LUJP était une quête dabsolu incarnée et vécue.
Par Robert Grossmann le mercredi, 26 juillet 2006, 12:13 - politique - Lien permanent
En décembre 2005 Paul Aurelli a rassemblé une petite centaine d « anciens » de lUJP. Est-il opportun de revisiter nos années de jeunesse et dengagement ? Sagirait-il de pure nostalgie ? Evidemment non, pour nous Il est vrai que quelques amis ont créé lUDP, Union des Démocrates pour le Progrès. Là, sans doute trop discrètement, sans doute trop éloignés les uns des autres, mais avec nos convictions, nous « maintenons » François Audigier, brillant universitaire, a soutenu une thèse consacrée à lUJP. Il en a fait un livre publié aux Presses Universitaires de Nancy sous le beau titre de « Génération Gaulliste ».
Ce soir de décembre 2005 jai dit quelques phrases à mes amis réunis. Voici ce texte.
" Depuis que Paul a réussi à organiser cette soirée si souvent rêvée, si souvent promise, si souvent remise, jai vécu personnellement dans lattente de ce moment avec une certaine fièvre. Lidée de nous retrouver ma à la fois séduit, bouleversé et angoissé
Oserais-je le dire ? Cest un peu comme si je retrouvais mon vrai premier grand amour après tant dannées de séparation.
LUJP cétait ma vie, cétait notre vie aux plus belles années de lexistence.
Oui, cest une méditation sur le temps à laquelle me conduirait tout dabord cette rencontre.
LUnion des Jeunes pour le Progrès cétait le mouvement de notre jeunesse, cétait notre jeunesse Quinze ans pour les plus jeunes, dix huit ans, vingt cinq ans, pour d'autres. C'était notre jeunesse vécue intensément au rythme de lHistoire. LHistoire où le destin se confrontait à des héros, de vrais héros comme dans lIliade ou la Table Ronde. Comme Charlemagne, Jeanne darc, Napoléon
Nos héros autour de la figure tutélaire du général de Gaulle cétait Malraux, Chaban, Debré, Couve de Murville, Maurice Druon, Pompidou.
Il y en avait beaucoup de vrais héros qui sortaient de la résistance ou qui entouraient plus tard le général comme Alain Peyrefitte, Maurice Herzog, des célèbres et des plus obscurs, mais pour nous ils étaient nimbés de légende vécue.
Mais si nous nous sommes engagés cétait pour De Gaulle.
Je veux le dire, car ici on peut parler avec le cur sans que quiconque ne vienne déformer les propos. A titre personnel je ne me suis jamais engagé pour faire de la politique, je me suis engagé contre les politiciens qui avaient abusés de la quatrième République pour en faire une caricature de République.
Je me suis engagé derrière l'homme qui voulait une nouvelle République et ma première carte dont je suis secrètement fier date de 1959 elle était celle de l'Union pour la Nouvelle République
En 1965 nous avons ensemble fondé lUnion des jeunes pour le progrès essentiellement parce que les « aînés » politiquaient presque aussi bien que ceux de la quatrième et en tous les cas ne semblaient guère comprendre les problèmes de notre génération daprès guerre.Les assises de lUD Vième à Lille en 1967, mai 68, le 4 juin 68, nos assises de Strasbourg en avril 1969, celles de Royan en 1970, la mort du général en novembre 1970, bref lépopée de lUJP qui sest déployée de 1965 à 1975, puis qui sest poursuivie différemment, a constitué
l'impulsion historique la plus forte et la plus singulière quun mouvement de jeunes ait jamais imprimé à la vie politique française.Aucun autre mouvement de jeune, ni, à lépoque, les puissants jeunes communistes, ni les jeunes dextrême droite, na autant marqué la vie de la France. Lhistoire de lUJP est unique et exceptionnelle. Elle le restera.
Le temps sest écoulé nous ne sommes plus les jeunes. Sommes nous des vieux ? Je voudrais citer mon ami Alain Villefayaud qui répandait à volonté sa belle phrase si symbolique : « quand on est gaulliste on a toujours vingt ans ». On peut toujours se consoler, avec de belles assertions, sur la jeunesse du cur, la jeunesse des artères, la jeunesse de la volonté, toujours est-il que nous navons plus nos vingt ans.
