En hommage à Winston Churchill, le 11 avril 2006
Par Robert Grossmann le jeudi, 1 juin 2006, 15:32 - archives-discours - Lien permanent
Mon plaisir à vous accueillir ce soir au Palais Rohan redouble assurément, puisque, cette année, le Conseil de lEurope a décidé dattribuer le Prix 2006 du Musée au Musée Winston Churchill, de Londres.
Et jaimerais ce soir ne pas être lun de ces orateurs que dépeignaient CHURCHILL : « Quand ils se lèvent, ils ne savent pas ce qu'ils vont dire, quand ils parlent, ils ne savent pas de quoi ils parlent et, quand ils se sont rassis, ils ne savent pas ce qu'ils ont dit. »
Jaimerais dabord vous dire que, sans CHURCHILL, nous ne serions pas rassemblés ici ce soir
Dabord, parce quil ny aurait pas le Conseil de lEurope, cette Institution à laquelle il était si attaché et dont il a jeté les fondements, dans son discours visionnaire de Zurich en 1946.
Sans Churchill, il ny aurait pas non plus aujourdhui, je le crains, Strasbourg
Cest grâce au « Commodore » que notre ville a été défendue de la contre-offensive allemande en janvier 1945, grâce à la force de conviction quil a déployée, avec le général de Gaulle, face au général Eisenhower, qui voulait replier la ligne de front sur les Vosges.
Lécrivain, le grand écrivain quil était (il suffit de lire ses Mémoires pour en être convaincu) croyait aux mots. Il croyait à la parole. Et ce quil fit pour Strasbourg au début de lannée 1945, cest respecter avant tout ce quil disait devant lécole de Harrow quatre années auparavant : « Never give in. Never give in. Never, never, never, never (in nothing, great or small, large or petty) never give in, except to convictions of honour and good sense. »
Si Strasbourg na pas été détruite et anéantie, si notre ville na pas été soumise à la destruction systématique que dautres villes ont connue à lépoque, si notre Cathédrale est toujours debout et quelle est aujourdhui lun des symboles de lunité européenne, cest à Churchill que nous le devons. Notre dette à son égard est infinie.
Les Strasbourgeois le savent. Et ils lui sont reconnaissants.
Comment ne pas évoquer dailleurs le discours que Winston Churchill prononça, au balcon de lAubette, devant une véritable marée humaine sétendant place Kléber et alentours, en 1949, alors quil était venu en vue de créer le Conseil de lEurope.
Cétait une liesse sans pareille. La ville était là, toute entière, et chacun était venu exprimé sa gratitude à lhomme qui lavait sauvée.
Face à cette foule enthousiaste, cette foule dont le cur vibrait à lunisson, cette foule qui communiait dans une liberté retrouvée, Churchill sest avancé vers le micro et a commencé son discours en disant :
« Préparez-vous, je vais parler en français : une entreprise terrifiante, et qui sera une dure épreuve pour votre amitié envers la Grande-Bretagne. »
En venant à Strasbourg, Churchill avait déjà, pour lui, ladhésion des âmes. Il repartait avec ladhésion des curs.
Cest certainement cela que lon appelle un « grand homme ». Churchill était un grand chef de guerre, un grand homme dEtat. Il cultivait aussi un sentiment dhumanité sans pareil
Je veux enfin évoquer un souvenir très personnel.
Enfant jallais souvent avec mon père pêcher le brochet dans les eaux du Rhin. Un jour nous avons vu sur les rives strasbourgeoises au bord de la forêt un homme assis devant un chevalet en train de peindre le Rhin et la rive allemande. Des gardes du corps saffairaient autour de lui et lun deux sen alla chercher un grand chapeau de paille pour préserver le peintre du soleil qui sexprimait puissamment. Cétait Winston Churchill, quelques courtes années après la fin de la guerre, et les blockhaus étaient encore debout le long du Rhin. Churchill aimait cette ville et ses symboles.
Quaujourdhui le Conseil de lEurope distingue, ici à Strasbourg, le Musée Winston Churchill de Londres est, à mes yeux, un grand symbole et une manière de boucler la boucle, qui lie si intensément lhistoire de notre ville, lhistoire du Conseil de lEurope, lhistoire de lEurope tout court, à un homme dont le génie est hors du commun.
