Mesdames et messieurs,

Sehr geehrte damen und herren,

Es ist für uns eine ganz besondere Freude diesen Zwei Ufer Garten einzuweihen können.

Wir haben stark daran geglaubt, viel gearbeitet und heute sind wir froh, ganz herzlich froh, das das end-résultat so schön ist wie wir es gewünscht haben

Wir empfinden auch die grosse Ehre den herren Minister Präsident Teufel hier in diesem Zwei Ufer Garten begrüssen zu dürfen

C’est un exploit qui nous réunit aujourd’hui. Un exploit porté par la volonté d’un groupe d’hommes et de femmes et qui a généré un événement exceptionnel.

L’exploit, je veux le saluer en rendant un vibrant hommage à nos collaborateurs de la CUS qui ont réussi à créer et à réaliser en 18 mois, un parc-jardin de près de 40 hectares superbement aménagé.

Je tiens aussi à saluer les performances des entreprises qui nous ont rendu ce résultat. Beaucoup sont régionales et c’est pour nous un vrai sujet de fierté.

Je voudrais rappeler que, contrairement à vous, nos voisins et amis allemands, nous n’avons pas l’habitude des Gartenschau et, par conséquent, nous avions, à Strasbourg, tout à imaginer à inventer, à mettre en œuvre et, - je le dis - , le résultat est un très grand succès.

Nous - l’avons voulu – et nous avons voulu lui donner une vraie tonalité artistique pour montrer quelle est la richesse des forces créatrices à Strasbourg et nous souhaitons que ce désir d’art soit partagé.

(...) 

Cet exploit a été accompli au service d’un événement qui vient s’inscrire dans l’histoire immémoriale du Rhin et dans l’histoire deux fois millénaire de Strasbourg et de son agglomération qui rayonne a 360 degrés.

Et pour quelle raison s’agit-il d’un événement exceptionnel et extraordinaire ?

Parce qu’il s’accomplit en rupture de toute la négative pesanteur historique pour signifier la consécration d’une ère nouvelle ; celle dans laquelle nous vivons depuis près de soixante années.

Depuis ses origines Strasbourg a connu le fracas des armes. Strasbourg est d’abord inscrite dans une geste militaire…

C’était d’abord un castrum romain fondé par Drusus à l’instar d’une bonne série d’autres enceintes militaires le long du Rhin.

C’était en 58 avant JC l’affrontement entre Jules César soucieux de repousser sans cesse le Limes pour agrandir l’empire de Rome.

Avant d’en découdre, Arioviste et César ont longuement palabré ici, de part et d’autre du Rhin et si les armes ont parlé du coté de Besançon, c’est ici que les légionnaires romain se firent caillasser par les guerriers d’en face.

Je ne cite pas Jules César dans sa Guerre des Gaules, ce serait, hic et nunc, très déplacé mais je vous indique les références : Livre I chapitre XXXIII

Vers 234 le limes est rompu une nouvelle fois et Strasbourg est en flamme et notamment son village attenant de Koenigshoffen.

En 352 nouvelle invasion, nouveaux incendies,

l’empereur Julien livre la célèbre bataille de Hausbergen dont l’enjeu, comme toujours, fut le Rhin.

En 406 c’est l’invasion des vandales

En 451 le déferlement des huns.

Je n’aurais garde d’oublier les troupes de Louis XIV dévastant et brûlant tout sur leur passage, ni Napoléon, moins féroce ici qu’ailleurs.

N’occultons pas les atrocités incroyables et tellement inattendues dans une civilisation censée progresser de la moitié du XIXième siècle à celle du XXième !

L’Alsace changea cinq fois de nationalité, de 1869 à 1954, en soixante quinze ans

Sur les rives du Rhin tonnait le fracas des bombes en 1870, en 1914, en 1940.

Que de monstruosités de part et d’autres du Rhin !

En 1862 pourtant, un magnifique pont de chemin de fer, une véritable œuvre, fut inauguré pour être détruit quelques années après.

Ces convoitises et ces obsessions d’aller sur le Rhin n’étaient pas pures fantaisies.

Le Rhin a été et demeure une clé pour l’Europe, elle ouvre les voies du Nord vers le Sud mais aussi de l’Ouest vers l’Est. De tous temps la ville des routes, Argentoratum, qui s’appela ensuite Strasbourg, conduisait vers les Pays Bas et l’Italie et de l’Atlantique vers l’Oural.