Mais si je dis que lUJP est singulière et, permettez moi ce néologisme, : « irremplacée » cest que, par exemple, je nai jamais pu chanter avec Villon et Léo ferré « Que sont mes amis devenus.. » ! Jamais au cours de ces quarante années « le vent ne les a emportés » . Je veux parler des amis de lUJP.
Il mest arrivé mille fois ce qui vous est arrivé à vous aussi au cours de ces décennies et qui est générateur dune incroyable émotion : Dans chaque ville de France, ( ) jai été interpellé un jour par des amis qui mabordaient en me disant « jétais à lUJP ».
Je veux citer avec Paul Aurelli mes amis proches, ceux qui ont travaillé avec moi corps et âme et qui ont brillamment réussi :Yves Deniaud, Patrick Ollier, Bruno Bourg Broc, Michel Barnier, dont la fidélité et lamitié ne jamais manqué tous les parlementaires issus de lUJP, ils étaient près dune cinquantaine
Je veux me souvenir dAlain Carignon qui est venu me rendre visite un jour à Strasbourg, pour me dire cette phrase si belle sur notre aventure : « Tu sais Robert, on sest tous frotté à toi et on a appris. Moi je nai pas été à luniversité mais jétais à lUJP qui était une grande école de formation » Je nai pas non plus oublié Alain quelles que fussent les circonstances.
Méditation sur le temps Il faut bien reconnaître qu'il s'est écoulé, le temps, quil est linéaire et quil nous reste moins à accomplir aujourdhui quhier. ( ) Mais il y a quelque chose détrange dans notre aventure quillustre brillamment Gaston Bachelard, dans un de ses essais. Il existe un temps vertical, il existe une momentanéité éternelle. Des moments, des périodes qui restent invariablement présentes, qui ne senvolent jamais, fidèles en nos mémoires au point quelles nous accompagnent, quelles nous modèlent, quelles sont, finalement, nous même.
LUJP ne ma jamais quitté. Elle était une quête dabsolu, incarnée et vécue. Elle ne sest pas limitée au domaine du rêve et de la seule méditation. Elle était et demeure une action qui a tracé et trace son sillon dans lhistoire.
Le gaullisme, pour nous, ce fut et cela demeure lacte historique du 18 juin qui signifie le refus dabdiquer et laffirmation de la dignité humaine. Les idéaux de la République, la liberté, légalité, la fraternité qui sont tant disputés et malmenés aujourdhui.
LUJP répond, au fond, à ce mot dordre de Malraux : « Je maintiendrai ! » Cest, comme il la évoqué, le « NON » dAntigone. Cest le défi au destin et, souvenons nous de ce moment extraordinaire, Strasbourg dimanche 12 avril 1969 un hall comble, surchauffé, une incroyable atmosphère de joie et la communion autour de notre spectaculaire révélation publique , André Malraux la mèche toujours rebelle, la voix syncopée et envoûtante, plus jeune que jamais avec ses 69 ans :
« Compagnons de lUnion des jeunes .Il n y a pas destin par procuration. Votre destin sera ce que vous en ferez ! »
Oui cétait historique et je me souviens dune de ses phrases en 1967 qui signifiait à peu près ceci : les partis ont derrière eux leur passé de parti politique, nous avons derrière nous lhistoire de France, ce qui signifiait en clair que les gaullistes nétaient pas des politiciens mais des artisans de lhistoire !
Cest ce que De Gaulle a fait et jai limmodestie de penser que dans les années 1960, seule lUJP la voulu - pleinement - avec lui.
Comme dans les tragédies antiques nous avons vécu des bonheurs ineffables et des douleurs dune grande cruauté.
En ce qui me concerne je me souviens de cette phrase que, je ne sais pourquoi, mon ami Villefayaud ma dite rue du faubourg Saint Honoré quelque jours après mon départ volontaire de la présidence, à quelques pas du N° 43 « Robert tu connaîtras lingratitude »
Alain, jai connu lingratitude ! Mais quest ce que je leur avais mis aux vieux de lépoque et, livré à eux, isolé et seul avec mes convictions : quest ce quils mont mis !
Alors quest ce que cétait que notre UJP ? Jai envie de dire que certes nous étions dans la politique mais nous étions largement au delà de la politique, lUJP cétait une fraternité mais cétait quelque chose de plus que la fraternité, cétait le gaullisme mais cétait plus encore, parce que pour nous, c'était intemporel.
