Une note du Maire de Strasbourg et du Président de la CUS au Président de la République en perspective du sommet européen de juin 2006
Par Robert Grossmann le mardi, 6 juin 2006, 10:35 - Europe - Lien permanent
Sommet Européen
Note rapide
Monsieur le Président de la République,
Comme vos prédécesseurs, vous avez défendu Strasbourg, siège du parlement européen.
Comme toujours un lobby Bruxellois dispute à la France cette acquis de lhistoire.
Le prochain sommet
pourrait évoquer la question du siège du parlement européen.Nous nous permettons de compter sur votre habituelle grande fermeté dans la défense des intérêts de la France dans cette affaire.
Faire fi des raisons historiques de la désignation de Strasbourg consiste tout simplement à faire fi du sens même de lEurope. Vouloir oublier les fondements historiques ce serait poursuivre la construction européenne sur du sable !
Certes la paix règne et la distance sinstalle entre la fin de la deuxième guerre mondiale et la période contemporaine, mais oublier le sens de la réconciliation franco allemande et la paix sur le Rhin, qui sont lorigine même de la construction puis de la consolidation européennes, serait irresponsable et dangereux pour lavenir de lEurope.
Strasbourg est le symbole définitif et décisif de lEurope. Plus quune ville siège, Strasbourg incarne lidée européenne. Il y a une Europe de Strasbourg, cest celle qui fertilise et nourrit le sens même de lEurope.
La nier au bénéfice dune Europe déracinée de toutes ses significations originelles serait, à terme, mortel pour lavenir de lEurope qui dès lors avancerait de manière technique et administrative dans les pires acceptions de ces termes.
Monsieur Juncker a de son coté développé dautres grandes raisons de maintenir le siège à Strasbourg.
Mais, face aux permanentes et injustes attaques dont Strasbourg fait lobjet nous nous permettons de vous demander de proposer une avancée en faveur de Strasbourg, consistant à installer de manière permanente une partie de ladministration du Parlement dans le ville siège.
Des fonctionnaires aux cotés des parlementaires et une plus fréquente présence de ceux ci à Strasbourg ne peut être quun grand facteur de progrès pour lidée européenne.
LEurope, à lévidence, comme Monsieur Juncker la fort justement exposé, ne saurait se confondre avec, à Bruxelles, une centralisation préjudiciable.
On ne peut vouloir développer lidée dune Europe forte de ses régions en maintenant une centralisation brutale et forcée à Bruxelles de tous les organes décisionnels de lUnion Européenne.
Très respectueusement à vous
Robert Grossmann Fabienne Keller
Commentaires
M. Grossmann,
Pour des raisons professionnelles, je ne puis entrer dans les détails. Cependant, lors d'un voyage la semaine dernière, j'ai reçu une confirmation explicite que 1. En Allemagne, "on" se déclare favorable au maintien du rôle européen de Strasbourg mais "on" considère le problème du siège du Parlement comme un problème d'abord strasbourgeois (donc, chacun aura compris) et 2. Certains haut-fonctionnaires français proches du pouvoir considèrent Strasbourg comme une anomalie coûteuse, et ne pleureraient pas à passer notre ville par pertes et profits.
Sauf votre respect, Jean-Claude Juncker s'écrit avec un C. Quel dommage d'écorcher le nom de celui qui, à ce jour, est le seul homme d'Etat allié de notre ville!
Puissiez-vous être entendu par le Président Chirac. Nicolas Sarkozy, premier soutien français d'Angela Merkel lors de la campagne électorale allemande de 2005, ne pourrait-il pas utilement être sollicité?
Ce qu'évoque Roméo n'est pas nouveau en soit, il y a 8, 10 ans, à Bruxelles, on évoquait la même chose et certains parisiens déclaraient préférer faire le voyage de Bxl plutot que celui de Strasbourg. J'ai déjà évoqué le fait que, vu de Paris, les seules capitales qui peuvent exister en France, doivent rester folkloriques ou gastronomiques.
Il faut demander un geste fort mais aussi prouver l'attachement des alsaciens, encore et toujours !
Que Paris décentralise le Ministère des Affaires Européennes ou pourquoi pas le Quai d'Orsay à Strasbourg, voilà un geste qui aurait du poids,
ou tout au moins une antenne de ces ministères car la désserte aérienne de Strasbourg ne lui permet pas non plus de tenir le rang de capitale.