Je voudrais adresser toutes mes félicitations, en mon nom propre, au nom du maire de Strasbourg, Fabienne KELLER, au nom de notre ville toute entière, aux responsables du Musée Churchill de Londres et souligner combien leur tâche dhistoriens na pas été aisée de consacrer un musée à lhomme qui précisément disait : « L'Histoire me sera indulgente, car j'ai l'intention de l'écrire. »
Commentaires
Eh oui je reviens après une longue absence mais toujours avec un plaisir non dissimulé pour arpenter les différents billets de votre blog. Je me demande même si vous me permettriez de vous dire que vous m'avez manqué pendant cette période d'absence, vous et vos réflexions, prises de position....
En fait je réagis à votre discours car je suis impressionné de découvrir ou redécouvrir toutes les personnalités prestigieuses qui ont fait Strasbourg et qu'en plus vous avez eu la chance de croiser voire de rencontrer en personne!
Ceci dit je voudrais rajouter une petite pointe d'humour acide : si le personnage de Winston Churchill était solide comme un roc et imposant par sa personnalité, le viaduc n'était sans aucun doute pas la meilleure manière de lui rendre hommage. Le tir sera rectifié dans les tous prochains temps avec le nouveau pont qui ouvre la vue sur la Ville comme ce visionnaire qu'était M. Churchill.
Cher alsacien dâ??adoption,
Privé de lâ??outil informatique depuis 2 semaines, je redécouvre aujourdâ??hui même les plaisirs de la blogosphère. Pour ne rien vous cacher, vous mâ??avez manqué !
Je constate que Roméo, Porthos, David et Jonathan,â?¦. nâ??ont guère été inspirés pendant cette absence. La multiplication des ponts doit y être pour beaucoupâ?¦ Heureusement Alsator, le corsaire de lâ??Alsace et Arsène, le gentleman blogeur ont alimenté les pages de notre blogmaster. Pour eux point de répit, bravo à vous messieurs ! (Alsator, avez-vous pu profiter pleinement de votre prix gagné ici même ?)
Lâ??actualité a été dense ces dernières semaines ; Clearstream, fronde des parlementaires, statut de capital européenne de Strasbourg de nouveau remis en question, énorme affaire de dopage dans le milieu du cyclisme, préparation pour la coupe du monde de lâ??équipe de France,... nous aurons certainement lâ??occasion dâ??évoquer ces informations ultérieurement.
Revenons-en à Winston Churchill qui mérite toute notre attention. Même si son prénom irrite au plus haut point le député Bur, cet homme a marqué lâ??Histoire de Strasbourg, de la France et du monde. A lâ??heure de la sortie du film Indigènes, il est bon de rappeler que la libération de lâ??Europe a certes était lâ??Å?uvre des résistants, des combattants français et des combattant africains mais a surtout été possible grâce à nos amis Britanniques et Américains. Sans eux, il ne nous serait pas possible aujourdâ??hui de railler Bush et Blairâ?¦
Pour nous français, le nom de Churchill est intimement lié à celui de de Gaulle. Les querelles épiques de ces des fortes personnalités ont rythmé la lutte contre le nazisme. Dâ??ailleurs, le général disait à son sujet quâ??il avait rencontré quelquâ??un qui lâ??avait compris.
Il est bon que sa mémoire soit entretenue, surtout à Strasbourg, capitale de lâ??Europe !
Concernant votre allusion au viaduc Churchill, il me semble que le nouveau pont portera toujours ce nom célèbre. Je préfère le voir associé à la verdure et à lâ??esthétisme plutôt quâ??au béton brut !
Ah la la, la perfide albion ... fascine toujours, Moi plus sérieusement le churchill que j'apprécie est colorado, bien enroulé et je le savoure avec un bon cognac, regardant le monde défiler devant moi ( alors Arsène, cela vous dit pas).
Johnny, vous revoici ici, je vous croyais parti en Belgique, abandonnant Strasbourg Pour Bruxelles, tout un symbole. Mais "l'honorable correspondant" que vous êtes revient à temps.
