Le septennat faisait du Président un véritable arbitre et la longévité de sa fonction, par rapport au parlement, lui accordait une autorité supérieure et une meilleure marge de manoeuvre. Le quinquennat fait en réalité du Président de la République, considéré par les fondateurs de la constitution comme la clé de voûte des institutions, le chef de ses troupes à l'assemblée et en cas de majorité, le chef de l'éxécutif! Donc pas besoin de changer de numéro de République, la modification, pour ne pas dire la dénaturation de la constitution est accomplie et elle se poursuivra dans la logique engagée depuis quelques années. Comme les modifications étaient partielles et procédaient du coup par coup selon les commodités momentanées des dirigeants, une amélioration globale de notre constitution semble même indispensable afin de lui redonner une cohésion globale. Nicolas Sarkozy propose un tel changements et il a raison... même si on a le droit de rester nostalgique de ce qu'était l'architecture de la constitution de 1959.

Mais à coté du texte il y a la pratique de la constitution. Celle ci est au moins aussi importante sinon davantage que la lettre.

S'il fallait illustrer: il n 'était pas inscrit dans la constitution qu'un référendum perdu devait conduire au départ de son auteur, mais de Gaulle est parti en avril 1969. Faut-il rester ou tirer les enseignements d'un rejet populaire et céder sa place?

De même personne ne l'aurait vu cohabiter et gérer un premier minsitre comme Mitterrand ou Lecanuet, par exemple. On peut ensuite disserter sur : "du bon usage de la dissolution",  "de l'utilité d'un référendum" etc.

Les partis politiques sont inscrits dans la constitution, ils ont leur utilité mais l'esprit de la cinquième République n'était pas compatible avec le régime des partis et De Gaulle l'écartait. Il n'était pas dans la pratique gaulliste d'être chef de parti et premier ministre. Pourtant l'actuel président de la République se fit élire par l'UDR et en devint le chef en 1974. Aujourd'hui cela est reproché à Nicolas Sarkozy par les mêmes...

Bref la cinquième république n'est plus ce qu'elle était. Disons de manière plus positive que sa constitution a considérablement évolué de par la volonté de ses dirigeants.

Dès lors un changement de numéro de république est parfaitement inutile et ceux qui le réclament périodiquement se moquent de leurs concitoyens. Leurs déclarations ne sont que des effets d'annonces destinés à jeter un peu de poudre aux yeux et faire parler d'eux. Ce sont en réalité des pitreries qui démontrent un manque de sérieux patent et une méconnaissance des rudiments même de notre droit constitutionnel. Même les agrégés de lettres devraient consulter de temps en temps un manuel de droit. 

Ce qui leur permet de commettre aujourd'hui ces effets d'annonces c'est bien le comportement de nos gouvernants face au CPE : premier ministre, président de la république, ministres et groupes parlementaires. En effet on ne sait plus très bien où on est et qui est qui...mais cela ne dépend en aucune manière de la constitution et de ses articles mais bien du comportement de ceux qui sont chargés d'y veiller et de la faire vivre.

Je le répète comme je l'ai fait depuis un mois dans mon billet sur la crise: il faut en sortir et vite! Il faut que rapidement l'autorité de l'état soit restaurée à ses sommets.