Je pense que cette note pose des choses, mais entre nous, j'espère qu'elle n'apprend rien aux plus hautes autorités de ce beau pays. Sinon, c'est presque à en comprendre la dérive régionaliste.
Comment s'étonner que devant divers mépris ( à forts prix d'ailleurs), les régions se rebellent électoralement et politiquement.
Au fait, Alsator, je vous propose de démarrer à 2 notre manifs transcourants -
On partirait de SCHILTIGHEIM ( remember ze brasseries) puis vers la Gare ( Waiting for TGV) puis à Cronenbourg ( Vive le Tram Libre) puis au Musée d'Art contempo ( Parce qu'il le vaut bien, c'est demain d'ailleurs) en passant par le Pont d'Ankara ( un pont vers l'Europe n'est pas un entrée)
Enfin, nous finirons au Parlement Européen, avant d'aller fête tout cela dans un bon restau du coin !
Je partage totalement vos analyses. Il faut renforcer le rôle de Strasbourg et lui en donner les moyens. Le déplacement de ladministration, même une partie, me semble compliqué mais celui du ministère des affaires Européennes doit être envisageable. Puisque notre ministre Alsacien passe son temps en Alsace (il était encore présent hier soir à Strasbourg pour participer à un apéro linguistique à la Salamandre ) ne pourrait-on pas le maintenir sur place ? Ou alors ne pourrait-on pas en changer et nommer un Alsacien aux affaires Européennes qui aurait ses bureaux à Strasbourg? Voilà un geste qui pourrait renforcer notre Ville. Une fois que ses fonctionnaires auront perdu bien du temps dans les liaisons avec la capitale, nous aurons peut-être les investissements nécessaires pour rattraper les retards...
Si vous souhaitez quun déplacement fonctionne, il faut absolument quil se fasse intégralement. LENA partagée entre Paris et Strasbourg navait pas de sens. Sa localisation exclusive à Strasbourg a permis de faire taire les esprits chagrins qui stigmatisaient le coût pour le contribuable dune école coupée en deux. Pour nous épargner ces critiques, il devra en être de même pour un ministère des affaires européennes.
Lélection présidentielle sera loccasion de faire ces changements. Nicolas Sarkozy doit comprendre quil est important que la France abrite une partie des institutions européenne sur son territoire même si ce nest pas à Paris.
Après avoir renforcé Strasbourg et pour être totalement cohérent, il devra revendiquer la présence définitive du parlement à Strasbourg et mettre fin à se partage. Reprenons les arguments de nos détracteurs à notre avantage ! Bruxelles pourra bien se contenter de la commission
Cette présence confèrera à la France un avantage non négligeable sur les autres pays membres comme lAllemagne et la Grande Bretagne.
Tout à fait d'accord avec Johnny Halité... Cette correspond exactement à ce que je critique chez toutes les municipalités qui se sont succédées à Strasbourg.
Certes, vous proposez une modification importante, qui serait un très bon premier pas si le Luxembourg était d'accord: les gaspillages seraient réduits si, au moins, l'administration était à Strasbourg.
Toutefois, le "cirque ambulant" entre Strasbourg et Bruxelles et la présence des parlementaires pour seulement quelques jours par moi persisteraient mêmes avec ces mesures. Comment justifier deux hémicycles? Comment justifier les convois de semi-remorques, la perte des cantines des parlementaires et des documents qui vont avec? Comment justifier les difficultés rencontrées par les parlementaires, fonctionnaires, journalistes, stagiaires etc. qui doivent parfois aller se loger jusqu'à Obernai pour trouver un hôtel libre? Comment justifier les heures de vol et de correspondances qui rendent tellement long le temps de trajet jusqu'à Strasbourg. Même l'arrivée prochaine du TGV n'y changera malheureusement pas grand chose...
Pour résoudre ces difficultés, seule l'installation PERMANENTE des parlementaires à Strasbourg permettra d'engager les investissements nécessaires.
Pour info, un article que je vais publier dans les semaines qui viennent sur Le Taurillon (www.taurillon.org/):
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Strasbourg, siège naturel du Parlement européen
La plupart des gens reconnaissent que le double siège du Parlement européen et le « cirque ambulant » qui en découle en coûtant 200 millions deuros par an au contribuable européen est un non-sens. Doù lexigence que le PE ne soit basé que dans une seule ville : Strasbourg.