Commentaires
Vous évoquez dans ce texte "LE" problème de la politique moderne : il n'y a plus de héros, plus de mythes... plus d'idéaux, plus de rêves... Il n'y a plus que des hommes à l'esprit étriqué par le formatage des usines à élites ! Ce n'est plus le charisme qui importe mais le carriérisme. Merci pour ce témoignage, car il montre qu'il peut y avoir autre chose.
Monsieur Paul Juin.
Vous avez acheté mon livre, merci. Vous l'avez lu, merci, c'est rare. Je rappelle que les successeurs du Général De Gaulle contribuèrent chacun à leur manière à défaire ce quil avait fait. A la question de savoir qui a tué la 5ème République je réponds que tous, à des degrés différents et pas toujours consciemment ont sapé la cohérence de la Constitution de la Ve République. Citons par exemple Chaban-Delmas qui, lorsquil fut nommé Premier Ministre par Georges Pompidou, refusait dadmettre quil ne tira sa légitimité que de lunique Président, et pas du Parlement. Citons également le Président Giscard dEstaing et son dogme de la modernité, du libéralisme et de lEurope fédérale Autant déléments qui sapèrent lautorité de lEtat et les fondements de la souveraineté nationale. Mais citons surtout François Mitterrand qui selon moi est avec Charles de Gaulle le personnage essentiel de la 5ème République en ce quil sest évertué, tout au long de sa carrière, à détruire ce que son illustre prédécesseur avait construit.
Aujourdhui, Jacques Chirac achève un second mandat. Cette législature aura été marquée par lélection tronquée de 2002, le refus des Français dadopter la Constitution européenne en 2005, les émeutes en banlieue à lautomne dernier et les récentes manifestations contre le Contrat Première Embauche. Laffaire Clearstream qui agite aujourdhui le gouvernement nest pas sans rappeler laffaire dite « des fuites » de 1954 où sopposaient déjà le Président du Conseil et le ministre de lIntérieur, Pierre Mendès-France et François Mitterrand. A cette époque la jeune 4ème République sétait perdue dans les affres du régime dAssemblée. Elle fut remplacée 4 années plus tard par la Constitution que lon sait.
Je dresse donc la nécrologie de nos institutions. Je regrette plus que toute autre chose labsence de projet collectif et j'accuse les hommes politiques français de navoir pas su continuer luvre du Général de Gaulle. Dans ces conditions, que croyez-vous quil faille attendre de la prochaine élection présidentielle ?
Sourire, JC n'est donc pas le messie ? HUMAIN, trop humain aurait dit Nietzsche ! Allez, quant à l'UJP, nous lui devons le respect du à tout mouvement de jeunesse !
Je comprend ce que vous ressentez
Chiracest-il gaulliste ? gaullien ?
Marie France Garaud est-ce une référence ? ne ferait elle pas partie des ces frustrés du pouvoir et que Chirac à écarté pour on ne sait quelle raison.Robert Grossmann a été un formidable chef de file pour l'UJP malheureusemnt mal récompensé et l'on ne pourra pas lui reprocher avec son franc parlé de faire du carriérisme.
Vous écrivez "on s'est engagé pour De Gaulle".
Vous voulez que les jeunes aujourd'hui s'engagent pour Chirac? La question comporte la réponse!
Alors pour Sarko? Il faudrait qu'il fasse rêver un peu plus. si pour tout idéal il leur propose son image devant la glace en se rasant tous les matins c'est un peu court, vous ne croyez pas?
Dites moi M.Grossmann comment je puis je orienter tous ces jeunes vers Ségolène, qui est tout à fait prête à les écouter et à être d'accord avec eux.
Ségolène a d'ailleurs pour ambition de ne pas, ( évidemment!) créer des forces de supporters qui s'apelleraient les "royalistes", voyons!
Mais, en revanche elle aimerait bien les intituler "les Ségollistes" ( C'est Gaulliste) voyez ce que je veux dire...donc vos anciens jeunes ou, vos nouveaux jeunes, y trouveraient leur compte. "C'est Gaullistes"...réfléchissez bien. Le Gaullisme c'était avant tout de la phonétique, c'est ce que j'ai appris à l'ENA et, aujourd'hui, ça pourrait bien être Ségolène qui est un monument sémanticophonétique et qui ratisse de l'extrême gauche à l'extrême droite militariste.
Votre place peut aussi être chez nous, cher monsieur. Réfléchissez bien. vous avez quelques jours pour devenir ce que vous avez tours été "Ségaulliste". N'attendez pas, une place de choix, au sein du sérail vous attend.