Il ne vous faudra pas enfoncer trop de portes ouvertes, car il fait froid dehors ..... Pour le reste, par delà churchill, et son pont, j'ai regretté que Sami Naceri ne puisse recevoir son prix à Cannes, il faut dire qu'il s'était battu la veille devant une boite cannoise.
Mais revenons en aux Anglais, si CHURCHILL put s'assoir à Strasbourg, je crois que les parlementaires d'aujourd'hui sont plutot bruxellophiles. Perfide albion disais je .....
Sacré Alsator !
Je vous parle cigarette, vous me passez un cigareâ?¦ Et non, je nâ??ai pas pris la fuite vers Bruxelles. Comme je lâ??ai expliqué un peu plus haut, le progrès a du bon mais lorsquâ??il vous lâche, vous vous retrouvez abandonné, comme un chanteurâ?¦
Ceci dit, jâ??ai profité de ces week-ends prolongés pour me ressourcer en France, à quelques encablures de la Belgique. Pour tout vous dire (sans lever le masqueâ?¦), jâ??ai passé quelques jours dans la maison natale dâ??Etienne Nicolas Méhul célèbre compositeur du chant du départ, tout un symboleâ?¦ Cette battisse dégage une atmosphère, des vibrations qui me ressourcent depuis toujours. Il fait bon dâ??y déguster un Cohiba (un « Roméo » et Juliette fait aussi lâ??affaireâ?¦.) au coin de la cheminée avec en fond sonore les plus grands tubes de la musique militaire françaiseâ?¦ Jâ??ai même eu le plaisir dâ??assister à une représentation de la musique militaire de la région terre Nord Est, de passage dans cette ville. Les souvenirs étaient comme des feuilles mortes, se ramassant à la pelleâ?¦
Cette charmante localité qui abrite encore des vestiges remarquables de Vauban, a également vu passer les premiers « lofteurs » Rimbaud et Verlaine�.
Dâ??après vous je reviendrai donc à tempsâ?¦ mais à temps pour quoi ? En mon absence les débats ont-ils été si féroces que cela ? Vous manquait-il des correspondants pour débattre? Pourtant, je trouve que vous vous êtes très bien débrouillé sans moi, preuve que personne nâ??est indispensableâ?¦
Pour en revenir à Churchill, il a dit « la politique est plus dangereuse que la guerreâ?¦ A la guerre vous ne pouvez mourir quâ??une seule fois. En politique plusieursâ?¦ » Il a aussi déclaré que « Le vice inhérent du capitalisme est le partage non équitable de la richesse. Le vice inhérent au socialisme est le partage équitable de la misèreâ?¦ » Lâ??actualité lui donne toujours raisonâ?¦
Heureusement que je regarde un peu plus loin que mes baskets (qui, de toute façon, vu mon emploi du temps, sont dans un placard aussi profond que ceux des fonctionnaires giscardiens en juin 1981), car un homme qui se vante d'avoir atteint 90 ans avec une hygiène de vie détestable et surtout pas de sport n'a a priori pas d'intérêt à mes yeux.
Mais décidément, ce Winston Churchill, né sous les plafonds à caissons du château de Marlborough, était un homme exceptionnel. Une main de fer dans un gant d'acier, mais au service de son pays d'abord, du monde entier ensuite. Je n'oublie pas qu'à contre-courant de tous les responsables politiques de l'époque, lui s'est levé, a promis à son peuple du sang et des larmes, mais il a tenu bon, et son pays avec lui. Visionnaire, c'est à lui qu'il revient d'avoir dénoncé ce second grand totalitarisme qu'a été le communisme.
La Grande-Bretagne des années 1940 a été remarquable pour la valeur de ses dirigeants politiques. Outre Churchill, une fois la guerre finie, il faut créditer Clement Attlee de la mise en place du Welfare State. La création du Conseil de l'Europe doit aussi beaucoup à Lord Ernest Bevin. Et surtout, n'oublions pas le couple royal, en particulier la reine Elizabeth, future Queen Mum!
Johnny: entre des voyages à l'étranger, des événements familiaux et... un seuil de Peter dramatiquement bas en matière culturelle, je ne risquais pas d'être bavard ces derniers jours!
