Les demis dieux, Basso et Ulrich ayant été virés pour triche au doping, Dieu lui même n'étant plus dans la course, ce tour serait forcément inintéressant.

Nous avons tous entendu cela.

Comme le maillot jaune changeait fréquemment les commentateurs fichaient le tournis aux auditeurs et téléspectateurs.

Pourtant, les Pyrénées ont rempli leurs promesses avec de merveilleux grimpeurs détachés du peloton.

Quant aux Alpes, elles furent cette années, une nouvelle fois, mythiques et mythologiques. Pour moi, pour des raisons très personnelles, de vision et de conception de la vie, peut-être d’expérience aussi !

Landis à connu une défaillance dans la montée de l'Alpes d'Huez. Je l'ai vu en direct à la télé. Mais surtout, j'ai subi les commentaires, une fois de plus. Je passe sur les logorrhées inhérentes au commentateur formaté dans les salles de rédactions parigoparisiennes.

Ces commentaires restèrent gravés dans ma mémoire. Donc Landis faisait course en tête, performant pendant les quatre cinquièmes de l’étape, et soudain, à quelques kilomètres du col et de l’arrivée, le drame, il ne pédale plus comme avant, son visage se crispe de douleur, ses yeux sont emplis de désespoir. Les autres le lâchent et ce sentiment, cette sensation vécue doit être terrible.

Il était en perdition, il souffrait, en un mot il était terriblement humain.
Quels étaient à ce moment les commentaires : « Landis c’est fini, il a perdu, c’est terminé » et autres prédictions proférés avec une sorte de morgue où se mêlaient une jubilatoire jalousie àune sorte de mépris pareil à celui de l’âne décochant son coup de pied.

J’écoutais un peu mal à l’aise, il était donc fini, Landis !

Le lendemain, grandiose étape alpestre plus rude que la précédente et Landis émerge et galope en tête avec une classe folle et gagne en merveilleux champion.

Les ressources qu’il réussit à puiser en lui après avoir analysé sa défaillance furent exemplaires.

La leçon qu’il dispense : ne jamais parler trop vite, ne jamais enterrer quelqu’un avant la conclusion définitive de la démarche.

Un grand tour, finalement, parti de Strasbourg. Un grand champion et d'autres aussi, révélés cette année 2006.