Dans toute lEurope, « Bruxelles » est devenue le symbole de tous les ratés de lUnion européenne : centralisation, éloignement du citoyen, manque de légitimité, manque de lisibilité. Lune des raisons pour lesquelles le « consensus de Bruxelles » a été rejeté par les citoyens européens (lors des récents référendums et lors des élections tient à la consanguinité des élites européennes, qui fait que les politiques, les fonctionnaires, les stagiaires, les lobbyistes, vivent regroupés, déconnectés de la vie quotidienne des citoyens ordinaires. Ce constat nest pas le fruit dun préjugé ou dune caricature. Cest le résulat dune expérience personnelle.
Bien sûr, on peut en dire autant de toute capitale. Mais les attentes mises en Bruxelles doivent être plus élevées, car lUE nest pas un Etat-Nation traditionnel, suffisamment politiquement intégré pour que les citoyens puisse supporter le déficit démocratique de leur pays. Par conséquent, le « syndrome de la tour divoire » est bien plus dangereux pour la construction européenne que dans nimporte quel Etat membre.
De plus, tous les fédéralistes (a fortiri tous les Européens) ne veulent pas que lUE saligne sur le moule des Etats-Nations, même fédéraux, du vingtième siècle. Beaucoup veulent quelle fonde une nouvelle forme dorganisation politique, qui dépasserai le principe maculé de sang de la souveraineté. Alors pourquoi vouloir à tout prix copier les Etats fédéraux et leurs institutions centralisées ?
La séparation physique des institutions européennes est lune des réponses à apporter à la nouvelle phase deurosclérose dans laquelle nous sommes. Ainsi que lAfrique du Sud la très justement compris avec ses trois capitales (Pretoria/Gouvernement, Le Cap/législatif, Bloemfontaine/judiciaire), cela clarifierait le débat public et lon saurait de qui lon parle, empêchant ainsi les raccourcis journalistiques du type « Bruxelles a décidé que... »
Le Conseil des ministres devrait rester proche de la Commission car il joue un role majeur dans les questions exécutives : les représentants des Etats participent aux groupes de travail de la Commission avant quelle ne propose un texte législatif ; ils sont impliqué lors de la mise en oeuvre de la législation de base par le biais de la procédure de comitologie ; et ils sont au cur de la décision exécutive dans les domaines de la Justice et Affaires intérieurs, et des politiques étrangère et de défense.
Installer totalement le Parlement à Strasbourg rendrait son travail plus médiatique : aujourdhui les « correspondants à Bruxelles » ont déjà trop à faire avec les autres institutions et ne se donnent pas la peine de voyager jusque dans la capitale alsacienne de temps en temps. A Strasbourg, les médias européens seraient obligés dy affecter spécialement des journalistes pour couvrir les affaires parlementaires (et, en passant, assurer une meilleure couverture du Conseil de lEurope et de la Cour européenne des droits de lHomme)
Et il le feraient, parce que ce qui motive les médias nest pas lemplacement du Parlement, mais la question de savoir sil a ou non du pouvoir. Le pouvoir est une question de compétences, pas de positionnement géographiques. Si les compétences du Parlement étaient renforcées, léloignement de Bruxelles nempêcherait pas les députs de convoquer des responsables de la Commission ou du Conseil ou de se déplacer de temps à autre à Bruxelles.
Les coûts que cela impliquerait resteraient largement en deça de lactuelle transhumance mensuelle, en particulier parce que le PE économiserait les onéreux loyers du Caprice des Dieux bruxellois (qui, soit dit en passant, pourrait aisément être utilisé par le Conseil, dont les locaux étaient adaptés aux négociations intergouvernementales à 15, pas à une Assemblée parlementaire moderne et transparente pour une UE à 25).
Strasbourg, le symbole même de la réconciliation européenne après avoir changé de nationalité cinq fois entre 1870 et 1945, dispose de nombreux atouts : déjà siège de nombreuses institutions européennes, les députés y bénéficieraient dun réseau de plus de 50 ambassades et consulats, détablissements scolaires internationaux, dun environnement culturel et linguistique franco-allemand, dune vie culturelle dynamique...
Beaucoup reste cependant encore à faire, des liaisons ferroviaires et aériennes au parc immobilier et hôtelier. Mais les investissements requis ne pourront être entrepis que si le Parlement et les dirigeants européen font le seul choix qui soit fidèle aux valeurs de lEurope en siègeant seulement à Strasbourg.
MONSIEUR GROSSMANN.
BONJOUR.
SOYONS SERIEUX.
