sur l'affaire que nous connaissons. Il regrette bien sûr son "erreur" de jeunesse mais se dit réjoui d'avoir dans les années cinquante et suivantes, au travers de sa littérature, et ses engagements, appelé à la démocratisation dans les territoires soumis au joug stalinien.
Le maire de Gdansk, âgé de 41 ans, s'est déclaré satisfait des éclaircissements apportés par Günter Grass. Lech Walesa a également déclaré que rien ne s'oppose à ce que Günter Grass reste "Citoyen d'honneur" de la ville de Gdansk.
Voilà donc une affaire germano-polonaise (que moi j'appelerais plutôt "balte") qui se termine bien.
De Martin Heidegger à Günter Grass...en passant par Jean-François Mattei...
Conseil de lecture d'un livre écrit par un philosophe de mes amis :
"Attentats terroristes, crimes monstrueux, délits cyniques, actes barbares, injustices sociales, erreurs judiciaires... Nous vivons le temps des assassins. Nous vivons le temps des indignations. Quitte à ce que, à trop ou mal s'indigner, nos sociétés démocratiques risquent toutes les contradictions. Quitte à ce qu'elles ne sachent plus distinguer entre le fait de prendre conscience et le fait de prendre parti. Entre l'indignation critique qui fonde la dignité et l'indignation feinte qui, vivant de la posture, meurt de l'imposture. Entre l'absence de reconnaissance envers les victimes et l'abus de considération envers les victimes. À l'heure où les idéologies déforment en l'amplifiant jusqu'au ressentiment le sentiment de révolte, à l'heure où une certaine culture contemporaine met en péril la figure même de l'homme, à l'heure où chacun cherche à rabaisser l'autre en une surenchère de protestations qui occultent les maux supposément dénoncés, Jean-François Mattéi s'insurge contre les fausses insurrections.
En donnant, de Platon à Hannah Arendt, une authentique leçon de philosophie qui éclaire de manière fulgurante la crise morale que nous traversons. Car il est temps que l'indignation change de camp. Et plus que temps que nous en retrouvions le bon usage."
Le livre : L'INDIGNATION, Jean-François Mattei, Editions La Table Ronde.
sur Günter Grass lire le dossier de La Gazette de Berlin :
www.lagazettedeberlin.de/...