"Vers l'Orient compliqué, je volais avec des idées simples",    De Gaulle, Mémoires de guerre

Soyons donc une fois de plus gaulliens et, dans cette affaire compliquée, tentons d’être simples , analysons !

Le climat.

Dans toute assemblée, quelle qu'elle soit, il règne une atmosphère de marmite bouillonnante, de cocotte minute sans soupape. Il y a presque toujours autour des hémicycles une artificielle et factice agitation consistant à se chauffer l’esprit, histoire d’être très important et très utile. Souvent le jeu consiste à lancer des problèmes, à les amplifier et puis, l’enjeu, à faire semblant de les résoudre.

Voilà pour les climats ambiants quasi permanents lors des sessions, dans toutes les assemblées, nationales ou européennes. Lorsque s’offre une affaire sensible c’est pain béni. Les imaginations se mettent en ébullition générant toute sorte de fantasmes.

C’est dans une telle ambiance que les parlementaires européens, conditionnés par leurs environnements et sans nul doute par une partie de l’administration, sont montés en température contre ce qu’ils qualifient à tord, comme une tromperie de la ville de Strasbourg à leur égard. « On nous cache des choses, nous somme dindonnés » ont-ils pensé avec délice et conviction devant ce superbe prétexte de durcir la guerre avec Strasbourg..

Quels sont les faits ?

Réalisé en 1979 par le maire et le président du PE de l’époque, le montage financier concernant la location des immeubles de bureau au PE, prévoyait un loyer, fixé d’un commun accord. Ce loyer versé par le PE devait être perçu par la ville. C'est bien ce qui s'est passé et a été en vigueur depuis 1981.

Là il faut un peu d’attention : Il y a trois partenaires dans ce dossier.

Pour construire les immeubles, la ville avait fait appel à un fonds de pension néerlandais. Celui ci, une SCI Erasme, les a financé. Elle en devenait locataire de longue durée, 65 ans, par un bail emphytéotique. La ville restait propriétaire, avec de vrais droits.

Le PE ne voulait connaître que la ville comme partenaire et non la SCI, privée. Il demandait donc à verser son loyer à la ville et à considérer celle ci comme son interlocuteur. La ville, de son côté, reversait à la SCI la partie de loyer qui lui revenait. Tout cela a été acté et mis en application.

En tout état de cause le loyer payé par le PE était le juste prix pour un tel immeuble. La puissante administration du PE qui a en son sein de vrais spécialistes de l’immobilier, qui construit des bâtiments ou en loue à Bruxelles, Luxembourg et Strasbourg qui, par conséquent, possède une grande expérience et un authentique savoir faire, n’a jamais contesté en 25 ans le montant de ce loyer. A plus forte raison n’a-t-il jamais été question de dénoncer le bail, ce qui était possible annuellement.

La ville de Strasbourg est propriétaire du terrain sur lequel se trouvent les bâtiments et elle est titulaire de droits réels sur les immeubles en question. De son côté, la SCI est titulaire d’un bail emphytéotique. La pleine propriété doit revenir à la ville à l’expiration du bail, en 2047.

Il n’y a par conséquent absolument rien d’anormal à ce que la ville ait touché un loyer qui n’a jamais choqué le PE en 25 années, qui l’a par conséquent, toujours accepté.

En ce début d'année 2006, au moment d’acheter les immeubles, le PE semble découvrir que la ville encaisse un loyer. shocking !

De plus la ville va toucher, au moment de la vente, une somme de 29 millions pour perte de propriété future, shocking, shocking!.

En effet, le fait de vendre ces bâtiments en 2006, prive la ville de la perspective de recouvrer la pleine propriété en 2047. Pour la ville il y a donc perte de la propriété qui doit lui revenir dans quarante ans et cela a un coût !

Le calcul de cette perte est chiffré à 29 millions d’euros.

En résumé : le PE a négocié avec la SCI le prix d’achat des bâtiments : 136 millions. Il a manifesté son accord sur cette somme. Dès lors cette somme est bien le juste prix et selon les termes de la négociation il a été acceptée par le PE qui a marqué ainsi que c’était bien le juste prix.

De son côté la ville a ensuite négocié avec la SCI la valeur de la perte de sa propriété en 2047 : 29 millions.

Ce qui semble choquer le PE c’est que la ville ait touché un loyer et qu’elle touche la valeur de sa perte pour cession de propriété par anticipation. Ce « shocking » est tellement monté en épingle et on lui donne des allures tellement violentes que le PE vient de décider de suspendre le versement de ses loyers pendant six mois et de différer les négociations concernant l’achat des bâtiment. (théorie de la cocotte minute?)

Ce faisant le puissant PE se met hors la loi car il rompt un contrat et on ne peut rompre un contrat de location unilatéralement, sous peine d'encourir des sanctions.

Mais le PE déclenche en même temps une campagne de presse inouïe contre Strasbourg. Une chose justifie et nourrit l'autre. C'est l'escalade. Pourquoi  n'avoir pas continué à discuter, négocier et finalement tenté de trouver un terrain d'entente? Pourquoi ce déchaînement et cette campagne?

Le comportement du PE est tout simplement scandaleux car il dénie à la collectivité locale ce qu’il trouve légitime d'accorder à une SCI néerlandaise privée. Il veut spolier la ville de Strasbourg et ses contribuables tout en payant, sans l’ombre d’un problème, les financiers hollandais. Pourquoi cet acharnement quasi passionnel et limite obsessionnel contre Strasbourg?

Le plus irresponsable des parlementaires, un dénommé Hans Peter Martin, est allé jusqu’à parler de corruption. Le mot scandale a également été prononcé à propos de cette affaire, au seul prétexte que la ville, qui a pris tous les risques depuis 25 ans en faisant construire ces immeubles, touche un juste loyer et assure sa perte de propriété.

Au fond, selon le PE, la ville doit être plumée ! Il fait preuve d’une attitude injuste, inique et hostile à l’égard de Strasbourg.

Mais ce n’est parce qu’il est un Goliath particulièrement puissant, arrogant et oppressant dans cette affaire que la ville de Strasbourg devrait renoncer à être David.

Pour son honneur, au nom de son histoire aussi bien que de son avenir, au nom de ses concitoyens contribuables, Strasbourg ne peut se laisser faire.

Elle doit défendre les intérêts de ses concitoyens aussi bien que son  rôle historique.

Quant au gouvernement, il est temps qu'il prenne ses responsabilités.

Ce qui est en cause c’est le destin de la seule ville française capitale européenne!

C’est aussi et peut-être surtout une certaine idée de l’Europe, celle de Strasbourg !