De tous temps, le Rhin supérieur a été et demeure la clé de l’Europe méridionale. Peut-être les cours de géographie et d’économie sont différents à Paris à Berlin qu’en Bade et en Alsace c’est pourquoi il n’est pas inutile de leur rappeler ces vérités d’évidence.

Mais le Rhin est aussi le fleuve tutélaire de l’Europe, demi dieu, dieu carrément, Père des villes et des peuples qu’il suscite et nourrit, il est dans la vision des poètes notre Gange, notre Nil, notre Mississipi.

Ici la germanité vient se fondre dans la latinité.

Ici la prospérité économique peut s’épanouir et se développer autant que la prospérité culturelle.

Hölderlin en un poème magnifique l’a chanté :

« Im guten Geschäfte, wenn er das Land baut,

Der Vater Rhein, und liebe Kinder nährt

In Städten, die er gegründet

Il faudrait évoquer aussi Lamartine, Nerval, Apolinaire, Malraux, tous ont des phrases et des vers fascinants mais il convient ici de citer Victor Hugo :

« ..C’est un noble fleuve, fédéral, républicain, impérial, digne d’être à la fois français et allemand. Il y a toute l’histoire de l’Europe considérée sous ses deux grands aspects, dans ce fleuve des guerriers et des penseurs, dans cette vague superbe qui fait bondir la France, dans ce murmure profond qui fait rêver l’Allemagne »

Chère Fabienne, Madame le maire.

Cet événement nous l’avons voulu, toi, moi, nos équipes avec nous .

Il y a trois ans nous en avons analysé toutes les données et tous les aspects et, oh sacrilège, nous avons touché aux plans légués et au projet trouvé dans les cartons. Nous les avons transformé.

Nous n’avons fait preuve d’aucune complaisance nous avons écouté et suivi nos convictions, exclusivement. Dès lors comment plaire si on ne cherche pas la complaisance …Mais, qu’est ce qu’on a pris !

Nous avons aussi torturé, Marc Mimram, trop délicatement sans doute,

nous avons affirmé notre personnalité Strasbourgeoise avec Günther Pétry, trop fortement peut-être…

Mais, en guise de résultat nous voici maintenant lié de manière amicale et solide.

Nous avons mis en œuvre ce projet en nommant nos équipes, nous avons fait appel à M.Pigeat, le grand maître de Chaumont sur Loire, qui a été notre remarquable consultant, nous avons donné une tonalité artistique nouvelle et une densité culturelle inédite à cet événement.

Nous avons tous beaucoup travaillé !

Nous avons voulu, sous ton impulsion que la symbolique soit éclatante, qu’elle soit aussi forte que la belle réalité que nous pouvons admirer dans ces espaces magiques.

Nous n’avons pas voulu d’un simple jardin d’ornement fut-il la perfection horticole,

Nous n’avons pas voulu d’une simple foire aux fleurs fut-elle la plus réussie des kermesses.

Non, nous avons voulu poser un acte historique qui scelle de manière spectaculaire la métamorphose du Rhin.

Ce vaste creuset d’alchimiste au cœur de l’Europe a offert la mutation du passé aux aspérités belliqueuses en un magnifique lien d’avenir; oserais-je dire un hymen dont la fille et le fils se nomment confiance et espoir .

Ce Jardin et cette passerelle sont des actes d’amour qui embrassent et enlacent le Rhin et ses deux immenses personnalités que sont la France et l’Allemagne.

Suis je dès lors fidèle à moi même en citant le général De Gaulle , qui a dit à Strasbourg il y a quarante cinq ans :

« Voilà pourquoi l’Alsace se trouve, une fois de plus dans l’histoire de France, avoir un rôle exemplaire à jouer, car elle est tout juste placée là ou peuvent se trouver, se rencontrer, s’entendre, les deux grands peuples qui vivent de part et d’autre du Rhin. Deux grands peuples auxquels d’autres sont rattachés.

Le Rhin, votre Rhin, je le disais en 1945, je le répète aujourd’hui avec plus de conviction que jamais, le Rhin ne doit plus être un fossé, le Rhin doit être une rue où affluent de part et d’autre les richesses, les produits, les idées, les ardeurs.

Le Rhin doit être un lien, un lien entre tout ce qu’il y a de grand, de fort, de part et d’autres de ses rives »

C’est ce qu’ici nous avons réalisé avec Kehl et le Land Bade Würtenberg