Personne n'est indispensable, vous le savez mieux que moi, JH ... Il n'y a qu'en amour où un seul être vous manque et tout est dépeuplé ! Mais nous parlions Churchill et Belgique ...
Ainsi donc vous etiez, je suppose, à Givet, en Wallonie. J'avous pour ma part un faible pour l'Escault et la Flandre, Rubens, et pourquoi pas pusser jusq'à Delft, en Hollande, voir si le bleu y est toujours roi
Nous parlions Churchill, oui, il y aurait tant à dire et à redire, mais je m'arrête là, je viens de lire Roméo qui nous parle sport .... Dois je voir en lui un néo-hygièniste pourchassant les bons vivants .....
Qu'ils se rassurent, même sans sport, les bons vivants font des bons morts aussi !
Allez rechaussez vos baskets et approchons nous ensemble des sommets de la courbe de ce cher Peter
Roméo est de retour, Alléluia Porthos nous nattendons plus que vous. David et Jonathan semblent quant à eux être en tournée
Cher Alsator
Givet en Wallonie ? Cest comme expliquer à un Strasbourgeois quil vit dans le Baden Wurtemberg Géologiquement il y a des similitudes mais cela reste la France !
Si vous mentraînez sur cette voie hasardeuse, il va y avoir du sport
A propos du sport, on peut être un bon vivant et amateur. Une sortie en VTT le long du Rhin ou dans les Vosges du Nord est un réel plaisir. Surtout, elle fournie un véritable alibi pour se désaltérer par la suite Je vous propose de nous retrouver en septembre pour le tour du Kochersberg. Après leffort, pour détendre nos muscles et jouer des coudes, nous pourrions envisager quelques étirements en pratiquants les bars parallèles à la Krutenau
Rassurez-vous Alsator, ma passion pour le sport constitue une anomalie assez remarquable à une hygiène de vie à faire frémir le député de Strasbourg-campagne.
Je reste cependant stupéfait que le fighting spirit churchillien se soit construit dos tourné aux terrains de sport.
Quoi qu'il en soit, Winston Churchill a marqué les esprits, et, demain, quand les témoins directs auront disparu, il restera dans l'imaginaire collectif comme un symbole de courage et de volonté. Mon grand'père a combattu de l'embarquement de Dunkerque en 1940 au débarquement dans l'armée britannique, et a témoigné de la cohésion des troupes auprès de leur chef et de leurs souverains. A noter que, marraine de son régiment, la Queen Mum était présente sur le terrain, auprès de ses soldats.
a moins que Churchil n'ait fait sien avant l'heure le slogan seguelien ..... La force tranquille !
Quant aux troupes françaises aujourd'hui elles n'ont pas de Quenne Mum, mais juste lady Mam
Alors cher ami JH, sachez qu'il existe aussi une wallonie en France, il en va ainsi des ardennes belges et française, comme il existe d'ailleurs une flandre française.
Pour les bars paralléles, je m'entraine, jusqu'à la Robertsau et son "bac à sable" ....
Pour le tour du kochesberg, je vais commencé par décortiquer la technique des coureurs du tour de france ...
Heureuse initiative de votre part que de courir le Kochersberg. J'ai une tendresse particulière pour cette épreuve cyclo, que je n'ai plus courue depuis une mémorable édition 2001, dans laquelle mon rôle était assez particulier...
Churchill lui-même aurait sans doute apprécié, car, après l'effort, le duo flamm-bière vaut tout l'or du monde.
Cher Corsaire,
Pour les Flandres Françaises, nous sommes daccord mais pour les Ardennes, je maintiens ma position. Les autochtones de Givet et sa pointe se revendiquent Ardennais. Leur expliquer quils sont en Wallonie Française serait pour eux une comparaison similaire à la Loraine pour un Alsacien...
Pour le Kochersberg comme pour les bars parallèles... cela demande de lentraînement mais rassurez vous nous pouvons commencer par le circuit des débutants... La bière et la Flamm arriveront ainsi bien plus rapidement...
Cher Roméo,
Vous aviez donc vous aussi la « Flamm » en 2001 et vous lentretenez toujours très bien...