Ségolène ROYAL : Pétain en jupon. C'est pas de moi c'est d'un éléphant du Parti Socialiste...!
C'est pas avec cet état d'esprit qu'on va motiver la jeunesse !
Régulièrement, je rencontre des membres de lUJP. Leurs éloges relatifs à leur ancien chef ne manquent pas et leurs convictions gaulliennes sont restées intactes malgré la Chiraquie.
Effectivement cest bon de leur en mettre aux vieux. Mais il est nettement moins agréable de recevoir
La vieillesse nest pas une question dâge mais une question de mentalité. Il est possible davoir 20 ou 30 ans et raisonner ou se comporter comme senior La vie politique Française ou locale na dailleurs jamais été aussi Espagnole En Alsace, seul notre blogmaster na pas encore était gagné par la fièvre ibérique. Normal, lorsquon est gaulliste on a toujours vingt ans me direz-vous !
Si JH reprend à son compte le fait que la jeunesse soit une question d'état d'esprit, reconnaissons qu'il fut un temps où des idéaux la faisaient avancer.
Aujourd'hui, la jeunesse se manifeste pour des droits et acquis ayant immanquablement un fondement matériel. Drôle d'époque !
J'ai trouvé ceci, il m'a semblé reconnaitre l'une ou l'autre personne : www.ina.fr/archivespourto...
J'étais à Strasbourg aux assises nationales de l'UJP en 1969 : Malraux, Michelet, Pompidou... à la tribune ! Ca ressemblait à quelque chose... L'Histoire était devant nous ! L'émotion est encore et toujours intacte... Ce moment est i.nou.bli.a.ble !
Mon Cher Robert
J'étais le 12 Décembre 2005 à l'Assemblée Nationale pour fêter les 40 ans de l'UJP
Prémonitoire: BARNIER était absent et CARIGNON n'avait pas osé venir
Je t'avais dit "Il n'y a rien de Gaulliste chez SARKO et il n'est là que pour son plaisir personnel" J'avais dit la même chose a Paul AURELLI
Le Général a écrit un jour "Puisque tout recommence toujours, ce que j'ai fait sera, tôt ou tard, une source d'ardeurs nouvelles après que j'aurai disparu."
Je ne vois pas venir le générateur d'ardeurs nouvelles...
Je ne vois que des veaux qui suivent le troupeau....espérant un jour un geste de l'empereur!
Même a l'UDP (SOIT DISANT LA GAUCHE GAULLISTE ) on se gargarise de la plume de Jean Noel AMADEI qui ne fait que s'écouter écrire en louant l'ére SARKOZY dans le style grand professeur d'Université que plus personne n'écoute tant il ressasse les mêmes théories économiques dépassées qu'il a apprise par coeur et qu'il a ressorti hier à la sauce Chirac aujourd'hui a la sauce SARKO!!!
Et toi ROBERT où en es - tu des espoirs que tu placais en
l'irrésistible ascencion de SHARKO UI?
j'étais à Strasbourg en 1969 ET à Royan en 1970.C'est un merveilleux souvenir de ma jeunesse.je voudrais dire qu'aujourdhui
je suis fier de ma France, celle d'INGRID betancourt DE rAMA yADE DE rACHIDA dati;sARKOZY a réussi à faire ce que nous n'avons pas su ou pas pû faire il y a 40 ans. il faut transformer cette diversité
au sommet en une diversité à tous les niveaux de notre pays.il faut récouter les paroles d'ingrid en français à son arrivée à Bogota.
Je suis le respnsable de la propagande de l'uJP des années 1968:1973.
Amitiés à Robert
heureux de relire ton texte, mon cher Robert, amusé de découvrir que j'ai un "style de grand professeur d'Université" (dixit JP l'anonyme), surpris de découvrir que je ressasse des théories économiques (dixit le même) ...
quant au fond, tant qu'il restera un personne, même ce cher JP, pour se réclamer des idées que nous défendions alors, rien ne sera perdu !
Je ne lis ces propos de Robert qu'aujourd'hui , 9 juillet 2009, mais qu'importe. Pour avoir été avec lui à l'UJP, que j'ai créée dans les Pyrénées-Atlantiques en 1967, je souscris entièrement à la totalité de ses réflexions. Je trouve son analyse pertinente et j'atteste de la véracité de ses observations.
Merci Robert.
Henri Fontana