Pendant une huitaine de jours, à notre demande, les élèves sont allés par les chemins et par les sentiers de la ville pour dispenser la bonne sonorité, celle des harmonies musicales. Les strasbourgeois ont été surpris de les découvrir à la patinoire, dans un supermarché, dans une cantine d’entreprise…Puis l’événement, la séance d’inauguration. Coté public tout s’est bien passé. Côté coulisses, mon Dieu qu’il est difficile de faire des choses simples. Décidément l’organisation, la coordination de plusieurs événements pour en faire un seul, réussi, est une chose qui semble inaccessible à beaucoup. Ayant organisé de très grands événements dans mes vies antérieures, je m’imaginais que tout cela est facile lorsqu’on y va avec des idées simples et fortes.

Bref ce fut une réussite publique. Philippe Richert fit un discours intelligent et juste qui de plus nous toucha beaucoup par sa pertinence. Le préfet, fin, cultivé, un ton juste, des mots et des phrases ciselées. Adrien Zeller fut présent quelques instants, histoire de « nous manifester sa solidarité «  et de humer l’atmosphère Il nous laissa son vice président G.Traband qui fit un bel exposé en trois points bien sentis. Le maire, Fabienne Keller, parfaite et émouvante. Elle eut de bien belles phrases. Elle décrivit l’événement de ces trois journées et ce que cette cité de la musique signifie pour elle, pour les strasbourgeois, pour tous : un lieu ouvert à chacun…

L’art et l’organisation de l’art

Le soir même une exceptionnelle prestation de Sylvie Guillem et Russel Maliphant. La danse à ce niveau est un pur joyau.

Ce qui n’a été prévu par aucun organisateur c’est la nécessité impérieuse pour des danseurs de ce niveau de disposer, comme tout grand artiste physique, d’un grand moment d’échauffement. Inaugurer avec les élus financeurs et responsables de la chose et enchaîner avec ce spectacle là n’était ni judicieux ni pertinent et cela aura coûté une bonne heure d’attente inexpliquée au public sage qui attendait tassé devant les portes. Et, ce qui devait arrivé arriva, il y eut un journaliste pour souligner que les discours (cette punition pour gazetiers fuie par principe comme des actes concurrents à l’analyse de la presse…) avaient retardé la magnifique prestation artistique.

Les strasbourgeois s’emparent de leur cité de la musique et de la danse.

Mais, ce qui, selon notre volonté d’élus de Strasbourg, devait se passer se passa. Une réelle alchimie avec le grand public. Des foules de Strasbourgeois se sont rendus à la cité de la musique, non seulement pour assister aux concerts, mais pour visiter et voir la salle d’orgue, l’auditorium, les espaces de danse, la cafétéria aussi. A l’étonnement des fonctionnaires de la culture qui ont leurs repères, leurs directives, leurs habitudes, les strasbourgeois en ce qu’ils ont de plus populaires sont venu investir et s’approprier cette cité de la musique. « C’est étrange, me dit l’un des responsables du conservatoire, il y a là des gens que nous n’avons jamais vus » Bien vu ! C’était le but recherché : que ce lieu irradie la musique, qu’il la propage vers l’extérieur, que l’extérieur s’empare de l’intérieur.

Que ceux qui ne sont pas des initiés aient envie d’y venir et de s’initier !

Ce grand public attiré par la fête de trois jours que nous avons organisée a ainsi pu voir des spectacles de très haut niveau. De très grands artistes se sont produits et se produisent aujourd’hui encore, entrée gratuite.

Transmettre le goût et l’envie de culture, c’est, de manière éminente, par ces manifestations là que cela passe et, disons le fort car ça n’est pas exprimé souvent, c’est le fruit d’une volonté politique !