VOUS CONNAISSEZ TRES BIEN QUELLES ONT ETE LES CONDITIONS DU CHOIX DE STRASBOURG COMME SIEGE DES PREMIERES INSTANCES DE CE QUE SERA ENSUITE LA COMMUNAUTE EUROPEENNE ! LA FAIBLESSE DE PIERRE PFIMLIN PRESIDENT DU CONSEIL DE LA IVe REPUBLIQUE AGONISANTE L'A POUSSE A INTRIGUER POUR CE FAIRE C'EST CONNU ET ADMIS DANS TOUS LES CERCLES BIEN INFORMES. RESULTAT : PARIS, CANDIDATE SERIEUSE A ETE EVINCEE ET NOUS AVONS MAINTENANT CE MASTODONTE DE BRUXELLES-LUXEMBOURG-LONDRES QUI S'IMPOSE ! J'AIME MA VILLE, STRASBOURG MAIS PAS AU POINT D'EN ETRE AVEUGLE !
JE POURRAIS VOUS EN RACONTER AUTANT A PROPOS DU TGV PARIS-STRASBOURG, QUE LES ALSACIENS VONT SE PAYER DE LEUR POCHE (POUR LA PARTIE DU BLOC ALSACE-LORRAINE). LISEZ DONC MARCEL SCWACH "LE COMPLEXE ALSACIEN"....
CORDIALEMENT.
A ALSATOR.
VOUS REPRESENTEZ UNE NOUVELLE VERSION DES AUTONOMISTES AVEC VOTRE SITE PORTE D'ALSACE ?
Cher Jan,
Je vous souhaite la bienvenue chez notre hôte, ce qui est assez facile, de mon point de vue. Autonomiste, je ne dirais pas, Fédéraliste à la Rougemont ou régionaliste, je dirais ....
Sur le "complexe alsacien", je suis d'&accord avec vous
a - Paris ne croit pas en l'ALSACE
b - mais les alsaciens croient-ils en eux ?
A M."JAN",
sachez que les fondements historiques de Strasbourg en tant que capitale européenne ne tiennent pas qu'au fil tenu de votre anecdote comme vous le laissez entendre; il sont au contraire largement plus ancrés.
Une histoire bi-millénaire est là pour le prouver, et vous semblez aussi omettre la présence conjointe et l'action du Conseil de l'Europe dans cette ville, puissant moteur de l'adhésion des nouveaux états membres.
Pour défendre la qualité et l'esprit démocratique qui règne dans ce blog:
1) Vous semblez stigmatiser Alsator en le qualifiant d'autonomiste nouvelle version et regretter que Paris ne soit pas capitale européenne à cause de Pierre Pfimlin... Soit, libre à vous, mais alors n'allez pas prétendre que Strasbourg soit votre ville. D'ailleurs si vous étiez Alsacien pour n'écorcheriez pas le nom de Marcel Schwach...
2)Alsator a lui aussi bien des raisons de penser ce qu'il pense. Et il y en a bien d'autres qui pensent comme lui.
Pour conclure je dirai qu'au même titre que ceux qui crient , ceux qui écrivent EN MAJUCULES n'ont pas plus raison que les autres (et oui, sur internet ou par mail, écrire en majuscules équivaut à CRIER...).
Bien cordialement,
Vincent
Sacré Alsator, toujours au coeur des bonnes polémiques. Mais oui, comment, cher ami, ne pas vous donner raison !
Au delà du regionalo-fédéralisme qui semble être le vôtre, la vocation européenne de strasbourg n'est pas défendue par PARIS et ne le sera jamais !
Et cela me coute de vous donner raison, mais l'été-nation semble mal vieillir
Bonjour
J'arrive sur ce blog depuis un article que j'ai lu sur Agoravox. Il s'agit d'une tribune de M Grossmann sur l'Europe et Strasbourg. Celle-ci suscite de nombreux commentaires dont certains font froid dans le dos sur la vision de certains sur les institutions européennes et la place de Strasbourg. Je vous invite à lire cette tribune et à réagir en faveur de Strasbourg. Pour certains, le siège européen de la France ne se brade même pas, il se donne, s'abandonne. Je suis stupéfait par le manque de vision, et l'hostilité vis-à-vis de Strasbourg, de la part même de citoyens français. Bravo à l'auteur de la tribune pour son franc parlé et courage dans le combat qu'il entame.
www.agoravox.fr/article.p...